Selon une étude de Guy Lessard, ancien instituteur scaërois :"En l’an III de la république, trois instituteurs exerçaient dans le district de Quimperlé à Nevez Querrien et Scaër. C’était monsieur Le Cloître qui donnait toute satisfaction à la municipalité. Les archives départementales ne signalent pas d'école ni d'enseignement à Scaër tout au plus indiquant dans une statistique de 1812 qu'un enseignant capable d'enseigner le latin Gabriel Moreau, 42 ans, se propose de quitter Châteaulin pour exercer à Scaër . Y est-t-il venu ? "
La Scaëroise Caroline Jacq a rédigé au début des années 2000 un mémoire de maîtrise consacré à l’école à Scaër de 1839 à 1939. Ce mémoire lui a permis de découvrir la vie quotidienne des Scaërois du 19e siècle : la pauvreté, la difficulté d’aller à l’école, les obstacles à l’instruction. « Il y avait 7 écoles au début du 20e siècle à Scaër , avec un millier d’enfants ».
1829 :Le conseil municipal contre la création d'une école
Mais au 19e siècle, fréquenter une école n'allait pas de soi. Voici ce que qu'écrivait Auguste Romieu sous-préfet de Quimperlé dans la Revue de Paris en 1829 : " Scaër, chef-lieu de canton, population quatre mille âmes, on se représente aussitôt Courbevoie ou Montmorency ; on s'imagine qu'une école primaire y aura bientôt trois cents élèves, et qu'il ne s'agissait que d'y en établir une plus tôt, pour en finir avec la barbarie. Mais venez à Scaër : c’est un village où vous compterez cinquante maisons, dont dix couvertes en ardoises. Les quatre mille habitants que vous cherchez sont répandus au loin dans les. landes, arrachant leurs moutons aux loups des forêts de Coatloch, de Cascadec et de Laz, et vous ne prouverez à aucun cultivateur de la commune l'utilité de faire entreprendre deux fois par jour à leur fils, qui garde les troupeaux, un voyage de trois lieues pour apprendre à lire ; car il ne sait pas lire, le père, et il n'en vend pas moins son seigle tous les ans.
Sachez qu'il y a huit mois, lorsque j'étais encore à Quimperlé, il m'a fallu voir la plus grande commune de mon arrondissement, celle de Scaër, peuplée de quatre mille âmes, se refuser avec obstination à l'établissement d'une école primaire ! je ne dis pas à faire les frais de cet établissement, mais à l'institution elle-même, eût-elle été gratuite, sans charge aucune pour le budget; le refus était pour l'école, comme école, par cela seul que c'était une école. Au cas où cela paraîtrait d'un bizarre à exciter le doute, j'invoquerais à l'appui de mon assertion le témoignage de M. Le Boyer, inspecteur de l'académie de Rennes , qui, devant moi, resta comme pétrifié quand le maire de Scaër nous déclara nettement les répugnances de son conseil municipal."
La première école scaëroise ouvrit selon nos informations en 1839 sur ce site qui n'est pas précisé Jean-Marie Le Bec fut le premier instituteur. Une école neuve fut construite 10 ans plus tard: c'est l'actuel le pôles des services. L’instituteur M. Le Bec, en provenance de Rosporden, fréquentait Brizeux. Scaër fut son premier poste à la sortie de l’école normale. Il enseigna à Scaër jusque vers 1850.
Mlle Rolland fut la première institutrice privée de la commune en 1852 dans une maison du bourg. L’école communale des filles fut créée par M. De Kerjégu en 1858 : c'est aujourd'hui l’immeuble réhabilité en HLM place du 8 mai. Des religieuses de la communauté du Saint -Esprit enseignèrent à l'origine dans cette école publique.
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Ecoles de hameaux, école privée de garçons, cours complémentaire
Suite aux lois Jules Ferry, les écoles de hameaux de Keranguen, Quérou et Coadigou furent édifiés vers 1883. Le cours complémentaire de l'école publique date de 1919 pour préparer le brevet élémentaire et l'entrée à l'école normale.
L’école Saint Joseph, devenue aussi une HLM , a été édifiée en 1909. Elle était gérée à l'origine par des religieuses de la communauté des filles du Saint-Esprit. En 1913, il y avait 6 classes à l'école Saint Joseph pour 250 élèves. En 1919: 400 élèves. 1939 : 300 élèves. Durant la guerre, trois locaux furent prêtés à l'école publique des filles. En 1936, les religieuses ouvrirent une nouvelle école à Coadry.
La même année s’ouvrit à Cascadec une école publique dans des bâtiments appartenant à la papeterie Bolloré.
L’école Saint Alain ouvrit en 1927 sur le site de l’ancien champ de lutte bretonne. Elle fut confiée à l'origine à la congrégation des frères de Saint Gabriel, puis durant la guerre 39/45 au clergé diocésain, puis de 1945 à 1976 à la congrégation des frères de Saint Jean Baptiste de La Salle. De 1976 à 2009, année de la fermeture, les enseignants étaient des laïcs.
Guy Lessard: "Le cours complémentaire public s'ouvrit au début du 20e siècle et à partir de 1935 fut une pépinière d'enseignement du département surtout durant la guerre où il fournissait jusqu'à 20 % des promotions du département"
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Avant la mixité
L'étude de Caroline Jacq n'incluait pas l’école Joliot-Curie édifiée à partir de 1952 (ouverture des classes en 1957, le gymnase : l'année suivante) ni le collège Léo Ferré implanté à Payaou en 1966. Jusqu'à la mixité,(1966-67 ?),l'école Joliot-Curie accueillait les garçons de la maternelle à la classe de 3e et l'école de la place du 8 Mai, les filles du CP à la 3e . Le foyer des Aînés, c'était la maternelle.
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St Joseph était l'école des filles de la maternelle à la 3e. Le bâtiment le plus proche de la rue Curie était le "cours ménager". Saint Alain était l'école et le cours complémentaire des garçons du CP à la 3e.
L'homme est né pour travailler
En 2005, l'office du tourisme de la commune organisa une exposition présentant des photos de toutes les écoles scaëroises, des cartes, du mobilier scolaire, des manuels… Une classe d'autrefois fut reconstitué avec des tables-bancs, tableau noir, calorifère, blouse grise , encrier et porte-plume pour écrire en plein et délié la maxime du jour " L'homme est né pour travailler".