Après-guerre certains de nos compatriotes ont émigré aux Etats-Unis essentiellement pour y trouver du travail et des conditions de vie meilleures que s’ils étaient restés au pays. Nous vous avons déjà présenté John Le Gall, Roger Stéphan, Jean Dagorn, François Guillerme et son épouse née Yvonne Jacq,Charles Burel et son épouse née Jeanne Neuilh .
D’autres ont choisi au Canada. Voici l’histoire de Marcel Bourhis qui est parti vivre au Canada en 1954-55 avec son épouse Denise née Kerlau et ses trois enfants Marc, Gil et Patrick.
Les grands parents aux USA
Gil raconte :« François Bourhis, mon grand-père, est né à Stang-Audren 1898. Il a épousé Marie-Anne Pouliquen le 10 août 1921. Marcel, mon père est né à Carlepont dans l’Oise. François et sa femme Marie-Anne travaillaient tous les deux pour l'ambassade américaine, lui comme chauffeur et elle s'occupait des cuisines. Quand ils sont partis en Amérique, Marcel a été élevé à Scaër par sa grand-mère maternelle. Le couple est revenu en France à la fin de la seconde guerre mondiale. François transportait des diplomates américains vers la Suisse et son épouse supervisait les cuisines de l’ambassade. L’été, le couple venait en vacances à Scaër dans sa maison à Scaër rue Turquet, près du pont de Payaou. Gil et ses frères appréciait de leur rendre visite.
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Les enfants au Canada
Marcel faisait partie des Résistants qui ont libéré la commune en août 1944 : « Marcel a participé ensuite à des missions à Crozon et au siège de la poche de Lorient ».
Marcel épouse Denise Kerlau en.1946; ils ont 21 ans tous les deux. En 1948, on retrouve son nom dans le programme de la mi-Carême de 1948 et 1953 où il est membre du comité des fêtes présidé à l’époque par Fanch Larvor . A cette époque, il débute un commerce de TSF chez son beau-père Eugène Kerlau . Puis, il ouvre son propre magasin de postes de radio-chasse et pêche « Philips » rue Jean Jaurès. La télévision, commençait aussi à cette époque .
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En 1954 Marcel prend le bateau pour le Canada. Denise son épouse passera une année chez sa sœur à Perros Guirec avec les trois enfants avant de le rejoindre. Gil : «En 1955 on a traversé l’atlantique en bateau. Moi et mes frères sommes revenus en Boeing 707 en 1960. Nous sommes restés deux années à Scaër chez nos grands-parents Kerlau».
L'appel du Grand Nord
A son arrivée Marcel a travaillé d’abord une entreprise qui aménageait des restaurants, des salles de spectacle.
Gil ajoute: « Durant notre séjour en France, mon père avait suivi une formation de pilote et obtenu son brevet. Il a acheté un Cessna 180 sur flotteur pour aller à la pêche. Il a pris une licence commerciale et Il a amené ses amis à la pêche dans le Nord de plus en plus loin, jusqu’à Chibougamau. Vers 1970, Il s’est associé avec d’autres personnes pour développer une compagnie d’aviation (Dolbeau Air Service) qui a compté jusqu’au 17appareils.C’étaient des hydravions. En hiver, des skis remplaçaient les flotteurs. Sa compagnie a participé au développement du Grand Nord du Québec à l’époque où l’on construisait le barrage de la Baie James. Il transportait les ingénieurs qui travaillait au barrage, les ouvriers ainsi que les Indiens de la région, les touristes venus chasser ou pêcher».
