En 1884, par circulaire du 30 mai, Armand Fallières, ministre de l’Instruction publique du gouvernement de Jules Ferry, décide d’une enquête sur la situation matérielle des écoles primaires publiques. Son but est la mise en œuvre des lois de 1881 et 1882 rendant l’instruction des filles et garçons de 6 à 13 ans obligatoire, laïque et gratuite dans les écoles publiques. La gratuité étant garantie par le financement des écoles sur les ressources des communes et des départements, auquel l’État peut suppléer si nécessaire, un état des lieux doit permettre d’élaborer un programme financier et matériel.
Chaque institutrice et instituteur fut invité à remplir un formulaire de renseignements sur son école (bâtiment, mobilier, effectifs, etc.) et à dresser un plan des locaux.
Ces informations et les commentaires éventuels des instituteurs donnent ainsi à voir l’état matériel de l’enseignement primaire et constituent également des sources de première main sur l’histoire locale. Voici quelques éléments relatifs à la commune de Scaër , 4891 habitants à l'époque
Au bourg
L’école publique des garçons (la partie du pôle des services donnant sur la place) a été construite en 1846. 170 élèves fréquentent l’une des trois classes : 7 de 5 à 6 ans, 135 de 6 à 13 ans et 28 de plus de 13 ans. Il y avait 38 internes logés dans deux dortoirs. Des poêles à bois chauffaient deux classes. Dans la 3e classe, la cuisine de l’instituteur, on faisait du feu dans un foyer.
Dans cet immeuble, une pièce du rez-de-chaussée accueillait la justice de paix. La mairie occupait aussi une pièce au 1er étage.
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Le 18 juin 1884 François Louis Rodallec (directeur et par ailleurs secrétaire de mairie) commente : « L’école des garçons du bourg de Scaër se trouve dans la plus déplorable situation. Elle compte 170 élèves pour une superficie de 102 m² soit moins de 60 décimètres carrés de surface par élève et à peine deux mètres cube d’air.
Dans la 3e classe, il y a 6 tables pour 65 élèves, c’est-à-dire 11 élèves sur une table de quatre mètres de long. Il n’y a pas assez de place : à raison d’un 1m² par élève, l’école devrait accueillir seulement 102élèves : il manquerait manquerait de la place pour 33 élèves de 6-13 ans.
Tous les planchers sont pourris, les classes sont remplis de trous, les fenêtres ne ferment plus ; il n’y a ni puits ni lieux suffisants, ni préau, ni jardin, ni logement convenable pour l’instituteur qui mange avec ses élèves, sa cuisine ayant été prise pour faire une classe.
Mais la commune ayant voté trois centimes pour faire des agrandissements et réparations et l’État venant d’accorder 20.000 Francs pour les deux écoles du bourg il y a lieu d’espérer que cet état de choses prendra bientôt fin »
L’école publique des filles a été construite en 1858 par M. De Kerjégu. Elle a été prêtée à la commune sous la condition d’être dirigée par des religieuses. Elle est dirigée par Mme Marie Angélina Pinard ( sœur Marie de la Nativité) .
151 élèves y sont inscrites : 15 de 5 à 6 ans, 118 de 6 à 13 ans et 18 de plus de 13 ans. Le bâtiment affecté au pensionnat (26 internes) appartient à la commune. Le chauffage est assuré par de des poêles et des cheminées. La place manque également. A raison de 1 m par élèves, l’école ne peut accueillir que 88 élèves, il manque de la place pour 30 autres.
Les nouvelles écoles de hameaux
Les trois écoles de hameaux de Scaër font partie d'un ensemble de 18 écoles de l'arrondissement de Quimperlé mises en adjudication en 1882 pour un montant de 14393,85 francs chacune. Elles ouvriront deux ans plus tard.
L’école de Plascaër (Coadigou) a été prévue prévue pour accueillir 96 élèves. Ouverte en mai 1884, elle comptait 26 inscrits (1 entre 5 et 6 ans révolus, 22 entre 6 et 13 ans révolus et 3 au-dessus de 13 ans). Le 18 juin, 21 élèves sont présents. Les principaux critères de construction sont respectés (présence de préaux couverts et de cours, chauffage, éclairage et aération des classes...). Un calorifère chauffe la classe.
Mais l’école semble avoir ouverte alors que les travaux ne sont pas terminés. Voici le commentaire de l’instituteur Charles Augustave Varet né le 16 février 1862 à Cappy (80). Il
obtient son Certificat d’Aptitude Pédagogique le 28 juillet 1881. Il
enseigne à Brest et le 13 mai 1884, à 22 ans, il est nommé instituteur
public à l’école de Plascaër. Le 31 janvier 1885, il est nommé à
Gouesnac’h.
« Il y a un puits qui, n’étant pas terminé, constitue un danger permanent pour les enfants et un ennui pour l’instituteur qui est obligé d’aller chercher de l’eau chez un voisin à 60 ou 70 mètres de là. Les jardins ne sont pas fermés, de sorte que l’on ne peut pas avoir de légumes, alors qu’éloigné de tout centre, on a le plus grand intérêt à les cultiver. Les filles n’ont que deux lieux d’aisances et leur cour de récréation n’est pas terminée. Quant aux murs de la classe, ils sont absolument nus et désireraient quelques cartes et tableaux. »
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L’école de Saint Adrien (Kéranguen) prévue pour accueillir 97 élèves, ouvre en mai 1884 et compte 70 inscrits (3 entre 4 et 5 ans révolus, 8 entre 5 et 6 ans révolus, 57 entre 6 et 13 ans révolus et 2 au-dessus de 13 ans). Le 19 juin, 48 élèves sont présents.Premier enseignant :Clet Marie Arhan est né le 1er septembre 1860 à Cléden-Cap-Sizun. Il
obtient son Certificat d’Aptitude Pédagogique le 28 juillet 1881. Il
enseigne à Pouldergat et le 4 mai 1884, à 24 ans, il est nommé
instituteur public à l’école de Saint-Adrien. Il décède le 6 décembre
1884 à Cléden-Cap-Sizun.
Les principaux critères de construction sont respectés (présence de préaux couverts et de cours, chauffage par poêle, éclairage et aération des classes...). Mais il n’y a pas de point d’eau dans l’école.
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L’enquête ne concerne pas l’école de Saint Paul (Quérou) qui n’ouvrira qu’au mois de septembre 1984. La première institutrice fut Armande Josèphe Décaunes est née le 6
juin 1865 à Port-Launay. Elle obtient son Certificat d’Aptitude
Pédagogique le 6 juillet 1882. Elle enseigne à Douarnenez et le 29 août
1884, à 19 ans, elle est nommée institutrice publique à l’école de
Saint-Paul. Le 25 août 1885, elle est nommée à Bolazec
Sources : Archives Nationales et Roc'h Gad