Brizeux a vécu à Scaër

Courses en Bretagne 

Dans un carnet, Brizeux a noté les dates et lieux de ses séjours en Bretagne. Un article d’Adolphe le Goaziou de la Nouvelle Revue de Bretagne de juillet août 1953 " Dans les pas de Brizeux en Basse-Bretagne" énumère ces séjours Nous retiendrons les éléments concernant ses séjours à Scaër.

Pour la première fois semble-t-il en 1829 il va à Scaër où il retourne l'année suivante en passant par Quimperlé et Arzano. Le dimanche 9 septembre 1832 il assiste à la grand-messe à Scaër. Les 7 et 9 juin1934, il est à Scaër d'où il repart pour Quimper Châteaulin.

Le 7 mai 1835 il est au Faouët et le 8 au soir il arrive à Scaër ou il descend chez les Rodallec à l'Auberge La Croix d'Or "moyennant un prix de pension de 1 franc par jour tout compris sauf le vin". Le 9, il fait une partie de galoche ; le dimanche 10 il assiste à la messe ; le 24 mai il y joue au « pil paotr », il séjourne 3 semaines à Scaër où il fait des sorties également à Quimperlé Arzano avant de faire une excursion dans le proche Morbihan. 

 1842 :le 4 octobre il prend à Rosporden une voiture qui le conduit à une heure à Scaër où il va rester jusqu'à mi-décembre mais en faisant de nombreux voyages à Guiscriff Gourin . Le 3 décembre il assiste à une élection à Scaër où il est encore le 11, 12, 13, 14 décembre. 

En août et septembre 1843 Brizeux vit à Scaër d'où il fait des excursions à Arzano. 1845-46 :il passe l'hiver à Scaër et il reste probablement jusqu'à en juillet 46. 1847 ; Brizeux est à Scaër 27 mars puis en juillet ; fin août il part pour l'Italie où il passera plus de 3 ans. S'il était à Lorient en 1951, il n'y a pas de renseignements sur ses voyages en Bretagne durant 7 ans! C'est seulement  vers le 18 septembre 1854 qu'il revient à Scaër où on le trouve encore en octobre-novembre. 

En 1855, il est à Scaër le 20 décembre.1856 : le 27 septembre il projette un voyage à Quimper par Scaër « où il se trouve depuis des semaines » écrit-il le 24 octobre mais qu'il devra quitter à cause de sa santé pour Lorient. 


Portrait de Brizeux jeune

Plaques commémoratives
  rue Brizeux (maison Duburreau)et rue Jean Jaurès
(Auberge Rodallec)



 

 

 

 

 

 

 

 

 

 



Le Parigot

C'est donc à partir de 1834 que ces séjours furent plus réguliers. Lors des premiers séjours, il logeait  rue Brizeux, chez Mme Duburreau (actuel cabinet dentaire). Par la suite, il prit pension à l'auberge Rodallec, " La Croix d'Or", dans une chambre à l’auberge était peu confortable, elle n’avait qu’une petite fenêtre sans carreau, fermée par un volet de bois. Brizeux veillait tard la nuit et restait au lit jusqu’à 10 heures du matin. Ces habitudes de citadin, son costume éveillèrent quelques méfiances au début. On le surnomma « Paotr Pariz », c'est-à-dire " Le Parigot". 

Puis il essaya de modeler sa vie sur celle des Scaërois, partageant leurs jeux de boules le dimanche, s’intéressant aux travaux des champs . Parfois il se plaît à prendre le fléau et à battre le blé sur l'aire avec les paysans, dans quelque forme où le repas de midi lui est offert pour le payer de sa peine.
 Le soir, il va veiller chez l'instituteur, le tisserand ou le cloutier. Il se mêle à ces humbles, non pas seulement en artiste curieux d'étudier des modèles, mais en ami sincère et véritable qui s'intéresse aux joies et aux peines de ces braves gens, et qui sait redevenir simple comme eux.

