1950... Le bourg de Scaër s'arrête à Toyal, Pontigou, Stang Audren. Aujourd’hui, des ramifications s'étendent le long des routes menant à l’agglomération : Pont Lédan, Mine Groas Né, Coat Courant, Kerveguen , avec un comblement progressif des espaces entre ces axes. De forme groupée au milieu du 20e siècle, elle adopte aujourd'hui un plan en étoile. Cette extension prit naissance sous une forme particulière avec la cité scaëroise, plus connue sous le nom de cité des Castors.
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Un plan en épi
L'idée prit naissance en 1953. Louis et Pierre Istin, François-Louis Boédec, Jean Lamothe, furent à l'origine de la société immobilière des Castors, dont l'objectif était de permettre l'accession à la propriété de familles aux revenus modestes ou moyens. C'était quelque chose d'important à l'époque où les ouvriers et les employés pouvaient plus difficilement devenir propriétaires.
Le principe : participer aux travaux et acheter en commun les matériaux au meilleur prix. A 1, 5 km du bourg, afin d'y ériger 42 maisons, du F3 au F5, les « Castors » acquirent deux champs de la ferme de Marianne Toupin de Kervéguen, auxquels on accédait à cette époque par la partie non construite de la rue de Balzac. L’un d’eux s’appelait « Ar Hastellou Bihan », Hastellou faisant référence à un possible castrum gallo-romain à proximité. Ils étaient exposés au sud-est et en partie occupés par de la lande. Les 42 lots avaient une superficie allant de 500 à 1800 mètres carrés environ.
M. Madec, ingénieur des Ponts-et-Chaussées, réalisa les plans communs à l'ensemble de la cité., les frères Istin assuraient la coordination de l'ensemble.
La cité prit la forme d'un épi, avec un axe central, la rue de Verdun, et de part et d'autre, les rues Pierre Loti, et Honoré.de Balzac et Jules Romains. En réalité, la cité compte 44 maisons, deux habitations de plan différent étant postérieures aux premières constructions.
L'extraction des pierres , route de Cascadec |
Habitat participatif
Les travaux débutèrent en 1954 et durèrent 2 ans. Chaque week-end, les accédants à la propriété commencèrent par extraire eux-mêmes les pierres des carrières, dont on voit encore le front de taille, route de Cascadec. Les Castors ont extrait également du sable des carrières de Keriou, en Guiscriff.
Des maçons « des Montagnes Noires » furent recrutés pour construire ces maisons, avec la collaboration des futurs propriétaires. En semaine, ces maçons dormaient dans les caves des maisons. À l'angle des actuelles rues Loti et de Verdun, une cabane de chantier abritait matériaux et outils, ainsi que des bacs pour traiter le bois.
Chaque futur propriétaire devait fournir un certain nombre d'heures de travail par mois et aidait aussi en fonction de ses compétences : un charpentier de métier et futur résident s'occupa de la pose des charpentes de maisons voisines.
Par la suite, différents couvreurs, électriciens, plâtriers, menuisiers intervinrent sur le chantier, ce qui explique que, malgré un aspect extérieur semblable, toutes les maisons ne sont pas identiques. Bien sûr, les Castors firent beaucoup par eux-mêmes pour la finition : pose de carrelages, peintures, tapisseries par la suite.
Les commandes en gros de portes, de fenêtres, d'éléments de salle de bain, contribuèrent à faire baisser le prix de revient. Ce mode de construction participatif permit à des familles modestes de disposer de logements confortables pour l'époque, à un prix modique : trois à quatre millions de Francs, ce qui correspondrait à construire aujourd'hui pour 64.000 € à 86.000 €.
Les premiers occupants furent les frères Baudet en 1955. La dernière maison, celle de François et Sidonie, fut terminée en 1956, à l'emplacement du dépôt de souches issues de la démolition des talus. La cité fut bénie par deux fois en 1958 et 1959 par M. Labbat, vicaire, puis par Mgr Favé. La baraque du chantier a cédé la place à un petit square à l’angle des rues de Verdun et Loti. La cité, dotée d'abord de fosses septiques, a été raccordée ensuite au réseau d'assainissement.
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Un plan d'époque avec les noms des premiers propriétaires |
La banlieue nord de Scaër
Sociologiquement la plupart des Castors appartenaient au monde ouvrier, ouvrier d'usine ou ouvrier chez un artisan. Ils avaient 30 ans et plus à l'époque. Durant les années 80, les rues des Castors résonnèrent des galopades des nombreux enfants qui ont aujourd'hui grandi. Quelques maisons sont occupées par les enfants des « Castors », mais la majorité ont été revendues une ou plusieurs fois: la première fut celle de la famille Duduit rachetée par M.Mme Marcel Quiniou
La cité des Castors apparaissait au début des années 60 comme un îlot parmi les champs. Peu à peu, les maisons ont grignoté les parcelles agricoles au nord du bourg avec les lotissements de Parcou-C’hoat , de la rue Le Bomin, de Kervéguen. Route de Châteauneuf, la limite de l’agglomération est au-delà de la cité vers Kéredec mais ne devrait plus progresser sur cet axe.
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