Marcel a continué à piloter jusqu’à ses 75 ans. Il est décédé en 2011. Pour découvrir sa vie de pilote cliquez sur: XOP 402 MATONIPI . Voici un extrait :
Le chef pilote était mon copain Marcel Bourhis : la cinquantaine à l’époque, moyenne taille, râblé, l’air d'un fonctionnaire, pépère de famille. Marcel avait été pilote en Algérie pendant la guerre. Il était venu au canada ou il avait exercé tous les métiers, de décorateur à restaurateur, pour enfin revenir au pilotage. Il a fait 14000 heures de Beaver dont, une bonne part, avec Figaro, le chef Pilote de Fecteau.Ils étaient les meilleurs de la confrérie. Un pilote de Brousse doit non seulement savoir piloter dans n’importe quelle situation, connaître, et même prédire la météo, mais il doit savoir réparer son avion, bricoler, chasser, pêcher pour survivre dans des conditions extrêmes, Marcel avait tout ça. Sa capacité de décider de décoller suivant la Météo pouvant affecter les conditions de vol était son gros atout. Dans une région de micro climat. Le ciel peut être totalement dégagé au point de départ et le plafond trop bas à 30 milles de là, cela pouvait donner des vifs échanges entre client et pilote. Une fois, les divergences entre client et pilote étant profondes sur la décision de décoller, Marcel de déclarer : "Si vous voulez partir, malgré mes prévisions, on va partir mais si on est bloqué et obligé de descendre sur un lac, prenez-vous en qu’à vous-mêmes ". Fatalement, 15 minutes plus tard, Marcel devait atterrir et poiroter sur le Lac 24h, en dormant dans l’avion avant de pouvoir repartir :"No comments" a dit Marcel La Région était sujette à des ouragans. Une fois, toute la flotte de Fecteau Air Service était attachée à un quai, en Baie James. Il y a eu une brusque tornade et le quai est parti. Bilan: 4 hydravions en perte totale et trois réparables. Le problème pour la compagnie a été pour les avions à réparer car les assurances paient pour la réparation mais pas pour l’immobilisation due aux réparations. Or un Beaver pour être rentable doit faire en été un minimum de 400 heures, et en plus des vols d’hiver avec skis pour atterrir sur les lacs gelés et ce pour ramasser la fourrure de trappe. Une autre fois, on est coincé au Lac Janine, il y a un vent violent et Marcel doit repartir impérativement et la météo s’annonce pire pour le lendemain. Marcel se met en position de décollage près du quai, met le moteur à fond et au signal on lâche la corde qui retient le Beaver, il passe et arrive à destination.
Un beau jour on part avec Paul Émile à la pêche à Nichicun 100milles au Nord. Nichicun, c’est l’enfer des Pilotes, et là où ils sont testés. On ne sait pas si cela est un grand lac avec des Iles ou des pointes de terre clairsemée. Il y a une base météo militaire dans la région. Donc, la pêche s'avère bonne, et au moment de repartir l'un de nous deux, Paul Émile ou moi, fend le flotteur du Beaver. On se voyait coincés là pour plusieurs jours, la radio ne fonctionnant pas. Marcel ne dit pas un mot, nous dit d’embarquer, part, en taxiant, clopin, clopant, le flotteur fendu à moitié dans l’eau. Après 3 ou 4 milles, il beache l'avion sur une plage ou restent les débris d’un camp. On descend Marcel fouille les débris, trouve une paire de bottes, fait un feu, fait fondre le caoutchouc des bottes, fait 2 plaquettes en plywood *et coupe des aulnes. Finalement il place les plaquettes engluées de caoutchouc contre la fente et tenues par les aulnes. Deux heures après il redécolle : on a volé une bonne semaine avec les plaquettes avant de pouvoir faire réparer le flotteur.
-Un beau jour, on doit décoller de la Rivière Temiscamie et Marcel, en montant dans le Beaver d’un canot, accroche la porte du Beaver qui tombe à l’eau, Marcel me dit : "Tais-toi !! "
On part dans la rivière jusqu'à un camp en plywood à moitié détruit. Il découpe à la scie mécanique une porte, ramasse une vieille chambre à air pour faire des pentures*et, un peu plus tard on décolle. Le seul inconvénient est qu'il fallait rentrer dans le Beaver par l'autre porte !!!
