Durant 40 ans, deux conserveries de légumes ont fonctionné sur la commune, employant jusqu’à 200 personnes et valorisant le travail des agriculteurs locaux.
La conserverie de Pont-Lédan
Yves Ollivier, forgeron-quincailler place de l’église, construisit en 1929 une conserverie de légumes en bordure de l’Isole près du Pont Lédan. Dans le même quartier, au moulin du Pont il avait installé en 1910 pour alimenter le bourg en électricité une turbine alimentée par le canal parallèle à l’Isole partant de Stang Dour.
| La conserverie Larzul vers 1970. L'usine a du quelquefois cesser son activité lors des crues de l'Isole
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| | Carte postale de la conserverie années 1930
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La conserverie de Pont-Lédan traita d’abord petits pois et haricots puis ensuite flageolets et compote de pommes. En 1946 Yves Ollivier loue l’usine à Saincère/Gloanec puis à Lefèbre en 1953 jusqu’à 1956. En 1956 l’usine est rachetée par la famille Larzul qui possède plusieurs usines dans la région
En 1978 , Paul Larzul fils rachète les parts de son père et de sa sœur. Il se trouve en charge de 5 usines : Agde (sardines de Méditterranée), Doëlan (thon et plats cuisinés), Etel (sardines), Scaër (haricots et poissons, cœurs d’artichaut) et Plozévet (maquereaux au vin blanc et sardines). Ces cinq unités sont petites avec 50 personnes environ chacune, Paul Larzul se trouve devant un problème de rentabilité générale.
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A: la turbine de 1910; B: La conservervie; C: le carrefour de Pont Lédan en 1971
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Il rationalise la production en supprimant notamment 13 marques. il maintient la marque haut de gamme ‘’Captain Cook’’.
Pour finir de rationaliser son entreprise, Paul Larzul doit choisir le site de l’usine moderne entre deux communes: Plozévet et Scaër . Plozevet est le berceau de sa famille ; le site de Scaër est le plus favorable du point de vue économique, en particulier du point de vue logistique. Paul Larzul prend deux rendez-vous, à quelques jours d’intervalle, avec la mairie de Scaër et celle de Plozévet. Les deux communes avaient prévu un terrain pour ce projet . Non prévenu par les services municipaux, le maire de Scaër manque ce rendez-vous. A Plozevet « le tapis rouge est déroulé pour l’arrivée de Paul Larzul ». Petite cause, grand effet, l’usine de Scaër fermera en décembre 1986 et l’usine de Plozévet démarrera début 1987, avec 70 personnes au démarrage et plus de 130 en 2004.
Les locaux de l'ancienne conserverie sont occupés en 2023 par MR Chapiteaux( locations de tentes et chapiteaux ).
| Yves Ollivier exploitait aussi une quincaillerie-forge et un commerce de matériel agricole en face de l'église
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| | Passage d'une course cycliste devant la conserverie Ollivier en 1939
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La Primeur Française
Le groupe ‘’Chancerelle’’ qui possède deux usines à Penmarc’h et Quimper choisit Scaër comme site d’un nouvelle usine en 1948 pour faire des conserves des conserves de petits pois et de haricots. Dès 1950, en dehors de la saison de petits pois et haricots, elle produit des conserves de poisson. Elle se fournit en petits pois et haricots auprès de courtiers scaërois qui font l’interface avec les agriculteurs.
L’usine emploie en saison 150 personnes : 100 femmes à la chaîne de production et 50 hommes aux activités de transport, chargement et maintenance. En saison de récolte, très courte mais intense, les horaires de travail peuvent aller de 8h le matin à 2 h le lendemain matin les jours de pointe, soit 18 à 19h de travail. Le salaire de base étant le salaire minimum sur la base de 40 h les heures supplémentaires apportent un complément du premier ordre.
| La Primeur Française ( carte Gaby des années 1950)
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| | Le bâtiment a été rabaissé lors de l’installation de la solderie Bailleul
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La mécanisation de la cueillette donne la possibilité de se lancer dans la culture de petits pois et haricots dans les grandes étendues de Picardie et du Nord. Ces régions viennent concurrencer la Bretagne dans des conditions économiques avantageuses alors qu’elle avait jusque-là un quasi-monopole. Le site Chancerelle de Scaër fait l’objet d’une étude d’extension au tout début des années 1960, un terrain est acheté dans le prolongement de l’usine.
En 1962 l’usine est reprise par une société nantaise. En 1963 une grève de 8 jours est déclenchée en pleine saison, les employés revendiquant des augmentations ayant été accordées aux chauffeurs. La nouvelle direction ne retient pas le site de Scaër comme site d’extension. L’usine fermera en 1966.
Dans les années 80, le site sera occupé par la solderie Bailleul, puis Domespace y assemblera les éléments de ses maisons dômes et y préparera les livraisons. Puis cette entreprise s’installera à Quimper et les murs de la Primeur française serviront de support aux graffeurs. En 2023, un autre avenir est en projet pour cette friche industrielle.
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Les graffeurs ont décoré les murs de l'ancienne conserverie après 2010
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Victimes de la concurrence des grandes plaines
La fermeture de ces deux conserveries résulte, d’un arbitrage d’une société qui choisit entre plusieurs sites industriels. « En effet la mécanisation de la cueillette donne la possibilité de se lancer dans la culture de petits pois et haricots dans les grandes étendues de Picardie et du Nord. Ces régions viennent concurrencer la Bretagne dans des conditions économiques avantageuses alors qu’elle avait jusque-là un quasi-monopole ». Les industriels bretons se sont réorganisés en créant quelquefois des usines en Picardie (Chancerelle), ou en améliorant la rentabilité des sites bretons par des gains de productivité qui passent notamment par des regroupements et des extensions ( Larzul).
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Source principale des informations :"Scaër, 1945-2000,Un demi-siècle de l’histoire, mouvementée, de la plus grande commune de Bretagne " Henri Gilles, mémoire de maîtrise présenté en septembre 2004 à l’université Sorbonne Paris IV.
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