Scaër La Romaine

De nombreux indices attestent de la présence des Romains dans la commune : des fragments de tuiles ont été trouvés à La Boissière, Crénorien, au bourg au nord de l'église, à Coadigou. Il y avait vraisemblablement des camps retranchés à Kérandréau, Coat-Courant. Un Solidus à l'effigie de l'empereur Honorius (393-423), frappé à Ravenne, a été retrouvé à Scaër en 1866, dans le quartier de Coadigou vraisemblablement. Des fragments de tegulae (tuiles à rebord) et de poteries ont été ramassés dans la commune, et plus particulièrement le long des voies qui en traversent le territoire. La découverte de pilettes d'hypocauste (système de chauffage par le sol) pourrait accréditer la thèse de l'implantation d'une riche villa, avec thermes privés ou celle de l'utilisation de thermes publics.
Un vestige de la voie romaine Carhaix-La Porte Neuve entre Stang Kéredec et Kervéguen.

 Des huîtres comme à Carhaix

  La voie romaine Carhaix-Riec entrait dans le bourg près du cimetière. Les entrées des cités gallo-romaines étant pavées: un jardin dénommé « liors pen ar pavé » est noté sur l'ancien cadastre à proximité de la rue des Haras. Cette voie romaine ressortait du bourg par la rue Turquet : au sud de la voie verte actuelle, le vieux cadastre désigne deux « liors ar pavéou », les jardins des pavés. 
Au carrefour de la rue Pourhiet, elle croisait la voie romaine Quimper-Elliant-Scaër. Un habitant du quartier de Payaou se souvient aussi que dans les années 1980, lors de la construction d'une maison à proximité d'un de ces jardins, une importante quantité de coquilles d'huîtres « engluées dans une terre grise » avait été mise à jour. À l'époque, cela avait intrigué. Mais personne n'avait fait le lien avec la présence possible d'un dépotoir coquillier, indice, comme à Carhaix, d'une implantation gallo-romaine. « Les Romains étaient très friands des huîtres... Il y avait peut-être une auberge à ce carrefour », souligne Florence Delneufcourt.
 

Parc ar hastellou

 Au Nord de l'agglomération,  le nom de « Hastellou »  revient à sept reprises sur le cadastre napoléonien  pour désigner des champs contigus entre la cité des Castors et la route de Coat-Scaër  (orthographe normalisée actuelle :C'hastellou). Ce terme pluriel breton dérivé du latin « Castellum », ou château, désigne souvent un castrum, un camp gallo-romain. Parmi ces parcelles, l'une a une forme quasi circulaire et une habitante du quartier, dont la propriété appartient à la famille, la dénomme « Parc C'hastallou » .

N° 595: peut-être un ancien castrum gallo-romain (Vue Géoportail). Il surplombe la parcelle 589 de deux mètres. Il aurait pu être alimenté en eau par la fontaine du lapin qui se trouvait à gauche, à l'angle des parcelles 592 et 593. 

  

Voici un extrait du cadastre napoléonien, 1818, correspondant au N° du plan

De nombreux champs font référence au " Hastellou



 " Prat ar Castellou" ( N° 588 sur le plan) était aussi répertorié dans les papiers terriers ( Déclaration et dénombrement-1678) 

"Une prée nommée prat ar Castellou donnant a loriant sur terres autrefois au bourigan ( Bourriquen) de CoatScaer, et du couchant sur le chemin dudict Coatcourant à querguigin ( Kervéguen), la dite pré raportant par  communes années deux charretées de foin". Le chemin en question étant l'actuelle  rue de Kervéguen dans sa partie proche de la route de Coat-Scaër.
  

Le Dr Piquenard ( L'occupation romaine dans le bassin de l'Odet, 1906) notait que la voie romaine de Carhaix à la Porte Neuve (Riec) passait "près du village de Coat-Courant sur les terres duquel se trouve le castrum de Park-Ar-C'hastellou". L'actuelle Rue de Kervéguen, dans sa partie haute, reliait ce castrum à la voie romaine.

