Marcel Riolon présida l'Amicale Brizeux, le comité des fêtes, qui organisait la " cavalcade de la Mi- Carême" de 1955 à 61 . Il succédait à Fanch Larvor et Yves Postic lui succédera par la suite. Né en 1923, il a le même âge que la plus grande animation de la localité. Il nous a livré quelques confidences sur la cavalcade des années 50.
L'amicale Brizeux née en 53 gérait la mi-carême, le bal de l'élection de la reine, les courses hippiques à Miné Rulan, le critérium cycliste : " Avec les loi 1901, on avait droit à 4 manifestations sans payer de droit. On travaillait bien avec la cavalcade et aidait à financer le raid hippique, etc.
Marcel Riolon et Marie-Renée Rayssac, ancienne présidente de la cavalcade |
" J'ai connu une évolution en 1952 quand on a construit les salles de cinéma. Il y avait des staffeurs qui ont décoré les salles . Ils ont donné un coup de main aux carnavaliers, leur apprenant à travailler le plâtre . Auparavant, il n'y avait que le papier qui était fourni par Bolloré. On le collait sur une charpente avant de le peindre. On s'est battu pour rester dans l'esprit carnaval car les gens avaient tendance à aller vers les chars fleuris. Nous avons lutté pour se limiter au plâtre et cela a évolué tout doucement.
La fête se déroulait en mars. Suite à la disparition de la fête de Toulfoen, la cavalcade s'ets placé le week-end de la Pentecôte. Le public venait de toute la région. Il y avait des trains supplémentaires en provenance de Carhaix ou de Rosporden. Les autocars acheminaient aussi vers Scaër le public de la région quimpéroise. " Quelques dizaines de milliers de spectateurs ont fait le succès d'une grande mi-carême printanière" écrivait Jacques Collinet dans le Télégramme en 1956…
" Le bal de l'élection de la reine se déroulait en janvier. Les staffeurs des cinémas ont fait aussi le fameux char des reines, avec les menhirs… A cette époque , il y avait le bagad monté par Robert Boédec , Suzanne Glémarec avait entrepris de lancer un groupe de danses. Avec la reine, le groupe et le bagad allaient à Concarneau, Toulfoen, Carhaix…
Le dernier bœuf gras
Le bœuf gras sur l'affiche de 1953 |
le dernier bœuf gras |
"Les prix, en espèces, étaient financés par une tombola . Prix lot : le bœuf gras, depuis des temps immémoriaux. En 56, le dernier bœuf , 530 kg, fut acheté chez Le Bec à Kerfrontal, il coûtait environ 800 F . Il avait été gagné par un gars de Saint-Jacques. Il l'avait revendu à Gaby Bourhis. A partir de 1957, on a mis une voiture en premier lot, une 2 CV. Puis après il y a eu des voitures plus puissantes". Il y a avait le char de la 2CV . Auparavant, on avait sillonné le sud Finistère tous les dimanches pendant un mois et demi pour vendre des billets de tombola afin d'avoir des prix pour les chars, avec la 2 CV installé sur la camionnette de Lili Navellou ou Yves Postic. On faisait de la réclame pour la mi-carême. Les commerçants de Scaër et les fournisseurs de l'extérieur apportaient aussi leur contribution. Il y avait aussi des bals dans 3 salles. Les exploitants faisaient un don, comme les forains.D'après les archives de l'époque, les chars artistiques étaient au nombre d'une vingtaine, il y avait 10 chars comiques et 11 groupes. Les prix attribué dans la catégorie artistique variaient de 160 F à 40F actuels
Marcel Riolon a connu à cette époque le dernier char hippomobile : il avait eu le 6è prix en catégorie comique en 1957. " Il s'appelait En vacances sans essence. Il y avait un cheval traînant une charrette avec une botte de foin. Une catastrophe!" C'est de cette époque que date aussi les chars articulés, sous l'impulsion de Cascadec : " Ils avaient des Fenwick avec des petites remorques. Ils ont eu l'idée d'atteler plusieurs remorques à la queue le leu . Ils ont fait Caroline aux Indes en 58 , Caroline en Laponie en 1960. La Direction prêtaient le matériel, La Primeur Française faisait aussi 2 chars. Les employés faisaient le char après le travail."
la 8è merveille du monde
Les tracteurs agricoles sont apparus à cette époque : " On montrait les beaux tracteurs tout neufs. La publicité… Mais on a dit : attention, le tracteur il faudra l'habiller. Et c'est devenu un élément de plus dans le char". Le défilé du lundi : " C'était le Retour de fête. Ceux qui défilaient avaient un pourboire pour les inciter à oublier la fatigue de la veille".
Marcel Riolon a conservé les archives de ses mandats, une mine d'information qui a été en partie explorée par Jean Bail à l'occasion de l'expo rétrospective du syndicat d'initiative. Il y a matière à faire une thèse sur le sujet . Mais pour Marcel Riolon, la cavalcade de la Mi-Carême a surtout une valeur affective . C'est la 8è merveille du monde" lance-t-il en y croyant quand même un peu.