Le gibet de Gouriger




En analysant la carte de Cassini établi dans la seconde moitié du 18e siècle, on remarquez le symbole du gibet ou des fourches patibulaires non loin du village de Gorriger, à l’ouest du bourg. Ce lieu-dit s’appelle aujourd’hui Gouriger et se situe derrière le stade Pierre Salaün.
Les " Terriers"  de la sénéchaussée de Concarneau, ancêtre des registres cadastraux, révèlent en 1678, l'existence d'un "Parc ar Justiçou où sont situés et levés patibulaires à quatre piliers dépendant de la juridiction du dit Quervegant" .
 

Lieu patibulaire à quatre piliers (Les Grandes Chroniques de France, BNF)



Le texte original des " Terriers" de Concarneau

En lien avec le manoir de Kervégant

 Si la carte est juste, ce gibet devait se trouver à quelques centaines de mètres du bourg, sur la route menant du bourg à Kerflous (aujourd’hui rue Yannès et route de Dour-Gaon) sur le point le plus haut, à 200 mètres d’altitude, peut-être au carrefour de la rue Guy Moquet et de la rue Yannès . Comme les alentours n’étaient guère habités, Il devait être bien visible quand on  venait de Coadry ou de Rosporden, comme un avertissement aux malandrins qui s’aviseraient de détrousser les diligences.
 Les fourches patibulaires étaient en général placées sur une hauteur, hors des villes, bourgs et villages, et ordinairement près d’un grand chemin et dans un lieu bien exposé à la vue des voyageurs afin d’inspirer au peuple l’horreur du crime. A Scaër, le manuscrit situe ce site " au midi par le grand  chemin qui conduit du bourg de Scaër au dit Quimper Corentin  au nord par le chemin conduisant du bourg de Scaër au bourg de Coray".
 
 Les quatre piliers de justice encadrent les fourches patibulaires, construction de bois dont les traverses supportaient les corps des condamnés. Le nombre des piliers de justice des fourches patibulaires variait suivant la qualité des seigneurs qui les construisaient : seul le roi pouvait en avoir autant qu’il voulait, les ducs en avaient huit, les comtes six, les barons quatre, les châtelains trois et les simples gentilshommes hauts justiciers deux. Tout haut justicier devait posséder des fourches patibulaires qui manifestaient son pouvoir de justice.  La plupart ont été détruites lors de la Révolution. A Scaër, le" lieu patibulaire"  de Gouriger dépendait de la seigneurie de Kervégant près de la forêt de Coat-Loc'h . Au manoir de Kergoalerun pilier de fourche patibulaire est toujours debout.
 
Cliquez pour agrandir et voit le symbole du gibet
 

le carrefour rue Yannès-Chemin de Dour Gaon
 
 
 
 
 
 
 
Sur le cadastre Napoléon, les parcelles 73 et 74


sont dénommées Goarem ar Justissou. En breton Justis ou Justissou rappelle l'existence d'un gibet ou de fourches patibulaires

 
 

Le chemin de Justice

 Roger Deloraine y passé son enfance et nous fait part de quelques souvenirs : « Nous étions 3 amis d'enfance, Jean Gaonach, Marcel Gall et moi-même à posséder comme terrains de jeu la région comprise dans le triangle formé par Coat-Courant, Kerzéré et Dour Gaon.  Nous connaissions l'endroit par cœur, chaque recoin, chaque talus, chaque "toul c'har". Aucune parcelle ne nous était inconnue sauf une, je m'explique : à la périphérie de notre terrain se trouvait une zone qui nous impressionnait particulièrement, car là, se situait selon la légende la « place de l’échafaud » ! C'était un endroit un peu magique où l'on ne s'attardait pas, presque clos, long d'une quarantaine de mètres par 15 de large, bordé de châtaigniers".
 Bien que la topographie des lieux ait été chamboulée on peut situer l'endroit avec précision rue Yves Yannès entre le panneau de fin d’agglomération jusqu'à la bifurcation de la route menant à Coat-courant. "Je me souviens aussi que l’on appelait « Hent Justis », Chemin de Justice, la route de Dour Gaon". Dès lors, le rapprochement avec le Gibet de Cassini ne fait plus de doute. Les légendes courant sur le Chemin de Justice étaient exploitées à fond par les parents des garnements du quartier et empêchaient peut être les enfants  de s'attarder en route après l'école pour faire des bêtises .
Personne ne peut dire si la guillotine remplaça le gibet à l’époque révolutionnaire. Toujours est-il qu’à 300 mètres de ce " lieu patibulaire", le nom d’une rue a été donné à un révolutionnaire qui en connaissait un rayon en ce domaine : Jean-Paul Marat !

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