Ar C'hastellou : un camp  gallo romain entre Kervéguen et Coat-Courant
 

« Autrefois, Il y avait un chemin ou un grand fossé large de 2 mètres et plus bas que le champ. Si c'était un chemin, il ne menait nulle part: Il partait du bas du champ mais n'arrivait pas jusqu'à l'actuelle route de Kervéguen. Les vaches s'y abritaient quand le temps était mauvais Quand on labourait, on y trouvait des morceaux de vaisselle » témoigne une habitante du quartier de Kervéguen . Ce chemin ou fossé était encore visible sur les photos aériennes de 1952 du site GéoBretagne.  C'était peut-être un vestige du système défensif du castrum? Ce fossé-chemin a été comblé  par de la terre issue des fondations d'une maison de la Rue Lavoisier A noter que Parc C'hastallou  surplombe toujours le champ au sud de deux mètres. C'est un site de défense idéal car ce champ domine le quartier de Toyal et avait une vue dégagée sur l'ancienne  voie romaine ( rues Louis d'or et Le Bomin). De gros blocs de pierre sont incrustés dans le sous-sol pour maintenir la terre. Il est possible que la " vaisselle" de ce témoignage soient des poteries, des bols du Moyen-âge ou de l'époque gallo-romaine. On peut aussi trouver dans ce champ des tessons de briques ou de tuiles. La présence d'un grattoir en silex signifierait que le site a eu une occupation dès la préhistoire.

Dans l'ovale à gauche : le fossé-chemin sur une photo de 1952 . X : deux mètres de dénivellation entre les deux champs.


 En haut :tuile noircie, tuile avec rebord. En bas : sigillés Moyen-âge ou gallo-romaine; grattoir en silex


Vraisemblablement une brique ou tuile gallo-romaine  trouvée dans Parc Ar C'hastellou



ardoise ou schiste ardoisier remontés du sous-sol par les labours. Peut-être des éléments d'une construction ancienne ? On trouve aussi des pierres en granit qui proviennent d'ailleurs


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La Cité Scaëroise : le début de l’extension du bourg


1950... Le bourg de Scaër s'arrête à Toyal, Pontigou, Stang Audren. Aujourd’hui, des ramifications s'étendent le long des routes menant à l’agglomération : Pont Lédan, Mine Groas Né, Coat Courant, Kerveguen , avec un comblement progressif des espaces entre ces axes. De forme groupée au milieu du 20e siècle, elle adopte aujourd'hui un plan en étoile. Cette extension prit naissance sous une forme particulière avec la cité scaëroise, plus connue sous le nom de cité des Castors.

Carte postale Cim de la cité juste après sa réalisation
Vue Geoportail . A : le castrum gallo-romain

Un plan en épi


L'idée prit naissance en 1953. Louis et Pierre Istin, François-Louis Boédec, Jean Lamothe, furent à l'origine de la société immobilière des Castors, dont l'objectif était de permettre l'accession à la propriété de familles aux revenus modestes ou moyens. C'était quelque chose d'important à l'époque où les ouvriers et les employés pouvaient plus difficilement devenir propriétaires.


 Le principe : participer aux travaux et acheter en commun les matériaux au meilleur prix. A 1, 5 km du bourg, afin d'y ériger 42 maisons, du F3 au F5, les « Castors » acquirent deux champs de la ferme de Marianne Toupin de Kervéguen, auxquels on accédait à cette époque par la partie non construite de la rue de Balzac. L’un d’eux s’appelait « Ar Hastellou Bihan », Hastellou faisant référence à un possible castrum gallo-romain à proximité. Ils étaient exposés au sud-est et en partie occupés par de la lande. Les 42 lots avaient une superficie allant de 500 à 1800 mètres carrés environ.
 M. Madec, ingénieur des Ponts-et-Chaussées, réalisa les plans communs à l'ensemble de la cité., les frères Istin assuraient la coordination de l'ensemble.
La cité prit la forme d'un épi, avec un axe central, la rue de Verdun, et de part et d'autre, les rues Pierre Loti, et Honoré.de Balzac et Jules Romains.  En réalité, la cité compte 44 maisons, deux habitations de plan différent étant postérieures aux premières constructions.