Tonton Brizeux

 Louis Tiercelin évoque cette période dans "Brizeux à Scaër". Le repas du soir, il le prenait chez Rodallec. Il y avait encore à l’auberge, en 1895, — elle vient de mourir, à l’âge de quatre-vingts ans — une vieille cuisinière, Annaïk, qui était au service du maître d’hôtel d’alors, entrée dans sa maison à l’âge de dix-neuf ans. Elle a bien connu Brizeux, la brave Annaïk, et se rappelle les friandises qu’il préférait à son souper : des crêpes au lait, des flans d’œufs, des laitages. Annaïk était une bonne cuisinière et Brizeux trouvait, le soir, à l’auberge, un repas copieux et bien préparé que ses promenades du jour et la maigre chère du dîner de midi lui faisaient trouver meilleur encore. Les convives habituels étaient l’instituteur Le Bec et Bleiz le gendarme, tous deux pensionnaires de Charles Rodallec, et Jakez et Berthel. Le repas achevé, Brizeux allait s’asseoir dans le fauteuil de l’âtre ; on plaçait un verre de vin blanc près de lui, et les histoires commençaient, les bonnes histoires qu’il racontait à la gloire du pays de Bretagne, en bourrant et en débourrant sa petite pipe de terre, éteinte presque aussitôt qu’allumée. Car c’était sa manière à lui de fumer ; et, le lendemain matin, autour de son fauteuil, Annaïk — je l’ai vue fumer comme un homme ; elle fumait peut-être déjà du temps de Brizeux — Annaïk faisait, pour elle ou pour d’autres, une ample récolte de ce tabac de poète… Le verre, lui, je suppose, devait rester plus d’à moitié plein ; cela devait être aussi sa façon de boire, à ce grand écouteur et à ce grand bavard, pour qui la pipe et le vin blanc étaient plutôt comme les prétextes à prolonger la causerie des veillées. 

 

Dessin paru en 1889 ( L. Duplais - Brizeux)

 J’imagine, pourtant, qu’il ne parlait pas autant qu’on veut bien le dire, et sans doute encore, s’isolant dans quelque rêverie, se penchait-il parfois, comme il est si bon de le faire, dans ces larges âtres bretons, pour regarder, au-delà de ces quatre murs noirs, enduits de suie grasse et brillante, le petit morceau d’azur étoilé qu’on aperçoit tout là-haut.

Les enfants, d’ailleurs, devaient l’interrompre sans scrupules, écoutant volontiers certes les belles histoires qu’il contait, mais gourmands plutôt de ce beau sucre blanc qu’il avait toujours dans ses poches et dont il leur faisait des gâteries. Il entendait bien, tout de même, qu’on le gagnât un peu : de celui-ci, il exigeait la récitation des prières en langue bretonne ; à cet autre, bel enfant joufflu, il demandait de « faire le gros ventre, » ayant toujours pour tous, avec le morceau de sucre convoité, quelque tape amicale et quelque bonne parole. Aussi comme ils l’aimaient leur « tonton Brizeux. »

 

La méfiance, première contre ce citadin déguisé en villageois est ainsi vite tom­bée; il est devenu l'oracle de toute la paroisse. Durant ses séjours scaërois, il puisa une abondante documentation , prenant sur le vif des scènes pittoresques qu’il exploitera dans ses poèmes romantiques qui lui valent d’avoir son nom dans le  manuel scolaire« Lagarde et Michard » consacré au 19e siècle.

L'auberge Rodallec vers 1900( collection Villard)


Le chauffe-cidre de Brizeux est une ancienne mesure à grains 
Le fauteuil de Brizeux provenant de l'ancienne auberge Rodallec a été offert à la commune , comme le chauffe-cidre, en 2010 par M. Vohra, le nouveau propriétaire






George Sand et le sculpteur David d’Angers ont rendu visite à Brizeux à Scaër







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