Avant la guerre, plusieurs équipes de sabotiers travaillaient dans la forêt de Coat-Loch : ils quittaient leur « penty » le lundi matin, emportant les provisions pour la semaine et logeaient dans une hutte de branchages construite en bordure d'une voie charretière.
Début août 1999, Yvan Bertali, responsable ONF de la forêt, avait invité René Bruno du Fermou et son homonyme de Rosporden pour présenter la première hutte construite par le foyer ados de la MJC près de la maison forestière, les outils du sabotier et la vie en forêt. Quelques dizaines de vacanciers avaient apprécié cette animation improvisée commentée par les anciens sabotiers.
Dans la hutte enfumée
La hutte de Coat-Loch a six mètres de diamètre et aurait pu loger quatre personnes. A l'intérieur, un foyer central surmonté d'une claie sur laquelle séchaient les sabots et un bâti de couchette assez haut (les sabots finis étaient stockés en-dessous). « Les copeaux alimentaient le feu qui brûlait en permanence, dégageant beaucoup de fumée. Le patron sabotier installait son établi et sa couchette près de l'entrée. Celui de l'apprenti était au fond, là où la fumée était la plus désagréable ». Le quartier de Saint-Guénolé comptait peu d'agriculteurs. « On était sabotiers, tailleurs de pierre ou tailleurs d'habits. Les femmes des sabotiers restaient à la maison pour soigner vache et cochon pendant que les hommes étaient en forêt ». Tous les lundis matin, ils s'en allaient en forêt de Coat-Loch ou de Carnoët. La musette de toile bleu ou rouge contenait le pain, le beurre, le lard et les pommes de terre pour la semaine.
Paroir et cuiller
L'administration des Eaux et Forêts vendait chaque année des lots de bois : L'adjudicataire vendait les chênes en bois de marine pour les arsenaux et les hêtres aux sabotiers. La première journée de la semaine, on abattait les hêtres et on les tronçonnait à la longueur des sabots.Une fois débitées, les sabotiers ramenaient les pièces de hêtres vers la hutte, sur leurs épaules. Les jours suivants, les tailleurs donnaient la forme aux sabots tandis que les creuseurs façonnaient l'intérieur. Ils utilisaient des haches à manche court pour dégrossir la forme ; le paroir, tranchant comme une lame de rasoir servait pour tailler les surfaces courbes, les cuillers creusaient les sabots. Pour déterminer la pointure, le sabotier utilisait une règle aux mesures mystérieuses. D'autres outils spécifiques, également exposés sur un banc près de la hutte, étaient utilisés pour le talon où la pointe du sabot. « Les meilleures équipes faisaient cinq douzaines de paires de sabots par semaine. Il y avait des équivalences pour calculer le salaire : fabriquer 12 sabots d'hommes correspondaient à 16 sabots de femmes et 24 sabots d'enfants. Quand le stock était suffisant, un charretier venait les prendre pour les acheminer vers les dépôts de vente. On en vendait aussi sur les marchés et dans les ports ».
NB : Autres détails dans les témoignages de Louis Lessard et de Louis Le Bas