L'extraction des pierres , route de Cascadec

Habitat participatif


Les travaux débutèrent en 1954 et durèrent 2 ans. Chaque week-end, les accédants à la propriété commencèrent par extraire eux-mêmes les pierres des carrières, dont on voit encore le front de taille, route de Cascadec. Les Castors ont extrait également du sable des carrières de Keriou, en Guiscriff.
Des maçons « des Montagnes Noires » furent recrutés pour construire ces maisons, avec la collaboration des futurs propriétaires. En semaine, ces maçons dormaient dans les caves des maisons. À l'angle des actuelles rues Loti et de Verdun, une cabane de chantier abritait matériaux et outils, ainsi que des bacs pour traiter le bois.
Chaque futur propriétaire devait fournir un certain nombre d'heures de travail par mois et aidait aussi en fonction de ses compétences : un charpentier de métier et futur résident s'occupa de la pose des charpentes de maisons voisines.
Par la suite, différents couvreurs, électriciens, plâtriers, menuisiers intervinrent sur le chantier, ce qui explique que, malgré un aspect extérieur semblable, toutes les maisons ne sont pas identiques. Bien sûr, les Castors firent beaucoup par eux-mêmes pour la finition : pose de carrelages, peintures, tapisseries par la suite.

Les commandes en gros de portes, de fenêtres, d'éléments de salle de bain, contribuèrent à faire baisser le prix de revient. Ce mode de construction participatif permit à des familles modestes de disposer de logements confortables pour l'époque, à un prix modique : trois à quatre millions de Francs, ce qui correspondrait à construire aujourd'hui pour 64.000 € à 86.000 €.
 Les premiers occupants furent les frères Baudet en 1955. La dernière maison, celle de François et Sidonie, fut terminée en 1956, à l'emplacement du dépôt de souches issues de la démolition des talus. La cité fut bénie par deux fois en 1958 et 1959 par M. Labbat, vicaire, puis par Mgr Favé. La baraque du chantier a cédé la place à un petit square à l’angle des rues de Verdun et Loti. La cité, dotée d'abord de fosses septiques, a été raccordée ensuite au réseau d'assainissement.

Rue Pierre Loti, la construction de deux maisons mitoyennes
Les frères Baudet occuperont leurs maisons mitoyennes dès 1955

Un plan d'époque avec les noms des premiers propriétaires

 La banlieue nord de Scaër


 Sociologiquement la plupart des Castors appartenaient au monde ouvrier, ouvrier d'usine ou ouvrier chez un artisan. Ils avaient 30 ans et plus à l'époque. Durant les années 80, les rues des Castors résonnèrent des galopades des nombreux enfants qui ont aujourd'hui grandi. Quelques maisons sont occupées par les enfants des « Castors », mais la majorité ont été revendues une ou plusieurs fois: la première fut celle de la famille Duduit rachetée par M.Mme Marcel Quiniou

 La cité des Castors apparaissait au début des années 60 comme un îlot parmi les champs. Peu à peu, les maisons ont grignoté les parcelles agricoles au nord du bourg avec les lotissements de Parcou-C’hoat , de la rue Le Bomin, de Kervéguen. Route de Châteauneuf, la limite de l’agglomération est au-delà de la cité vers Kéredec mais ne devrait plus progresser sur cet axe.

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Motte et tumulus

 Le bulletin de la société académique de Brest ( 1878) consacre plusieurs pages à des notes archéologiques rédigées par M. Flagelle, qui reprennent certaines observations de M. Ogée, géographe du 18e siècle.
Cet article énumère les mottes et tumulus de la commune et précise leur emplacement sur le cadastre napoléonien.

Le nord du bourg est riche en mottes et tumulus, témoignant d'une occupation humaine de longue date
 De gauche à droite, Kérandréau,Leign Veon, Loge de la Motte, Coat-Scaër-Vraz, Kerzéré
En haut à droite, l'enceinte retranchée gallo-romaine de Parc Ar C'hastellou

Parc Ar Vouden

 Une "motte",  Mouden en breton est  d'une butte de terre sur laquelle est construit une tour ou petit château, en général en bois.
 - Motte ovale, entourée de fossés à Trévalot, non loin de la fontaine de Coadrix.

 - Motte à Kerzéré, dans Parc-ar-vouden, section E, n° 720.-218/219
 - Leign-ar-Véon, dans Parc-.ar-Vouden, section M,n° 720. 

 

Le fossé de la motte de Trévalot


La motte de Leign Véon


Sur le cadastre napoléonien

 

-  Motte à Coat-Scaer~Bras,section E, n°134. –
- Motte à la loge de La Motte, transformée en courtil nommé Liors-ar- Vouden, section E,n° 118.


