Résistance. les souvenirs de Louis Monfort

 En 1940, Louis Monfort avait 17 ans. Depuis son quartier de Miné-Tréouzal, il assista à l'arrivée des troupes allemandes et aux premiers actes de résistance. Des souvenirs qu'il n'a pas oubliés.

Louis Monfort dont le père fut député de la circonscription en 1939, puis maire de 1941 à 1944 a toujours en mémoire, avec force détails, les faits qu'il a connu durant la Résistance. Des faits dont certains sont restés dans l'ombre mais dont il garde une trace, dans ses souvenirs. 

 Le premier acte de Résistance locale date de juillet 1940. Les troupes d'occupation, 1.200 hommes, sont accueillies en plusieurs endroits du bourg. L'école Saint-Alain doit en héberger une centaine dans une zone définie à l'avance par l'intendance. Mais l'officier commandant les soldats veut occuper un espace plus important.

L. Monfort : une mémoire qui défie le temps

Un sermon au vitriol

« L'abbé Pennarun, le directeur de l'école, l'a repoussé. Il est tombé sur le dos et le prêtre a été conduit entre deux gardes au château où était la Kommandantur, raconte Louis Monfort. Libéré dans la soirée, le prêtre s'en est pris violemment, dans son sermon le dimanche suivant, " à ce régime sinistre ". Il y avait un soldat allemand parmi les fidèles, mais il n'a pas dû comprendre ». Louis Monfort garde en mémoire plusieurs anecdotes. Parmi elles : les dégâts d'une bombe soufflante, lâchée par un avion américain en perdition, qui a tué six vaches et une jument à Kervennou ; une petite fille blessée par une balle tirée par un soldat alors qu'elle était partie chercher de la farine ; un bombardement visant la Kommandantur qui détruisit une maison voisine, tuant Perrine Boëdec et ses deux enfants en novembre 1943.

Tous n'étaient pas des nazis

« Le 14 juillet 1944, la veille de la tragédie de Kernabat, il n'y avait pas d'Allemands à Scaër. Un groupe de résistants a déposé une gerbe au Monument aux morts, à 50 mètres de la Kommandatur. Lors du départ des troupes d'occupation, le 3 août 1944, Louis Enizan, du Poteau Vert, a été réquisitionné pour transporter dans sa charrette le paquetage des Allemands qui se repliaient. Ils avaient aussi pris le vélo et se sont arrêtés à Mellac. Louis Enizan a pu revenir trois jours plus tard, avec son cheval, sa charrette et son vélo ». Malgré tout, Louis Monfort attire l'attention sur le fait que tous les Allemands n'étaient pas des nazis : « Le capitaine qui était là, c'était quelqu'un qui faisait son boulot, mais le moins possible ». Il se souvient dans les moindres détails de l'arrestation d'un résistant, Job Kervéadou, que ce capitaine aurait pu libérer si le curé de Guiscriff, venu demander sa bienveillance, était intervenu avant que le rapport ne soit adressé à la Gestapo.

Une stèle à ériger

Il se souvient d'un accrochage entre les Résistants et l'occupant à la recherche d'armes parachutées dans son quartier de Miné Tréouzal. Louis Landrein, le FFI de garde, est grièvement blessé au ventre. Quelques jours plus tard, le jeune Louis Monfort a retrouvé son cadavre en décomposition, en cherchant une vache et son veau. « On a voulu marquer par une pierre l'endroit où il était mort. Cela n'est pas fait. Il mérite bien une stèle, car il est mort au combat ».

De cette période, Louis Monfort  garde également des souvenirs plus ironiques : « Chez nous travaillait un ouvrier nommé Tanguy, demeurant à Parcmarc. Il avait été fait prisonnier en 1940 et conduit à Stettin comme docker pour décharger des cargos de blé que Staline destinait aux soldats allemands, dans le cadre du pacte germano-soviétique. Tanguy, qui était communiste, l'avait mauvaise, ça, c'est sûr »...

 

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