Les horloges comtoises

Au début du XXe siècle, un des premiers symboles de l'ascension sociale fut la possession d'une horloge comtoise. Elle prit place dans un rang de meubles rustiques alternant lit-clos, armoires cloutées et vaisseliers. Du haut de leur cadran, elles ont vu tant de joies familiales, ou des moments moins gais. Tant est si bien que si elles avaient la capacité de parler plutôt que de sonner, elles nous conteraient dans le détail toutes les péripéties de la vie familiale sur plusieurs générations. 

Selon leur niveau social, les paysans commandaient une armoire en bois de peuplier, de sapin, de chêne, avec ou sans décoration. Parfois, on achetait une horloge d’occasion pour tenir son rang dans la société paysanne. Parfois, c’était un achat groupé. En 1906, les 4 sœurs Le Bris de Cleumerrien achetèrent la même horloge Chez Miroux au Faouët. On en retrouve la trace dans un inventaire notarié de 1913 :" Un horloge et son armoire : 25 francs", soit presque le prix d'un lit-clos. En 1945, cette horloge « et sa boite » fut estimée à 75 francs sur un acte de donation.



Une comtoise fabriquée vers 1880 
 dans sa sobre "boite" décorée 
de peintures paysannes 
Les mécanismes des comtoises sont robustes


 Les gardiennes du temps

La plupart de ces horloges ont un mécanisme identique et on trouve encore toutes les pièces sur des catalogues spécialisés. Beaucoup de ces horloges fonctionnent toujours. Mais à force d'égrener les heures et les minutes durant des décennies, ces horloges à balancier souffrent de quelques maux. L’horloger Scaërois Robert Guiheux tentent de redonner une seconde jeunesse à ces gardiennes du temps. " Les comtoises sont des horloges robustes dont les horlogers locaux commandaient les mécanismes en Franche-Comté. Ils se contentaient d'inscrire leur nom sur le cadran émaillé. L'entourage en métal s'appelle une cage, des piliers en acier supporte les trains d'engrenage Certaines sont un peu différente car elles avaient une aiguille de plus pour les secondes, la date. Plus rare, j’ai vu une sonnerie réveille-matin sur deux modèles". La précision de ces horloges avoisine la minute par semaine  : " Quand je reçois des mouvements, je commence par un nettoyage. Il y a de la poussière, les gens ont mis de l'huile ou du pétrole, ce qui ne leur fait pas toujours du bien : il vaut mieux que l'engrenage soit sec… Puis je rectifie le jeu des axes et des pivots. Il y a aussi parfois de dents d'engrenage de cassé : on rajoute un morceau de métal et on recrée la forme de la dent…Je remets une cloche, je change les cordes qui soutiennent les poids Souvent il me faut une journée pour nettoyer, réparer, remonter". 


Une comtoise photographiée par Creston en 1943
dans une ferme scaëroise



Robert Guiheux a installé le boitier sur des équerres de régler  le mécanisme


Les cadrans de comtoises ont varié selon  leur époque de fabrication


Pour régler ces horloges, Robert Guiheux installe les boîtiers sur des équerres, y suspend le balancier et procède par tâtonnement : " il y a des balanciers qu’il faut alourdir en glissant des poids derrière le grand disque du bas." . Dernière étape : le nettoyage de l'entourage en laiton du cadran. Robert Guiheux ne s'intéressait pas qu'à ces grandes horloges : " J'ai une collection d'anciennes pendules de ville. Elles ont des mécanismes à échappement également mus par ressorts. Sur ces modèles, on recherche surtout l'esthétique et la précision. Il y a même des pendules dont le balancier est une bille de mercure. Ici c'est une pendulette de voyage, au mur, une pendule œil-de bœuf que l'on trouvait autrefois dans les cafés"


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