Loge de la Motte un peu plus haut que...


...Coat-Scaër-Vian

 

 - Mottes à. Keriquel et à Gosquer-Bian. ( Coat- Scaër Vihan ?)



- Motte avec double enceinte a 120 mètres au nord de la borne n° 28, sur le chemin de grande communication de Scaer  à Coadrix, dans Parc-ar-Vouden, section M-N° 699.
-Motte au village de La Motte.

 

La motte de Keriquel. L'ombre marque la dénivellation de la butte


Les tumulus

  - Deux tumulus au sud de Kerandreo, de chaque côté de la vieille voie allant à Chateauneuf, vis-à-vis l'un de l'autre; un de 3 mètres de diamètre et d'un mètre de hauteur, dans Parc-Kerdrénou-Bras, de Kerandréo, section D, N° 687; l’autre de 40métres de diamètre et 2 mètres de hauteur dans Ar-Souliger-Mar, de Leign-ar-Veon, section M, N° 623.

Les tumulus de Kerandreau



Sur le cadastre  de 1828

- Tumulus indiqué au milieu de la forêt de Coat-Loc’h, dans une clairière.
- Vers 1839, M. Le Dez, propriétaire de Parc-Lostic, situé à 400 mètres ouest du bourg, fit démolir un tumulus qui se trouvait à l'angle N.-E, de ce champ.

 

 Cette étude fait aussi état de deux enceintes retranchées .

 -Enceinte retranchée appelée Parc-ar-C’hastellou, au village de Coat Courant.

- Enceinte non fermée avec retranchements à Kerandréo, section M, 11° 563. 


L'enceinte retranchée est visible du ciel


Repérage sur le cadastre

Il y est encore question des ruines du vieux château de Coat-Loc'h.

Sources : BNF, Archives départementales.Flagelle 1876. Photos Google earth et Bretagne 1950

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Le toponyme SCAËR

L'orthographe actuelle de Scaër ne date que du 17e siècle. Avant cette graphie, notre commune s'est appelée successivement:

- SCATHR selon la charte 22 du cartulaire de Landévennec rédigé vers l'an 1047. Ce cartulaire n'étant qu'une compilation des chartes existantes à l'époque, il est possible que le texte original concernant SCAER ait été rédigé au 9e siècle.

-SCAZRE selon deux textes du cartulaire de Quimper faisant état de donations faites, l'une par Périou, fils du Comte de Cornouaille Bénédic, et l'autre, sous l'épiscopat d'Oscand, évêque de Quimper de 1022 environ, jusqu'à sa mort survenue le 13 octobre 1064; la première charte concernait la donation d'une terre nom¬mée PENBIS IN SCAZRE et la seconde appelée BO HOCOOC. La première donation serait à placer aux alentour de 1020 et la seconde entre 1022 et 1064.

- SCAHART en 1182 dans l'énumération des biens des Templiers, dont la commanderie se trouvait à Quimper. SCAEZRE et SCADR le 17 juillet 1220 dans l'acte 34 du cartulaire où l'évêque de Quimper Rainaud donne à son chapitre les possessions de SCAER.

- SCAZRE dans l'acte 109, le 5 juin 1270, lorsque le chanoine Jacobi FISICI représente le Vicariat de SCAER lors d'une réunion du chapitre à Quimper(FISICI serait une traduction latine du mot Louzaouer, Médecin herboriste ?). On retrouve dans ce même cartulaire ces orthographes dans les actes 110, 134 des 23 Mai 1271 et 8 Mai 1285. Dans le 1er le chanoine Pierre de Rome se désiste de ses prétentions sur les terres de SCAER, dans le second, il s'agit d'un inventaire de biens appartenant au chapitre où il est fait mention d'un lieu¬dit " Sancti Mathei de SCAZRE".

-SCADRE et enfin SCAËR en 1636 dans "l'itinéraire de Bretagne" effectué par Dubuisson Aubenay, et dans les papiers de la châtellenie de Kervégant. Le terme breton " SKAER", sans tréma, est encore plus récent et associé au nouvel alphabet breton.

