Voici quelques témoignages personnels sur la Libération de la commune
- Christophe Bouguennec membre du groupe Bob : « Henri Le Dez parla de la Libération de Scaer et des projets pour la prise du château où étaient campés les Allemands. L’affaire me paraissait assez difficile et qu'il y aurait beaucoup de pertes pour les assaillants. Il nous donna ordre d'approcher et de s'installer à la turbine ( La Boissière ?). Chose qui fut fait le lendemain. Là aussi le même problème la bouffe : nous trouvions du bon monde pour nous aider. Au bout de deux ou trois jours c'était l'attaque du château par marche d'approche et non comme prévu au début.
C’était pour le soir du 2 août et nous préparions armes, munitions. Nous avions rendez-vous avec un personnage du bourg qui nous attendait à Pont Meur. Ce personnage grand de taille et blagueur nous conduisit par les prairies de Villeneuve et les champs. Passant par-dessus les talus nous arrivâmes à Croix-Sinquin à l'endroit où les talus surplombaient la route de Pont-Lédan en franchissant les talus ; il y avait Loulou avec son groupe qui s'était égaré et descendait vers la rivière. Cette fausse manœuvre nous obligea à nous arrêter un moment. Quand il nous eut rejoint, nous reprîmes notre marche pour prendre position. En posant les FM sur le talus, Louis Nicolas nous dit que trois camions allemands descendaient et nous n'étions pas prêts. Le retard de Loulou nous manquait pour être prêt ; les camions descendirent et s'éloignèrent assez vite. On resta en position jusqu'au moment où nous reçûmes l'ordre de nous replier. Les camions partis ne revenant pas nous pensions qu'ils étaient partis pour de bon. Nous retournâmes à la turbine pour nous reposer un peu.
Dans le courant de l'après-midi on entendit vers Pont Lédan, quelques rafales de FM et des coups de feu :c'était l'accrochage avec les FTP. Peu de temps après un Espagnol était venu nous alerter de l'accrochage qui s'était produit sur la route de Gourin entre les FTP et les Allemands ; avant de nous joindre, il tira trois coups de pistolet dans notre direction et nous fit bondir sur les armes pensant que c'était les Allemands. Quand ce bonhomme déboucha du sentier du bois on était prêt à le descendre. On comprit bien vite que c'était un agent de liaison qui venait demander du renfort nous n'avons pas bougé . On s'installa à Kervellenec en même temps que les FTP .
Après une journée à Kervellenec nous apprenions que les Allemands faisaient leur préparation de départ et qu'il fallait se préparer à rentrer au bourg et ce fut le jour J pour la libération de Scaër le 3 août 44.
Kervellenec, Kerzonars, Pont-Meur, Pont de Payaou ,la place de la mairie… . Moi j'étais vite désigné à prendre position à Pontigou sur la route de Rosporden. Je construisis un gourbi avec pierres, branchages, terre et mottes. La garde était assurée en permanence. Le lendemain la fête de la Libération battait son plein sur la place de la mairie avec défilé des hommes disponibles sous les ordres de Charles Le Fur. Après le défilé, c'était un autre spectacle des femmes qui avaient collaboré avec les Allemands étaient montées à cheval tête rasée car elles avaient été tondues. Une scène un peu affligeante. La journée se termina avec quelques bons coups et les maquisards étaient bien chauffés .»
-Jean Vigouroux , groupe Bob :« Le 02 Août au matin, nous avons cerné le bourg de Scaër avec les F.T.P. Il était prévu que les avions anglais viennent à 7 Heures bombarder le château où résidait la garnison allemande. Nous étions entre 600 à 700 gars bien armés et gonflés à bloc mais hélas, nous sommes restés sur notre faim. J'étais avec mon groupe en position dans la montée de Pont-Lédan et c'est avec beaucoup de regrets que j'ai vu défiler les cyclistes allemands. Nous avions l'ordre formel de ne pas tirer avant l'arrivée des Anglais ( NDLR:Américains plutôt???) qui, d'ailleurs ne sont jamais venus. Cet ordre a été respecté par les F.F.I. et les F.T.P. C'est ainsi que la ville de Scaër a été libérée sans un coup de feu et surtout sans une goutte de sang.
Le lendemain, le 03 Août, nous avons pris possession du château qui est maintenant remplacé par la maison de retraite. Les F.T.P. se sont installés à l'école St Alain. »
A gauche Jean Vigouroux, à droite : Christophe Bouguennec |
- Émile Guéguen, responsable FTP : « Le 2 août 44, au soir, il y eut un rassemblement près de l’Isole. Nous avions constaté du mouvement du côté du château (site actuel de la maison de retraite) occupé par les Allemands. Nous avons installé le groupe Bob à Croix-Sinquin. À la nuit tombée, cinq camions allemands, vides, se sont dirigés vers Gourin. Le 3 au matin, ils revenaient chargés. Les FTP les attendaient à Pont Lédan et les ont attaqués. D’autres résistants arrivaient en renfort par le canal de Meil-Pont commandés par le capitaine Calvary, avec comme « prisonnier » le capitaine Tréflez (on reprochait à ce dernier d’avoir été le secrétaire du tribunal ayant condamné De Gaulle à mort). Les Allemands installés au château, avertis par le bruit, ont pris ces renforts à revers. Curieusement, c’est le capitaine Tréflez qui dirigea le repli vers le maquis ».
- M. Le Dez, responsable FFI, apprend le 3 août, par une personne travaillant au château de la famille de Kerjégu que les troupes allemandes préparent leur départ vers Bannalec et par-delà vers Lorient. « Fallait-il les attaquer en route ? Nous étions bien armés, mais il y avait un risque de représailles dans les quartiers entre Scaër et Bannalec. Il n’y avait plus aucun Allemand à notre arrivée. J’ai accueilli ainsi le 4 août au matin, le lieutenant-colonel Tallec, qui a installé une infirmerie à l’école des garçons, l’enseigne de vaisseau Blanchard, qui s’occupera des transports, et le commandant Croissant, qui deviendra responsable du ravitaillement ». La nouvelle du départ des occupants se répandit bien vite : la population se rassembla au bourg pour un défilé .
- Le Finistère dans la guerre ( G.-M. Thomas et A. Le Grand - 1981) :
"Le 3 août, depuis 5 heures du matin, le corps franc de Job Giquelay, quelques hommes du corps franc de Quimper et le groupe Marcel Piriou sont en embuscade au carrefour de Pont-Lédan en Scaër. Ils disposent de quatre fusils-mitrailleurs.
Vers les 8 heures, se présente, venant de Gourin, un camion chargé de soldats allemands, précédé de motocyclistes. Les F.T.P. ouvrent le feu et le combat s’engage. Deux F.M. s’enrayent très vite. Deux patriotes sont blessés : De Lagranderie, chef du groupe, et Briand, de Quimper. . .
Les Allemands sont supérieurs en nombre, les patriotes décrochent. Dans le même temps, un groupe commandé par Calvary, qui a pris position au lieu-dit Rouzigou, est attaqué par un renfort allemand venant de Scaër. Vive fusillade. Les patriotes comptent deux morts : René Le Hamp et René Le Bomin. Au cours du repli, trois soldats postés sur la voie ferrée sont « neutralisés » par Calvary et Le Guen."
Une Délégation spéciale
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Le 31 août, René Carer fut désigné par le préfet comme président de la Délégation spéciale comprenant Louis Boutet, Louis Guillerm, Christophe Le Bihan, Henri Le Bras, Alain Ollivier, Madeleine Pézennec, en remplacement de Louis Monfort, maire « nommé » depuis avril 1941.