Le toponyme SCAËR

L'orthographe actuelle de Scaër ne date que du 17e siècle. Avant cette graphie, notre commune s'est appelée successivement:

- SCATHR selon la charte 22 du cartulaire de Landévennec rédigé vers l'an 1047. Ce cartulaire n'étant qu'une compilation des chartes existantes à l'époque, il est possible que le texte original concernant SCAER ait été rédigé au 9e siècle.

-SCAZRE selon deux textes du cartulaire de Quimper faisant état de donations faites, l'une par Périou, fils du Comte de Cornouaille Bénédic, et l'autre, sous l'épiscopat d'Oscand, évêque de Quimper de 1022 environ, jusqu'à sa mort survenue le 13 octobre 1064; la première charte concernait la donation d'une terre nom¬mée PENBIS IN SCAZRE et la seconde appelée BO HOCOOC. La première donation serait à placer aux alentour de 1020 et la seconde entre 1022 et 1064.

- SCAHART en 1182 dans l'énumération des biens des Templiers, dont la commanderie se trouvait à Quimper. SCAEZRE et SCADR le 17 juillet 1220 dans l'acte 34 du cartulaire où l'évêque de Quimper Rainaud donne à son chapitre les possessions de SCAER.

- SCAZRE dans l'acte 109, le 5 juin 1270, lorsque le chanoine Jacobi FISICI représente le Vicariat de SCAER lors d'une réunion du chapitre à Quimper(FISICI serait une traduction latine du mot Louzaouer, Médecin herboriste ?). On retrouve dans ce même cartulaire ces orthographes dans les actes 110, 134 des 23 Mai 1271 et 8 Mai 1285. Dans le 1er le chanoine Pierre de Rome se désiste de ses prétentions sur les terres de SCAER, dans le second, il s'agit d'un inventaire de biens appartenant au chapitre où il est fait mention d'un lieu¬dit " Sancti Mathei de SCAZRE".

-SCADRE et enfin SCAËR en 1636 dans "l'itinéraire de Bretagne" effectué par Dubuisson Aubenay, et dans les papiers de la châtellenie de Kervégant. Le terme breton " SKAER", sans tréma, est encore plus récent et associé au nouvel alphabet breton.

Une  "Vieille Source", la source  Sainte Candide, à gauche du lavoir actuel pourrait être à l'origine du toponyme Scaër

Hypothèses à confirmer

L'origine du nom reste à ce jour inconnue, mais le vieux nom de SCATHR, révélé par le cartulaire de Landévennec au 11è siècle permet de soulever une hypothèse étymologique liée à l'emplacement géographique du Bourg à l'époque, qui regroupait ses maisons sur une butte entourée de zones humides autour d'une source dominant la vallée de l'Isole . Une université danoise a adressé un courrier à ce propos à M. Kervran ; Scathr pourrait être un terme d'origine viking signifiant " promontoire".

Le colonel Troude déclarait en 1890 dans son dictionnaire pratique français-breton que Scaër viendrait de Kaer signifiant "Candide" . Selon lui "la lettre S est une lettre parasite, dans plusieurs mots, en breton" ???

Francis Gourvil, un universitaire rennais, voit dans le nom de notre commune une origine galloise « Y Sger ». Ce terme désignant près de Cardiff un lieu où il y a des pierres anguleuses ( comme les pierres de Coadry ?).
Selon les recherches de Florence Delneufcourt, les termes latin "Scatebra , Scaturex "signifiant " Source jaillissante" serait à l’origine du toponyme Scaër : "De « scatebra » à Scathr puis Scaër, et au prototype « Scatro- »  de Bernard Tanguy, les distances phonétiques, graphiques et linguistiques sont courtes. Les différentes écritures postérieures (Scazre, Scadr, Scaezre…) en sont toutes issues. Les réformes de l’orthographe bretonne, en substituant le « k » celtique au « c » dur latin et au « qu » français, firent perdre la trace étymologique originelle, empêchant les linguistes bretons d’entrevoir la racine latine de ce toponyme déroutant et rare en pays celtique".


 
Ce passage des Papiers Terriers de  la sénéchaussée de Concarneau (1681) mentionne le ruisseau d'eau dévalant de la source de sainte Candide passant par le milieu du bourg pour rejoindre Stang-Audren .
On peut le suivre sur l'extrait du cadastre napoléonien de 1818/28)

Le bourg de Scaër doit  vraisemblablement son implantation à la présence 
de la Source de Sainte Candide dont l'eau fut canalisée très tôt jusqu'au site 
de l'église actuelle. 
L'hypothèse selon laquelle Scaër devrait son nom à cette "Scaturex" n'a rien d'illogique




La station de pompage près de la Vieille Source (1920...)

Cette hypothèse met en avant le site de la Vieille Source, qui alimentait le bourg dans les temps ancestraux. Scaturex aurait pu dériver en "SCATHR" et évoluer vers le nom actuel... 

L'origine latine du toponyme SCAËR semble l'hypothèse
 la plus vraisemblable dans l'état actuel des recherches.

Ovale rouge : la Source Sainte Candide. Ovale bleu : le probable site primitif du bourg dans le quartier de l'église, qui était un carrefour de chemins gaulois puis romains. Y-a-t 'il eu un site religieux primitif à cet endroit ???
X : la zone des sources jaillissantes de la rue Lavoisier


Une source jaillissante toujours active dans le haut de la rue Lavoisier(03/2021)
Cette source pourrait être aussi à l'origine du camp fortifié de " Parc ar C'Hastellou"

  

 Ajoutons qu'une bonne partie du centre-bourg flotte sur la nappe phréatique peu profonde :des pompes sont utilisées pour vider l'eau qui jaillit  dans de multiples caves des rues Jaurès et Le Hamp. Cambry (Voyage dans le Finistère 1793) soulignait déjà cette caractéristique du bourg "De là on aperçoit l’aspect déplorable des rues de Scaër; une eau fétide, infecte et verte se putréfie dans de sales rigoles. Dans le cœur de l’été même une boue épaisse empêche de les traverser. L’hiver ce bourg considérable donne l’aspect d’un marais impraticable".

Galloise, Viking ou Romaine : depuis son origine Scaër vivrait donc depuis longtemps  à l’heure européenne selon ces hypothèses.


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