Une  "Vieille Source", la source  Sainte Candide, à gauche du lavoir actuel pourrait être à l'origine du toponyme Scaër

Hypothèses à confirmer

L'origine du nom reste à ce jour inconnue, mais le vieux nom de SCATHR, révélé par le cartulaire de Landévennec au 11è siècle permet de soulever une hypothèse étymologique liée à l'emplacement géographique du Bourg à l'époque, qui regroupait ses maisons sur une butte entourée de zones humides autour d'une source dominant la vallée de l'Isole . Une université danoise a adressé un courrier à ce propos à M. Kervran ; Scathr pourrait être un terme d'origine viking signifiant " promontoire".

Le colonel Troude déclarait en 1890 dans son dictionnaire pratique français-breton que Scaër viendrait de Kaer signifiant "Candide" . Selon lui "la lettre S est une lettre parasite, dans plusieurs mots, en breton" ???

Francis Gourvil, un universitaire rennais, voit dans le nom de notre commune une origine galloise « Y Sger ». Ce terme désignant près de Cardiff un lieu où il y a des pierres anguleuses ( comme les pierres de Coadry ?).
Selon les recherches de Florence Delneufcourt, les termes latin "Scatebra , Scaturex "signifiant " Source jaillissante" serait à l’origine du toponyme Scaër : "De « scatebra » à Scathr puis Scaër, et au prototype « Scatro- »  de Bernard Tanguy, les distances phonétiques, graphiques et linguistiques sont courtes. Les différentes écritures postérieures (Scazre, Scadr, Scaezre…) en sont toutes issues. Les réformes de l’orthographe bretonne, en substituant le « k » celtique au « c » dur latin et au « qu » français, firent perdre la trace étymologique originelle, empêchant les linguistes bretons d’entrevoir la racine latine de ce toponyme déroutant et rare en pays celtique".


 
Ce passage des Papiers Terriers de  la sénéchaussée de Concarneau (1681) mentionne le ruisseau d'eau dévalant de la source de sainte Candide passant par le milieu du bourg pour rejoindre Stang-Audren .
On peut le suivre sur l'extrait du cadastre napoléonien de 1818/28)

Le bourg de Scaër doit  vraisemblablement son implantation à la présence 
de la Source de Sainte Candide dont l'eau fut canalisée très tôt jusqu'au site 
de l'église actuelle. 
L'hypothèse selon laquelle Scaër devrait son nom à cette "Scaturex" n'a rien d'illogique




La station de pompage près de la Vieille Source (1920...)

Cette hypothèse met en avant le site de la Vieille Source, qui alimentait le bourg dans les temps ancestraux. Scaturex aurait pu dériver en "SCATHR" et évoluer vers le nom actuel... 

L'origine latine du toponyme SCAËR semble l'hypothèse
 la plus vraisemblable dans l'état actuel des recherches.

Ovale rouge : la Source Sainte Candide. Ovale bleu : le probable site primitif du bourg dans le quartier de l'église, qui était un carrefour de chemins gaulois puis romains. Y-a-t 'il eu un site religieux primitif à cet endroit ???
X : la zone des sources jaillissantes de la rue Lavoisier


Une source jaillissante toujours active dans le haut de la rue Lavoisier(03/2021)
Cette source pourrait être aussi à l'origine du camp fortifié de " Parc ar C'Hastellou"

  

 Ajoutons qu'une bonne partie du centre-bourg flotte sur la nappe phréatique peu profonde :des pompes sont utilisées pour vider l'eau qui jaillit  dans de multiples caves des rues Jaurès et Le Hamp. Cambry (Voyage dans le Finistère 1793) soulignait déjà cette caractéristique du bourg "De là on aperçoit l’aspect déplorable des rues de Scaër; une eau fétide, infecte et verte se putréfie dans de sales rigoles. Dans le cœur de l’été même une boue épaisse empêche de les traverser. L’hiver ce bourg considérable donne l’aspect d’un marais impraticable".

Galloise, Viking ou Romaine : depuis son origine Scaër vivrait donc depuis longtemps  à l’heure européenne selon ces hypothèses.


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La fontaine du lapin

Rue Lavoisier , l'eau des sources alimente un lavoir


Selon les recherches de Florence Delneufort, les termes latins "Scatebra, Scaturex" signifiant " Source jaillissante " serait à l’origine du toponyme Scaër. Elle met en avant le site de la Vieille Source, qui alimentait le bourg dans les temps ancestraux et dont les eaux rejoignent le lavoir de Toyal.

