Collège Léo Ferré. Une histoire mouvementée

Édifié en 1966 sur le modèle à armature métallique très prisé à l'époque (dont le célèbre "Pailleron" de sinistre mémoire), le collège Léo Ferré a été entièrement reconstruit en plusieurs étapes .

Scaër n'est pas en Italie


Carte postale du collège public peu après sa construction. 1: Administration et logements de fonction; 2 : classes; 3: gymnase; 4. restaurant scolaire, infirmerie, classes (?); 5 : CDI à l'étage et salle de projection-foyer des élèves  au rez de chaussée; 6 : restaurant scolaire et internat des filles; 7: abri à vélos; 8: piste d'athlétisme,aire de lancer et sautoir.


C'était dans les années 60, la vague à forte démographie des années d'après-guerre arrivait au collège. Il fallait ouvrir de nouvelles classes et prévoir de nouveaux bâtiments. Le cas se posait pour Scaër : il fallait une nouvelle école des filles regroupant les classes primaires et le cours complémentaire. Une commission municipale fit même un voyage pour voir un modèle de bâtiment, répandu en Italie. Ce modèle fut retenu. Les travaux durèrent un an. L'établissement ouvrait ses portes en 1966. C’étaient des bâtiments à structure métallique, habillés par des panneaux-murs. Le réalisateur était la Société d'Exploitation des Alliages Légers.
58 collèges et 10 lycées du même type furent bâtis à la fin des années 1960 en France. Selon Wikipédia «   Les normes de sécurité furent assouplies et des mesures dérogatoires prises afin de contourner certaines obligations concernant en particulier la résistance au feu de la structure. Les procédés de constructions à structures métalliques ont dans ces conditions des prix plus compétitifs par rapport au béton.


L'externat du collège de Scaër en 1986
Le Collège type Pailleron de Longvic ( Côte d'Or) était toujours en service en 2015



Presque tout de suite, des problèmes ont surgi : c'est que le climat breton n'est pas le climat italien. En 1971, l'action conjuguée du vent et de la pluie crée des infiltrations dans le pignon du bâtiment d'externat. En 1973/74, des experts constatèrent déjà des vices de constructions après quelques années seulement d'utilisation. Le jour de la rentrée 1975, des plaques de la façade s'abattirent dans la cour de récréation. Le problème le plus grave : la tenue au feu du bâtiment. L’'isolant des cloisons  était de la mousse de polyuréthane, produit qui en se consumant dégage des vapeurs toxiques.

Des aménagements provisoires


Le second étage du bâtiment de l'externat, qui abritait six classes, fut désaffecté et remplacé, au printemps 1975, par un bâtiment en dur. L'installation électrique fut révisée dans les autres bâtiments pour plus de sécurité. Un signal d’alarme en cas d'incendie a aussi été installé. Les plaques des façades furent réajustées, scellées par un ciment ou encore vissées...
 Mais tout cela n’était que du provisoire dans l'attente d'une décision de destruction pure et simple, décision demandée par la commune qui porta l’affaire en justice.. Les experts émirent ensuite cet avis et, enfin, le tribunal administratif décida en octobre 1987 que  le collège de Scaër devrait être démoli, du moins en partie.
Un syndicat intercommunal à vocation unique (SIVU) fut créé pour compléter l'action du département en matière d'investissement sur le collège de Scaër. Le SIVU géra la démolition du CDI, de la demi-pension, de l'internat, puis la reconstruction d'un nouveau CDI (1986) et d'une nouvelle demi-pension (1993) et en dernier la construction du gymnase en 1997. En 1993/94  de nouveaux parkings et une zone à priorité piétonne furent réalisés à l'emplacement de l'ancien internat .  Les communes membres participaient financièrement en fonction du potentiel fiscal et du nombre d'élèves inscrits.  À partir de 2000, le Département prit en charge l’immobilier des collèges à 100% et le SIVU n'eut donc plus de raison d'exister

La déconstruction du gymnase primitif


Léo Ferré : deux séries de bâtiments en 50 ans. Le bâtiment administratif est d'origine!


C’est seulement en 2002 que l’ancien gymnase fut déconstruit. Il fallut d’abord enlever les matériaux sensibles : c'est parce que l'isolation est assurée par un flocage d'amiante et que les panneaux latéraux sont en fibro-ciment que les travaux de démolition ont tardé à débuter
Une entreprise spécialisée de la région niçoise transforma le gymnase en bunker super-isolé du monde extérieur, avec plusieurs zones de confinement, 3 sas de douches, des caméras des alarmes, des filtres d'air. 5 personnes revêtues de tenues étanches travaillèrent durant 6 semaines pour traiter 300 m2 d'isolation, avec des normes de sécurité draconiennes.  Une déchetterie spéciale sera chargée d'éliminer les déchets amiantés
Puis une société de Bain de Bretagne a pris le relais pour démolir l’immeuble proprement dit . La charpente métallique sera recyclée, les gravats rejoindront une déchetterie, les blocs de béton resteront dans les fondations et seront recouverts de graviers dans un premier temps.
C’était la fin du Collège de type Pailleron construit en 1966. Par la suite, le conseil départemental créa un plateau sportif en enrobé à son emplacement
De cette époque, il ne reste plus que le bâtiment administratif  et l’ancien atelier d’Éducation Manuelle et Technique datant des années 80 :il abrite aujourd’hui les salles de musique et d'arts plastiques.

NB : Prévus à l'origine pour  héberger l'école primaire et le collège des filles, ces bâtiments ont accueilli peu de temps après leur construction le CES,  " collège d'enseignement secondaire" mixte tandis que les écoles élémentaires et primaires mixte étaient regroupées  sur le groupe scolaire Joliot-Curie.

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