Outre le Cin-Isole les Scaërois de souche se souviennent avoir fréquenté, une autre salle, le Celtic Cinéma créée aussi dans les années 50.
Cinéma ambulant
La famille Kervran avait commencé à projeter des films durant la guerre . Leur garage, déserté par les voitures, fut transformé en salle obscure en 1940. M. Yvon Kervran et ses deux fils, Roger et Yves, passaient des films à Guiscriff. Le dimanche soir, le lundi à Leuhan chez Pierrick Calvary, chez Jaouen à Trégourez, à Saint-Thurien chez Gaonach, à Roudouallec. « On avait des tournées fixes, et quand on avait des creux, on allait ici ou là. On tendait un drap ou dans les salles, où il y avait un beau mur, on le peignait à la chaux... Pendant toute la guerre, on a fait cela. Au début avec des bicyclettes, chargées de 80 kg chacune. Quand on a eu un gazogène, on a commencé à utiliser deux projecteurs. À la fin de la séance, on gardait 7-8 spectateurs ; on leur payait à boire pendant qu'on ramassait notre matériel. Après, on leur demandait de pousser sur le gazogène pour le mettre en marche ».
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Le mur blanchi à la chaux servait d'écran
La salle de 400 places, située dans une arrière-cour de la rue Voltaire fut construite sur les plans de M. Madec, ingénieur des Ponts et Chaussées, dans les années 50 , Roger Kervran , qui a exploité cette salle, nous a relaté quelques souvenirs.
« Celtic Cinéma, c'était un nom courant à l'époque. La salle avait un plancher légèrement incurvé, remontant vers la scène et dans le fond. Il n'y avait pas d'écran : les films étaient projetés directement sur le mur blanchi à la chaux, teinté de bleu: il n'y a pas plus blanc. On avait d'abord un écran perlé, je l'ai supprimé et fait peindre le mur par Soaïk Even. On a pu faire la comparaison avec un écran métallisé, à l'avantage du mur ».
Fernandel jouait dans le premier film projeté. Les projectionnistes furent Roger Kervran lui-même, Robert Rannou père, Jean Nabat, Bernard Crenn et M. Houziaux père. Le Celtic Cinéma a fermé ses portes en juin 1967. « Pendant longtemps, on travaillait quatre jours par semaine. Le mercredi, on avait les instituteurs et les enfants, car il n'y avait pas école le jeudi. On avait nos habitués. À mesure qu'on ne les voyait plus, on concluait qu'ils avaient acheté un téléviseur ».
Le Celtic Cinéma accueillit, dans les années 60, les séances de théâtre des tournées Barré-Borelli. Les collégiens de l'époque se souviennent sans doute des représentations du Cid, d'Andromaque, de Britannicus. « II n'y avait pas de loges, les acteurs se changeaient dans le petit grenier au-dessus de l'appartement ».
Dernière vocation du Celtic Cinéma : lors des travaux de rénovation de l'intérieur de l'église, vers 1970 il avait été loué par la paroisse. Un autel était dressé sur la scène, et les fidèles assistaient à la messe, là où, quelques années auparavant, des spectateurs regardaient parfois des films un peu osés, pas toujours très «catholiques».