Source  jaillissante : une hypothèse toujours vérifiable aussi  à ciel ouvert au carrefour de la rue Lavoisier et de la route de Coat-Courant. L’eau  provenant de sources souterraines coule abondamment dans les fossés, même quand il ne pleut pas!


L'eau de source sur la Rue Lavoisier
Une source encore libre jaillit dans le fossé
Avant que la route ne soit réalisée en 1963, il y avait même une fontaine, « Feunteun lapin » (La fontaine du lapin) dont l’eau ressortait au milieu de la chaussée. Cette eau a donc été canalisée pour être dirigée du côté droit vers un lavoir. Un drainage a été fait au carrefour  cité plus haut pour enter de maintenir la chaussée en bon état. Lors des travaux de raccordement du bourg au château d'eau de Coadry, d’autres sources ont été encore captées et dirigées vers ce lavoir. Certaines sources coulent encore librement sous la route: l'eau sourd parfois d'une chaussée déformée et faïencée.

 

 

 Une source pour alimenter le castrum ?

 

Les férus d’histoire savent qu’il y a dans ce quartier six noms de champs contigus entre la cité des Castors et la route de Coat-Scaër où revient le nom de « Hastellou », un terme pluriel breton dérivé du latin « Castellum », désignant souvent un castrum, un camp gallo-romain.
Une hypothèse  crédible : Ce site doit peut-être son existence à la présence au même niveau d’une fontaine qui ne tarit jamais, une « Scatebra », comme au bourg.
 

Sur le cadastre napoléonien, le trait bleu représente l'eau coulant de la fontaine du lapin

X: le lavoir. Le castrum doit-il sa présence à la fontaine du lapin??? 



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Le patrimoine de la microtoponymie rurale


Autrefois les vaches laitières avaient un nom : Blanchette , Noiraude…Aujourd’hui, les éleveurs les  identifient le plus souvent via le N° de leur boucle, numéro qui leur est aussi accrédité sur l’ordinateur où est enregistré leur production laitière, leur état de santé..
Autrefois les agriculteurs connaissaient le nom des parcelles qu’ils exploitaient : parc bras, prat ar ster. Aujourd’hui, ils les repèrent sur le cadastre : section E parcelle 325. A cela plusieurs explications : la langue bretonne a régressé, les parcelles ont été agrandies et des noms ont disparu, les notaires ne transmettent plus nécessairement ces noms aux nouveaux exploitants…
 Pourtant cette microtoponymie rurale, faisant référence au caractère  très local des lieux désignés, est un patrimoine historique à transmettre. L’analyse des noms des terres labourables ou plantées, des vergers, coutils, prés, pâtures, taillis, futaie, landes sur l’état des sections du cadastre napoléonien de la commune terminé sur le terrain en 1828,sur les registres en 1829, est riche en informations .
Voici une petite étude se concentrant autour du bourg de Scaër. Les appellations retenues ont été classées selon leur catégorie. 

 Les noms des champs font référence 

- à leur caractéristique 

 Parc Moen= le champ étroit, parc bihan = le petit champ, prat ar poull= le pré de la mare, parc tri C’horn= champ aux 3 côtés. Toul Louzet = le trou boueux. Le Pontigou = les petits ponts  (en face du garage Bouguennec). Parc ar ster : le champ de la rivière. « Liors rosic banel »= le jardin de la venelle aux champignons… » . Parc ar Lostic » = le champ du rossignol( eostig) ou petite queue(lost).

- à la végétation 

 Prat an Ale fao= l’allée de hêtre près de l’école publique. Parc Déro= le champ aux chênes. Liorz ar guinis = le jardin à blé. Ar guestenn peut se traduire par « la châtaigneraie ». Parcou C’hoat = les champs du bois. Ar banalou bras : le grand champ où il y a des genêts. Parc ar foennec : le champ de foin. « Parc an aourec bras »= le grand champ doré. "Glazenn né" =le gazon neuf.