Un beau jour de printemps (juin!!) on arrive au Matonipi et on trouve les canots avec les moteurs dans l’eau, sûrement mal remontés à la fermeture. Marcel fait un feu, arrivé à la braise il place les moteurs sur un rack, sans les bougies, et avec une toile au-dessus. Bref Marcel toast les moteurs, nettoie les bougies et, le soir même, les moteurs fonctionnent!! Pour trouver des endroits de pêche Marcel n’avait pas son pareil. Il disait : Prends une carte aux 50 millièmes, choisis un lac de taille moyenne en altitude. Par les courbes de niveau dégote Le lac adéquat, avec des bords escarpés qui annonce une fosse profonde, vérifie les sources d’oxygène, soit charge et décharge par des rivières, ça y est "Il y a de la truite mouchetée». On vérifiait et cela marchait toujours, à tel point que quelque fois on larguait des clients sur le lac ayant les critères requis mais sans vérification préalable. Les endroits pour se retanker (prendre de l'essence) étant extrêmement limités, Marcel avait trouvé une parade : Il avait obtenu un carte de Terres et Forets pour les caches de gaz (essence) La plupart de ces caches étaient abandonnées. Marcel accostait et on voyait tout de suite par la broussaille autour si la cache était utilisée ou non. Il fallait tapoter les fûts pour vérifier le contenu puis avec une pompe à main et une peau de chamois pour filtrer les débris on faisait le plein. Une fois, j’ai pris le Président de L’Oréal Canada en train de voler l’essence du Gouvernement sur notre pression et on en a fait un poster remis officiellement par nous !! Un autre jour, pêche dans le Réserve de la Baie James .Pour ça, il fallait un permis que personne parmi nous ne possédait. Je dis à Marcel qu'on risquait de se faire coincer. Il me répond :"On avisera !"Bref on pêche et planquons les truites au fur et à mesure. Arrive ce qui devait arriver :
Le garde-chasse se pointe avec son hydravion, il nous salue et nous demande nos permis. Marcel lui explique qu'il nous manquait du gaz pour aller à Fort George chercher les permis. Le garde déclare qu'il doit verbaliser et saisir le poisson. Marcel connaissait le type, mais sans plus. Il lui dit :" On a un deal à te proposer : tu prends notre poisson et celui qu’on a caché et que tu ne retrouverais pas, tu nous mets une contravention, mais tu la dates de 2 jours en plus, et nous on repart dans 2 jours, Ça fait y ?" Le garde réfléchit 10 secondes et dit OK donnez-moi le poisson. Il décolle on a fait une pêche superbe mais j’ai oublié des culottes pendues à un arbre pour sécher, mais avec toutes mes clés dans les poches. Just too bad!!* Il fallait aussi pouvoir éviter les problèmes en évaluant les clients. Un jour un américain appelle pour booker un voyage au départ de Chibougamau. Marcel lui demande le poids à prendre par l’avion la capacité du Beaver étant 1200 livres. Le client répond :"Environ 1200 lb " Je ne sais pas pourquoi mais Marcel leur demande ; "Avec les bagages Of course!! " Et le client de dire :"Non c’est notre poids à nous !!" C'était un club de Gros: ils étaient trois, chacun pesant 400lbs ! Il a fallu faire un deuxième voyage et prendre 3 chaloupes pour qu’ils puissent pêcher.
Le chef pilote était mon copain Marcel Bourhis : la cinquantaine à l’époque, moyenne taille, râblé, l’air d'un fonctionnaire, pépère de famille. Marcel avait été pilote en Algérie pendant la guerre. Il était venu au canada ou il avait exercé tous les métiers, de décorateur à restaurateur, pour enfin revenir au pilotage. Il a fait 14000 heures de Beaver dont, une bonne part, avec Figaro, le chef Pilote de Fecteau.Ils étaient les meilleurs de la confrérie. Un pilote de Brousse doit non seulement savoir piloter dans n’importe quelle situation, connaître, et même prédire la météo, mais il doit savoir réparer son avion, bricoler, chasser, pêcher pour survivre dans des conditions extrêmes, Marcel avait tout ça. Sa capacité de décider de décoller suivant la Météo pouvant affecter les conditions de vol était son gros atout. Dans une région de micro climat. Le ciel peut être totalement dégagé au point de départ et le plafond trop bas à 30 milles de là, cela pouvait donner des vifs échanges entre client et pilote. Une fois, les divergences entre client et pilote étant profondes sur la décision de décoller, Marcel de déclarer : "Si vous voulez partir, malgré mes prévisions, on va partir mais si on est bloqué et obligé de descendre sur un lac, prenez-vous en qu’à vous-mêmes ". Fatalement, 15 minutes plus tard, Marcel devait atterrir et poiroter sur le Lac 24h, en dormant dans l’avion avant de pouvoir repartir :"No comments" a dit Marcel La Région était sujette à des ouragans. Une fois, toute la flotte de Fecteau Air Service était attachée à un quai, en Baie James. Il y a eu une brusque tornade et le quai est parti. Bilan: 4 hydravions en perte totale et trois réparables. Le problème pour la compagnie a été pour les avions à réparer car les assurances paient pour la réparation mais pas pour l’immobilisation due aux réparations. Or un Beaver pour être rentable doit faire en été un minimum de 400 heures, et en plus des vols d’hiver avec skis pour atterrir sur les lacs gelés et ce pour ramasser la fourrure de trappe. Une autre fois, on est coincé au Lac Janine, il y a un vent violent et Marcel doit repartir impérativement et la météo s’annonce pire pour le lendemain. Marcel se met en position de décollage près du quai, met le moteur à fond et au signal on lâche la corde qui retient le Beaver, il passe et arrive à destination.
