" J'écris par distraction des poèmes et nouvelles surtout sur Scaër où mes souvenirs d'enfance sont encore dans ma mémoire". Mme Marie-Louise Keruzoré, née Kerlau, qui tenait un magasin de prêt-à-porter à Perros-Guirec, fut lauréate en 1975 d'un concours organisé par la société des poètes et artistes français dont le but est "de rassembler les poètes et les artistes de France et des pays francophones dans un esprit d’ouverture et de fraternité, pour les aider et les encourager à perfectionner leurs talents par des actions bénévoles proposées aux adhérents".
Nous avons retrouvé, dans le fonds d'archives de l'association pour la mise en valeur du patrimoine scaërois, le poème primé afin de le partager. Les cloches de l'église marquaient autrefois les temps forts de la vie, les fêtes locales, les fêtes religieuses..
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La quincaillerie des parents de Marie-Louise se trouvait en face de l'église: elle était donc bien placée pour saisir toute la poésie des multiples carillons. Voici ce texte tel qu'il était dactylographié en 1975
Carillons
Je savais une église de paysans heureux,
C'était en Armorique,et c'était mon village.
J'ai aimé ces gens-là,lents,doux ou bourrus,
Ils savaient le Bonheur,
Ils m'apprenaient à vivre.
Deux lourdes cloches réglaient
Leur douceur d'existence.
Elles balançaient leurs dons,
Très tôt, au jour de Pâques,
Descendues par miracle du clocher bon enfant,
Elles inondaient de sucre la marmaille
De la place.
Elles sonnaient le baptême aux pièces
De monnaie,
Aux dragées bleues et roses jetées à la volée:
Un petit était né,et le village en Fête,
Exhalait sa joie tout au long des ruelles.
Carillon de mariage:
Cortège qui s'étirait pour la fête d'une fille.
Carillon de grand-messe,
Rassemblement pour coiffes et pour chapeaux—velours!
Puis,carillon de vêpres
Pour quelques attardés
Deux cordes, dans la voûte, se prêtaient
Aux assauts
Des hommes déchainés par le rythme de
Fête!
Ils s'y pendaient,
Montaient dans l'ogive de la nef,
Ivres,
Exubérants,
Fous,
Redescendaient,invités par Dieu
A hurler leur Bonheur!!
Il était un son sourd,pesant,
Aux soirs de glas....
Mais, le prêtre chantait
En litanies, d'espoir
La foi d'un pays et sa raison de vivre.
Le prochain carillon,
Celui de l'Angélus,
Se fera cristallin
Pour envolée de nonnes!
Je savais une église
De bonnes gens heureux,
C'était en Armorique,
Et,c'était mon Village!