- à une personne : 

Parc Mauricette, Jardin Mataou= le jardin de Mathurin. Prat Marie Daëron, parc an avocat, et parc ar commissaire dans l’actuel bois de la Source,  parc ar sénéchal au nord de l’église .Prat person= le pré du curé, par an aotrou = le champ du patron à Kerzéré. Liors Annaïc à Coat Scaer Vras…


La plupart des villages importants avaient un " parc ar puñs".


et un " parc forn"


- à leur emplacement 

  "Parc drenv an ti"= le champ derrière la maison. "Parc forn"= le champ du four. "Parc ar puñs"= le champ du puits," parc ar styvel"= le champ de la fontaine. "Parc  leur" = le champ de l’aire à battre qui peut-être coz ou nevez , ancien et nouveau, si l’on a refait une aire à battre ou pas. « Parc ar Poulfanq » = le champ du trou de boue, à Coat-Courant. « Ar leur gwez »= la cour des arbres. « liors ar parcou munut »= jardin près des petits champs. Prat vammen= le pré de la source. Parc an enezen= le champ de l’île entre canal et Isole en bas de Kerisole. Goarem ar C’hardi = La garenne de l’abri de la charrette. Prat pont ar Gourret = le pré du pont de la pêcherie (bas du Grandchamp). L’actuelle place de la mairie est dénommée en français : « champ de foire » ; nature de la propriété : « pâture » : on ne peut plus logique. 

En zone urbaine, autour des maisons, il y a de nombreux Liors (jardin) : "liors glas " pour jardin vert, "liors ar parcou munut"=le jardin des petits champs.

 - à l’histoire

  • Certains noms sont liés à l’histoire du lieu. Ainsi il y avait plusieurs « Parc ar Justissou » au carrefour de la rue Yannès et du chemin de Dour Gaon : sur la carte de Cassini (XVIIIE siècle) un gibet y est recensé. 
  • Il y a deux « liors Pen Pavé » près du cimetière et un « liors ar paveou », à l’angle de la rue Christophe Morvan près du pont de Payaou. C’est une référence à l’époque gallo-romaine où les entrées de bourg étaient marquées par quelques mètres de voie pavée. La voie romaine Riec- Carhaix traversait Scaër par  les rue Turquet,  de la Paix et  de Kerjégu . Sept parcelles du quartier de Kervéguen  sont dénommées " Hastellou" = Castrum : c'est le site d'un ancien camp-gallo-romain.

 


Rue Ch. Morvan, la parcelle Liors ar paveou (google street)

Rue de Kerjégu, les parcelles Liors ar pavé (google street)



  • Un « Parc ar forn » est placé au bout de l’impasse de Penker Navellou,au pied de l’église Peut-être l’emplacement du four du village au Moyen Age.
  • De part et d’autre de la rue Barbusse, au bas de la place de la mairie, il y avait un « liors ar Gouel» = le jardin de la fête et un « liors ar custum » = jardin de la coutume. Peut-être des sites à vocation sociale ou de rassemblement populaire ? 

    A Coat-Courant, 234: parc ar moustrenn; 298: parc an ilis



    Pas de mairie en 1828. A: rue Barbusse, B/ Rue Voltaire,3; rue L'Helgouarch. 1121 : liors ar custum et 1128:liors ar gouel


  • A Coat-Courant, il y avait une proximité de la rue Curie un parc an ilis= champ de l’église et un parc ar moustrenn = champ du monastère blanc. Pourquoi ces appellations : Y aurait-il eu des lieux de culte médiévaux dans ce quartier ? Dans le même quartier : « Parc an hent meur »= le champ en bordure de la grande route. « Meur » à la place de « Bras » pour signifier « Grand » : Ceci atteste une origine  très ancienne à l’axe Scaër-Coray. 
  • A Coat Scaër Vian, il y avait un « Liors ar Vouden » = jardin de la motte féodale.
  • Au Grandchamp, il y avait parc ar mengleuz = le champ de la carrière. C’est peut-être l’origine de l’excavation voisine du grand chêne ? Il y avait une parcelle éponyme dans le bois de la Source.

Cet exercice  mériterait d'être développé sur les dizaines de milliers de microtoponymes de la commune  recensés sur ce cadastre bicentenaire aux archives départementales .  

Pour mieux connaître votre quartier il y a 200 ans, cliquez sur le lien ci-dessus. Puis ouvrez le tableau d'assemblage. Repérez la feuille du cadastre de votre quartier. Ouvrez-la pour trouver le lieu où vous habitez. Repérer les numéros des parcelles. Revenez ensuite sur la page d'accueil du cadastre pour explorer les registres "états de sections" afin de découvrir le nom des parcelles.


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