Un beau jour on part avec Paul Émile à la pêche à Nichicun 100milles au Nord. Nichicun, c’est l’enfer des Pilotes, et là où ils sont testés. On ne sait pas si cela est un grand lac avec des Iles ou des pointes de terre clairsemée. Il y a une base météo militaire dans la région. Donc, la pêche s'avère bonne, et au moment de repartir l'un de nous deux, Paul Émile ou moi, fend le flotteur du Beaver. On se voyait coincés là pour plusieurs jours, la radio ne fonctionnant pas. Marcel ne dit pas un mot, nous dit d’embarquer, part, en taxiant, clopin, clopant, le flotteur fendu à moitié dans l’eau. Après 3 ou 4 milles, il beache l'avion sur une plage ou restent les débris d’un camp. On descend Marcel fouille les débris, trouve une paire de bottes, fait un feu, fait fondre le caoutchouc des bottes, fait 2 plaquettes en plywood *et coupe des aulnes. Finalement il place les plaquettes engluées de caoutchouc contre la fente et tenues par les aulnes. Deux heures après il redécolle : on a volé une bonne semaine avec les plaquettes avant de pouvoir faire réparer le flotteur.
-Un beau jour, on doit décoller de la Rivière Temiscamie et Marcel, en montant dans le Beaver d’un canot, accroche la porte du Beaver qui tombe à l’eau, Marcel me dit : "Tais-toi !! "
On part dans la rivière jusqu'à un camp en plywood à moitié détruit. Il découpe à la scie mécanique une porte, ramasse une vieille chambre à air pour faire des pentures*et, un peu plus tard on décolle. Le seul inconvénient est qu'il fallait rentrer dans le Beaver par l'autre porte !!!
Un beau jour de printemps (juin!!) on arrive au Matonipi et on trouve les canots avec les moteurs dans l’eau, sûrement mal remontés à la fermeture. Marcel fait un feu, arrivé à la braise il place les moteurs sur un rack, sans les bougies, et avec une toile au-dessus. Bref Marcel toast les moteurs, nettoie les bougies et, le soir même, les moteurs fonctionnent!! Pour trouver des endroits de pêche Marcel n’avait pas son pareil. Il disait : Prends une carte aux 50 millièmes, choisis un lac de taille moyenne en altitude. Par les courbes de niveau dégote Le lac adéquat, avec des bords escarpés qui annonce une fosse profonde, vérifie les sources d’oxygène, soit charge et décharge par des rivières, ça y est "Il y a de la truite mouchetée». On vérifiait et cela marchait toujours, à tel point que quelque fois on larguait des clients sur le lac ayant les critères requis mais sans vérification préalable. Les endroits pour se retanker (prendre de l'essence) étant extrêmement limités, Marcel avait trouvé une parade : Il avait obtenu un carte de Terres et Forets pour les caches de gaz (essence) La plupart de ces caches étaient abandonnées. Marcel accostait et on voyait tout de suite par la broussaille autour si la cache était utilisée ou non. Il fallait tapoter les fûts pour vérifier le contenu puis avec une pompe à main et une peau de chamois pour filtrer les débris on faisait le plein. Une fois, j’ai pris le Président de L’Oréal Canada en train de voler l’essence du Gouvernement sur notre pression et on en a fait un poster remis officiellement par nous !! Un autre jour, pêche dans le Réserve de la Baie James .Pour ça, il fallait un permis que personne parmi nous ne possédait. Je dis à Marcel qu'on risquait de se faire coincer. Il me répond :"On avisera !"Bref on pêche et planquons les truites au fur et à mesure. Arrive ce qui devait arriver :
Le garde-chasse se pointe avec son hydravion, il nous salue et nous demande nos permis. Marcel lui explique qu'il nous manquait du gaz pour aller à Fort George chercher les permis. Le garde déclare qu'il doit verbaliser et saisir le poisson. Marcel connaissait le type, mais sans plus. Il lui dit :" On a un deal à te proposer : tu prends notre poisson et celui qu’on a caché et que tu ne retrouverais pas, tu nous mets une contravention, mais tu la dates de 2 jours en plus, et nous on repart dans 2 jours, Ça fait y ?" Le garde réfléchit 10 secondes et dit OK donnez-moi le poisson. Il décolle on a fait une pêche superbe mais j’ai oublié des culottes pendues à un arbre pour sécher, mais avec toutes mes clés dans les poches. Just too bad!!* Il fallait aussi pouvoir éviter les problèmes en évaluant les clients. Un jour un américain appelle pour booker un voyage au départ de Chibougamau. Marcel lui demande le poids à prendre par l’avion la capacité du Beaver étant 1200 livres. Le client répond :"Environ 1200 lb " Je ne sais pas pourquoi mais Marcel leur demande ; "Avec les bagages Of course!! " Et le client de dire :"Non c’est notre poids à nous !!" C'était un club de Gros: ils étaient trois, chacun pesant 400lbs ! Il a fallu faire un deuxième voyage et prendre 3 chaloupes pour qu’ils puissent pêcher.
