11 septembre : des Scaérois de Manhattan se souviennent

François et Yvonne Guillerme, un couple de Scaérois octogénaires a vécu depuis plusieurs décennies dans un petit immeuble d’une dizaine d’étages (sans ascenseur) sur l’île de Manhattan entre l’Hudson River et la forêt de gratte-ciel au sud de Central-Park. François a travaillé 38 ans dans les restaurants et Yvonne 33 ans dans une pâtisserie. Tous les étés, ils revenaient à Scaër pour fuir la chaleur new-yorkaise. Ils étaient en Bretagne le 11 septembre 2001 et sont retournés aux États-Unis à la mi-octobre. Voici leur témoignage .

« Quand on prend le métro, il nous faut un quart d’heure pour rejoindre le bas de Manhattan où s’élevaient le Word Trade Center à 8 km. Quand on était jeune, on y allait à pied. Nous sommes montés au sommet une fois avec le locataire de notre ferme scaëroise et une autre fois avec notre nièce. L’ascenseur montait vite mais il fallait attendre parfois quand il y avait tellement de monde de ces immeubles de bureaux».

C’est en regardant la télévision à Scaër qu’ils ont vu le second avion s’engouffrer dans la tour : « Notre belle-sœur était là-bas ; elle nous a rapporté que pendant deux semaines il y avait une odeur forte avec tout ce qui avait brûlé. Arrivés chez nous, cela sentait encore. Quand cela a été démoli, il y avait tellement de monde qui ont voulu aller voir. Il fallait faire la queue, on ne laissait les gens pas approcher... Près de chez nous, il y a une caserne de pompiers : un mémorial a été fait pour rappeler la mémoire de ceux qui sont morts. À la vieille cathédrale, il y a une poutre noircie et tordue qui rappelle aussi le 11 septembre ».

Au moins deux relations de François et Yvonne sont décédés lors de cet attentat : « Une jeune femme dont les parents étaient de Gourin : elle était manager dans une grande compagnie et allait au travail avant 9 h du matin. Un jeune homme qui travaillait pour une compagnie de Bourse ...

Magnets et Badges 







Pour les Américains, c’était un désastre. Par patriotisme, les gens accrochaient des drapeaux aux fenêtres, à leur voiture ». On vendait aussi des magnets comme celui qu’Yvonne a sur sa hotte de cuisine à Scaër, ou des badges avec les Twin towers où c’est écrit : « Disparues mais pas oubliées pays de la Liberté, terre des braves ».

Les mesures de sécurité sont devenues évidemment plus sévères : « Cela a duré un moment surtout dans les gares car on avait peur que les terroristes reviennent ». La vie a changé : la Bourse a beaucoup baissé et les prix ont commencé à grimper ».

François et Yvonne ont suivi aussi la reconstruction de la zone sinistrée : « Pendant longtemps, il y a eu cette fumée...Un immeuble de la banque Barclays a dû être démoli car trop pollué. Les gens ont quitté le quartier sud de Manhattan : les loyers ont baissé. Pendant plusieurs années, on pouvait acheter des appartements bon marché. Durant un bon moment, il y a eu beaucoup de discussions entre les familles de victimes, pour savoir comment faire pour le lieu de souvenir. Cela a traîné longtemps... ». Dans leur cuisine scaéroise, Yvonne feuillette une revue présentant le nouveau visage de Ground Zero et sa tour de la Liberté : « Elle aura moins d’étages que le Word Trade Center».

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