L’amicale Brizeux


Après la seconde guerre mondiale, la  Mi-Carême fut relancée par un comité des fêtes présidé par Fañch Larvor ( sans tilde  sur le programme de 1948) . Ce « maître-bottier » exerçait sa profession dans une boutique rue Brizeux à l’angle de la rue Corentin Guillou( Pors-Carnig). Robert Toupin, Louis Navellou, Henré Digaire, Jos Guernic, M.Massé, Yves Boëdec, Marcel Bourhis, André Le Fur, Jean Galant et René Belléguic animaient aussi ce comité des fêtes qui devint  en  1953 «  L’Amicale Brizeux » .

Le comité des Fêtes organisateur de la Mi-Carême ( 1952? )


Les membres du comité directeur de l'amicale Brizeux en 1953

Sports et Éducation populaire

Cette association d’éducation populaire a été déclarée à la préfecture le 20 juin 1953. Elle avait pour Objet :
- Les sports : sports athlétiques bretons, hippisme, tennis de table.
- L’éducation populaire : théâtre, cinéma éducateur, groupe folklorique.
En tant que comité des fêtes, elle se chargea aussi de l’organisation de la Mi-Carême, ancêtre de la Cavalcade.


L'amicale Brizeux. Accroupis: Fanch Larvor, Jean Le Madec,André Le Fur,Marcel Bourhis,Jean Bolloré.Debout:Francis Ollivier, Lili Navellou, Henri Nicolas, Jean Pensec, Basile Perrien et Jean Guernic( Source: Le canton de Scaër.C.Maguer)



Marcel Riolon succéda à Fañch Larvor en 1955. Voici le texte du discours qu’il prononça en 1958 lors de l’inauguration de la plaque bilingue apposée sur la façade de l’hôtel-restaurant Brizeux à l’occasion du centenaire de la mort du poète Auguste Brizeux ( 1803-1858).

"Messieurs les Conseillers Généraux messieurs les aires, monsieur le Curé-Doyen Monsieur le Délégué au Tourisme, messieurs les Présidents, Mesdames, mesdemoiselles, messieurs,
En cette année du Centenaire de la mort d'Auguste Brizeux notre Comité des Fêtes qui se réclame du nom du grand poète breton se devait de 1s célébrer à Scaër.
Bien entendu Brizeux est né à Lorient, son enfance se passa en grande partie à Arzano auprès de l'Abbé Le Nir. Mais c’est à Scaër que pendant les dernières années de son existence il ve¬nait passer les mois d'été et d'automne.
Il descendit d'abord à l'auberge tenue par les Rodallec à l'emplacement de l'actuel hôtel Brizeux. Je salue ici la présence du Docteur Rodallec directeur départemental de la Santé et arrière-petit-fils de l'aubergiste. La pension n'était pas trop chère, un sou par jour, mais sa chambre était plutôt un dortoir. II y avait quatre lits où couchaient marchands, colporteurs et routiers. Pendant le Jour, ces voyageurs allaient à leurs affaires, laissant le poète à ses vers.
Plus tard il prit une chambre dans la maison d'une dame Debureau. Cette maison sur laquelle en 1903 une plaque fut apposée "Ici vécut Brizeux".

Marcel Riolon (2006)

En haut la plaque fixée sur le maison Debureau( place de l'église) en 1903 . En bas , la plaque bilingue dont il est question dans le discours de l'amicale Brizeux en 1958


Le poète modelait sa vie sur celle de ses amis.Il prenait souvent le repas de midi dans quelque ferme, s'asseyant à la table commune, mangeant les crêpes de blé noir et le lard salé, buvant le cidre et le lait. Le soir, il dinait chez Rodallec, appréciant la bonne cuisine et les friandises de la brave Annaîk.
Après le repas commençait la veillée. Assis auprès du feu dans ce fauteuil rustique qui a été conservé, Brizeux contait des histoires à la gloire de la Bretagne, tout en fumant sa petite pipe de terre. L'instituteur, Jean Le Bec, le gendarme Bleiz, le vieux facteur boiteux Jakez, le vieux colporteur Jean, le cloutier le tisserand, tous les Rodallec, les femmes et les jeunes filles des maisons voisines étaient les habitués de ces veillées de l'auberge.
Rentré dans sa chambre de la place de l’église, Brizeux écrivait ou rêvait à la fenêtre. Les insomnies du poète, les jeunes filles du bourg, curieuses, les connaissaient bien ; elles le surveillaient de leurs fenêtres et et causaient entre elles le lendemain.

 

L'amicale Brizeux organisait aussi des courses hippiques. L'hippodrome était à Miné-Rulan entre le centre commercial et la route de la déchèterie


Pour financer la Mi-Carême, l'amicale Brizeux organisait un bal de l'élection de la Reine et de ses demoiselles d'honneur.Sur cette photo : Annick Bernard Guillemot , Évelyne Péron (?)  , Lucienne Fitament .Ces dernières clôturaient le défilé de la Mi-Carême

Ces séjours à Scaër ont profondément marqué Brizeux et sont à l'origine des publications suivantes :
Les Ternaires, puis Telen Arvor, la Harpe d’Armorique, enfin sa grande œuvre : les Bretons, épopée populaire où les laboureurs, les vanneurs, les pêcheurs, le maçon, le jardinier sont les véritables héros de ses poèmes.
Brizeux connut à Scaër les joies profondes de l'amitié. 11 aima ses amis et fut aimé d'eux. Sur cette année du centenaire de sa mort survenue loin de sa Bretagne, à Montpellier nous nous devions de marquer d'une plaque l'emplacement de l'auberge qui l'accueillit maintes fois.
Bien entendu on ne lit plus guère les poèmes de Brizeux, le romantisme du poète nous semble bien lointain, mais nous devions avoir ce geste car Brizeux fut l'un de ceux qui permit au grand public Français de découvrir et d'aimer la Bretagne. En effet, si depuis 100 ans le Mouvement Touristique s'est décidé en Bretagne, nous le devons en grande partie à Auguste Brizeux. Et cela valait bien une plaque gravée dans les deux langues du poète ; le breton et le français. Et en terminant au nom de l'Amicale Brizeux, au nom des Scaërois »
Nous remercions le Comité Finistérien du centenaire D'Auguste Brizeux, le Conseil Général du Finistère et le Comité départemental du Tourisme pour l'aide qu’ils nous ont apporté pour cette manifestation du souvenir."

Ce texte fut vraisemblablement inspiré par l'opuscule de Louis Tiercelin ( Brizeux à Scaër) paru en 1896. Brizeux a vécu place de l'église lors de ses premiers séjours en 1832 avant de prendre pension à l'auberge Rodallec et non l'inverse ( Source: journal de Brizeux). 

L'amicale Brizeux organisait aussi une tombola pour financer la Mi-Carême. Prix du billet: 100 anciens francs soit 0,15 euros !


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