Fañch Goapper. Les souvenirs d"un garde-champêtre

Portrait de Fañch  Goapper qui fut garde-champêtre de 1945 à 1978. Il n'a jamais porté d'uniforme  de sa fonction mais était un peu l'homme à tout faire de la commune.

Assurer la police municipale

Fanch Goapper est devenu garde champêtre le 8 février 1945, du temps de la délégation spéciale : « On m'a chargé d'abord de surveiller la décharge de Pontigou-Traon. Les gens y apportaient n'importe quoi : gravats, marc de pommes. Il me fallait essayer de faire comprendre aux gens qu'ils ne devaient pas agir ainsi. Je surveillais aussi le captage d'eau de la Source. Je m'occupais aussi des plaintes des particuliers, par exemple celui qui disait que l'eau sale du voisin passait devant chez lui. Le garde champêtre a le droit de verbaliser, mais avant cette procédure, on essayait d'arranger à l'amiable ».
Physiquement, le travail n'était pas dur, mais le garde champêtre avait à s'occuper de problèmes épineux : faire partir les forains qui stationnaient plus de 24 heures sans droit, annoncer des décès aux familles pendant les guerres d'Indochine et d'Algérie. Le garde champêtre était aussi « placier », c'est-à-dire qu'il devait placer les jours de foire les commerçants et percevoir le droit de place. « Christien et moi, on se mettait à chaque bout de la place de la Mairie, les agriculteurs payaient au fur et à mesure qu'ils entraient. Pour un cochon, c'était dix centimes, pour une vache quinze centimes. Le droit de place pour la charrette   c'était   un   cochon de plus ».
Cette activité du garde champêtre cessa il y a quinze ans, quand les ventes d'animaux se firent directement à partir des fermes.

Fañch  Goapper, garde-champêtre de 1945 à 1978


Depuis 2010, Hélène Gourdin est garde-champêtre. Mais avec des fonctions parfois différentes

Le casse-tête de la Mi-Carême

« Avant la  foire yen , je ne dormais pas la nuit, je me demandais comment placer tout le monde, commerçants et agriculteurs. Les petits cochons étaient relégués dans la cour de la gare. La grande rue, c'était pour les boutiques. A la Mi-Carême, j'avais dix fois plus de demandes que de places. Et il fallait laisser le devant de la mairie libre pour les chars. J'ai vu la place Victor-Hugo archipleine dans les premières années après sa réalisation : des forains ont même été obligés de partir. Pour tous ces problèmes, il ne fallait pas avoir de parti-pris, de préférence pour l'un ou pour l'autre ».

J'ai vu la place Victor-Hugo archipleine dans les premières années après sa réalisation


Annoncer les nouvelles

Parmi les multiples activités du garde champêtre, nous noterons que ce dernier jouait déjà le rôle d'agent d'enquête : demande de renseignements, apporter les mandats de bourse aux familles, les primes pour les chevaux, les bons d'essence détaxée. « Je faisais tout cela au début à vélo. Je me suis occupé encore, sous la direction du vétérinaire, de marquer la viande chez les bouchers. J'apportais aussi les mandats d'aide sociale. La taxe mobilière :  j'étais le seul à bien connaître le problème ».
Fañch Goapper a été aussi « messager » ou crieur public pour annoncer les nouvelles à la population : « Je tapais sur le tambour pour annoncer les arrachages de petits pois, les ventes, les nouvelles locales ». Le messager proclamait ses « avisses » au carrefour Navellou, au carrefour rue de Kernabat, près du cimetière, près de l'église, au bas de la rue Voltaire, près de la gare et de la Croix de Mission. Cette pratique cessa au début des années 50.
A cette époque, le garde champêtre vérifiait encore l'éclairage public, assurait l'affichage municipal. Il avait la charge du fonctionnement des douches municipales  de la rue Queignec   :«Je me levais à 5 h du matin pour allumer le feu afin de chauffer l'eau ».
Nous oublierons certainement de citer d'autres activités tant et et si bien que le garde-champêtre qui n'a jamais eu d'uniforme était un peu l'homme à tout faire de la commune, parfois à titre bénévole. Ces attributions officielles, police municipale, et annoncer les nouvelles ont disparu, du fait de la présence de la gendarmerie et du développement des journaux publiant les informations locales.

Fañch Goapper fut également le président du comité des fêtes de son quartier de Loge-Gaor et un des animateurs du Vélo sport scaërois. Il avait donné son nom à la course cycliste qui se courrait autrefois lors de la fête de Loge-Gaor le 15 août. Voici le départ de 2003.
 

 22 ans plus tard...

 Fañch Goapper fut remplacé par Jean-Luc Thépaut qui avait le titre d'« agent d'enquête » et non plus de garde-champêtre! Christiane Laurent hérita également d'une partie des attributions de M. Goapper.
 Il faudra attendre 22 ans, en octobre 2010, pour que la commune engage Hélène Gourdin  en tant que  garde-champêtre. Ses fonctions sont aussi variées: gestion de l'accueil des gens du voyage, gestion du marché hebdomadaire, gestion des problèmes de voisinage; police administrative des débits de boissons, surveillance du cimetière et police funéraire... Elle participe également à des actions de prévention par le dialogue, en étant à l'écoute des jeunes et de la population, informant les administrés de la réglementation, vérifiant l'application des règles de sécurité et de tranquillité. 

Retour