La rue des douches

Dans la rue Queignec, existe un local qui accueillaient  5.000 personnes par an  en 1977: c'est le service des douches municipales, le bâtiment blanc à mi-chemin entre la gare et la rue Jean Jaurès.
Les Scaërois de longue date  se souviennent qu'autrefois  cette rue s'appelait la " Rue des Douches".

Chiffres et dates


Le bâtiment date de 1932 et suscita lors de son ouverture de nombreuses rivalités entre citadins et ruraux. Ceux-ci estimant que l'on favorisait les habitants du bourg!  Les premiers « « chauffeurs » Jean Belleguic et Henri Christien,  l'un le samedi soir, l'autre le dimanche matin, arrivaient trois heures avant l'ouverture pour allumer la chaudière à charbon.  Pendant la guerre, les élèves internes de l’école Saint Louis de Brest repliés à Scaër y venaient régulièrement. Après la guerre, la pénurie de charbon amena l'utilisation de la tourbe. C'est alors que Fanch Goapper devint le responsable des douches. Du temps où les écoles ne possédaient pas de douches, il arrivait à 5 h, le jeudi matin pour allumer le feu car les " pensionnaires" prenaient leur douche hebdomadaire au cours de la matinée.  A partir de 1960, il eut un aide en la personne de « Berthel » Laurent.
La chaudière à charbon rendit l'âme en 1961 et le mazout prit le relais de la houille pour chauffer les 3.000 litres d'eau qui alimentait le samedi soir et le dimanche matin, les 10 cabines de douches dont le confort étaitsommaire : point de carrelage ni de bac en faïence mais des cabines au mur de béton, ainsi que les claies en bois au sol.


La " salle des Douches" de la rue Queignec. Les sacs de charbon entraient par l'ouverture en bas à gauche
"Berthel" Laurent et Fanch Goapper en 1977

La clientèle de passage et les habitués


L'été, une bonne centaine de touristes fréquentaient chaque samedi et dimanche les douches municipales. En période hivernale, ce nombre tombe à 50 en moyenne. Des ouvriers des entreprises extérieures travaillant à Scaër  venaient le samedi soir, ainsi que  les chauffeurs routiers, quelques femmes et jeunes filles. Les habitués depuis  10 ou 20 ans, choisissaient toujours la même cabine et  attendaient si elle n'est pas libre. Il leur arrivait d’oublier leur serviette et leur gant de toilette. "Berthel" reconnaissait la serviette ou le gant qui appartenait aux habitués

Avant le muscadet et l'apéritif


Certaines personnes qui avaient chez elles douche et  baignoire fréquentaient cependant l'endroit :on disait que c'était par crainte des réprimandes de leurs femmes découvrant une salle de bain inondée.. En fait, beaucoup se rendaient aux douches pour retrouver les copains." On discute des événements de la semaine, on s'interpelle d'une cabine à l’autre, plaisantant sur la température de l'eau, un peu comme un rite hebdomadaire avant le muscadet ou l'apéritif". Les habitués passaient une heure parfois à discuter avec M. Goapper :ils étaient les  membres d'une  communauté  pour qui le local des douches était un   lieu   de   rendez-vous hebdomadaire, un de ces petits plaisirs qui faisaient le charme de la vie.

 Pas de nettoyage à la maison

Jos Daniel

En 1985, Jos Daniel avait remplacé Fanch Goapper. Une soixantaine de personnes prenaient alors leur douche hebdomadaire rue Queignec et en été la fréquentation était encore plus importante. C’était surtout le samedi soir que les clients sont les plus nombreux., avec un nombre important de Guiscrivites. On pourrait penser que ces douches rendaient service aux célibataires ou encore à ceux qui n'ont pas de salle de bains. Mais une bonne partie des habitués possédaient des douches chez eux. Ils trouvaient cependant plus pratique de venir rue Queignec.
«Ici on est plus tranquille, on n'a pas de nettoyage à faire après. Pour quatre francs ( 61 ct d’euros), ce n'est pas la peine de se priver . Point n’est besoin d’utiliser  la salle de bains familiale et de la nettoyer ensuite».


 

Retour