Marcel a exploité une compagnie aérienne desservant le Grand Nord
Son épouse Denise a obtenu immédiatement un poste dans les écoles primaires catholique de Montréal puis a enseigné dans le secondaire : « Elle a enseigné le français puis la géographie. Puis elle a étudié la photographie à l’université de Montréal afin d’enseigner cette matière dans les classes juste avant l’université, après la 12e année d’études. Elle a vécu une retraite heureuse jusqu’à son décès en 2000 ».
Militant du Québec libre.
Gil poursuit « Quand mes parents ont émigré, les patrons étaient anglais et les ouvriers français. Le Québec s’est réveillé quand il y a eu l’exposition universelle à Montréal en 1967. De Gaulle y est venu et a prononcé son discours qui a bouleversé le Québec: « Vive le Québec Libre » . C’est devenu évident pour les Québécois qu’il fallait faire un pays avec ce qui était une province. Aujourd’hui, on ne peut pas dire que cette cause soit gagnée bien qu’on ait essayé à plusieurs reprises. Mes parents comme beaucoup de français ont adhéré au nouveau Parti Québécois en 1967. Mais en 1970, le Front de Libération du Québec, a posé quelques bombes dans les boîtes aux lettres. Pierre-Elliot Trudeau a imposé un couvre-feu et envoyé l’armée au Québec. Les membres du mouvement intellectuel militant pour le Québec ont été fiché, mis en prison. La maison de mes parents a été perquisitionné de fond en comble. Le parti québécois a gagné les élections en 1976. Il y a un referendum pour ou contre l’Indépendance en 1980 puis un autre dans les années 90. La majorité des francophones sont séparatistes. Mes parents ont émigré au Canada mais, dans leur tête, sont morts au Québec ».
Les petits-enfants Bourhis ont fait souche au Canada.
Gil a fait des études de mécanique aéronautique. « J’ai commencé par construire des deltaplanes en 1975. Puis mon entreprise a développé une activité de voilerie pour deltaplanes les bateaux, les planches à voiles. Elle avait pour nom " Air Terre-mer ". Son logo est un triskell Je l’ai revendu mais elle fonctionne toujours ». Patrick a suivi une formation de mécanicien aéronautique : Il a travaillé longtemps pour mon père comme « dispatcher » pour gérer les vols des avions. « Il s’occupait aussi de l’important syndicat des métallos ». Marc s’est orienté vers la mécanique moto : « Il a travaillé ensuite dans le Grand Nord, chez les Inuits, dans ce qu’on appelle le Nouveau Québec pour accueillir les touristes pêcheurs.
Suite de la saga familiale
D’autres membres de cette famille ont choisi également de vivre outre Atlantique.
-La sœur de Marie-Anne Bourhis, Mme Kervran, demeurait aussi Rue Turquet. Elle a eu deux garçons André et Raymond. André, qui était le cousin germain de Marcel, avait émigré également au Canada près de Montréal » Il est d’abord arrivé seul chez mes parents puis son épouse Monique et leurs deux filles les ont rejoints six mois plus tard. Une 3e fille est née au Québec. Monique a aujourd’hui 85 ans.
- En 1970, Thierry Kéruzoré, le cousin de Gil par sa mère Denise, est venu faire un tour au Québec :« Il était chef cuisinier. Il est resté au Québec durant deux années avant de revenir en Bretagne. Il n’aimait les hivers rudes du Canada. Puis il est revenu vivre sur l’ile de Vancouver, sur la côte Ouest du Canada, dont le climat rappelle celui de Bretagne. Curieusement, il travaille dans la même branche que ses grands-parents Kerlau. Il réalise des toitures en tôle ».
-Marie-Louise Kerlau ( Mme Kéruzoré) , la tante de Gil, écrivait des poèmes .