Kernabat . Regards croisés





De Kernabat, l’histoire conserve surtout la mémoire du second parachutage du 14 au 15 juillet 1944 qui eut des conséquences tragiques.


 
Le team Gilbert : capitaine Chris Blathwayt, capitaine Paul Carron de la Carrière et sergent radio Neville Wood,

Vu du sol 

 Nous avons retrouvé le récit que fait « un ancien militaire placé en condition d’armistice » le sous-lieutenant Henri Le Dez, un des Résistants responsable du premier parachutage du 9-10 juillet.
« Radio-Londres, transmet le message codé: ‘ Paul a du sang-froid –Trois fois’. A 22 h 30, le dispositif est en place à Miné Kervir : 200 hommes ont été réunis et le groupe du Lieutenant Decarreville(Guiscriff) avec une trentaine d’hommes assurera la de l’axe Scaër-Châteauneuf ». Vers 23 h 30 un avion se fait entendre au loin, le signal morse de la lettre « P » est émis : Pêche étant le nom de code de cette Dropzone. Un premier avion larguera par deux fois des conteneurs. Deux autres avions suivront larguant au total 12 tonnes de matériel".


Vu du ciel

Trois parachutistes du Jedburgh team « Gilbert » atterriront aussi sur ce terrain : deux Britanniques : Neville Wood Christopher Blathwayt et le capitaine français Paul Carron De La Carrière qui a aussi laissé des mémoires de ce parachutage:
« Nous avons dû être largués très bas, quel silence,...et tout de suite : vlan, sur le dos, et aussitôt le vent me ramène la face en avant, le nez sur le sol. Et là, allongé, bêtement peut-être, enfantillage sans doute, mais manifestation extérieure spontanée d'une joie profonde, réaction d'une longue attente, j'ai embrassé la terre de France, comme un homme embrasse sa mère après une longue séparation...

Je serre d'innombrables mains, et on me tend une bouteille de Châteauneuf du Pape., au goulot c'est fameux... On rit. Ce garçon sympathique qui m'abreuve est le fils du médecin de Scaër (NDLR : Yves Chapel). Il m'explique qu'il y a là un maquis des environs qui doit recevoir des armes et un autre venu du Morbihan, pour la protection. En effet, maintenant, le terrain grouille véritablement, des paysans qui jurent, des tombereaux attelés de gros chevaux de ferme, cela a l'air assez pagaille. Il est vrai qu'il faut récupérer les 45 containers et les 14 paniers, une soixantaine donc de colis et de parachutes dispersés sur une vaste surface ».

Henri Le Dez donne l’ordre de rassembler tous les conteneurs dans un champ et charge six volontaires d’aller chercher des charrettes dans les fermes les plus proches.

Les fusées

Le parachutiste français poursuit : « A une centaine de mètres de l'endroit où nous nous trouvons passe une grande route. Soudain, feux allumés voici plusieurs camions.., on entend chanter.... en allemand. Mon Dieu, déjà... Mais s'ils chantent c'est qu'ils ne se doutent de rien, sans doute des permissionnaires.., pourvu qu'ils passent sans s'apercevoir de ce ramassage d'armes ! Mais soudain des coups de feu, des rafales. Nous saurons plus tard que la "protection" était collée au terrain, première erreur et qu'elle est intervenue, seconde faute. Nouvelles rafales, nous ne voyons plus les camions, mais voici des fusées ». 

Henri Le Dez relate le même épisode : "Le convoi continue son chemin pour s’arrêter à environ un km plus loin. Trois fusées de couleur verte sont tirées. Nous pensions avoir été repérés et que l’ennemi demande du renfort ». 

Paul Carron De La Carrière : « Mais heureusement tout se calme. Mais l'alerte nous a inquiétés ».

 Henri Le Dez : « En fait les Allemands n’avaient rien vu et vers 5 heures du matin ils se sont repliés sur Châteauneuf ».


Plaque au mémorial de Kernabat

 Pour compléter votre information : Une lettre de Tourc'h , Témoignages de Lili Goapper et Jean Vigouroux , Les maquisards de Guiscriff , Le commandant Fernand

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