En février 1943, Jacques Bruchet, architecte rennais, a visité la campagne scaëroise dans le cadre d’une enquête du Musée national des arts et traditions populaire : Céleriou, ,Kerzao, Tréouzal, Cleumerrien, Ty Motter, Kerzéré… Il a écrit des notes présentant les particularités de chaque village, dessiné des plans et pris quelques photos. Il a confié plus tard une partie de ses notes à Charles Burel et les photos sont consultables sur le site du Mucem de Marseille. Ces notes et plans lui ont servi notamment à rédiger une monographie sur la ferme Boëdec de Keranguen. Par contre ses autres écrits n’ont jamais été exploités et donc publiés. Nous associons les notes manuscrites et les photos pour la première fois pour en faire une synthèse qui concerne surtout les anciens bâtiments du XVIIIe/XIXe siècle
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Dans sa première visite prospective à Kergroac’h le 6 février 1943 chez Henri Croissant, maire de 1920 à 1941, Jacques Bruchet a noté ceci :« ancienne maison d’habitation désaffectée qui sert d’étable. Habitation actuelle de 1864. Bâtiments d’exploitation récents. L’ensemble forme une cour ouverte entourée de sapins. Propriétaire : M. Croissant, ingénieur agronome ». Jacques Bruchet revient à Kergroac’h le 22 février pour une étude plus approfondie. Il relève à nouveau la présence d’une ancienne habitation-étable, de deux écuries et d’un Karrdi- leur (hangar).
Ar Veol ?
Encastré dans un mur de la partie postérieure de l’étable, il y avait « ar veol » c’est-à-dire une auge, une cuve qui servait à entreposer la nourriture des porcs. « Au mois de mai, on ramassait au saint, près du Faouët, des oignons d’asphodèles, milad en breton, et des jeunes pousses de fougères. On cuisait le tout puis on le malaxait. Une partie était entreposée dans l’auge (veol). L’autre partie entreposé dedans un silo sous terre en y ajoutant un peu de farine de seigle afin de faire fermenter. On en retirait une partie suivant les besoins, tous les huit jours environ. Cette nourriture se préparait pour un an ».
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A propos de l’ancienne maison (Ty-Coz), M. Croissant témoigne: « Une partie servait d’habitation. Au-dessus, il y avait un fenil. L’autre partie, postérieure en date, servait d’étable et de porcherie. Les domestiques logeaient au-dessus. Dans le pignon, il y a une porte d’entrée bouchée à l’étage. Le fenil et la partie réservée aux domestiques communiquaient et on laissait tomber le foin et la litière directement sur les bêtes ».
L'abandon des lits clos |
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Dans toute la Bretagne, l'ensemble rural comprenait, avec la maison
d'habitation, l'étable (kraou), qui la prolonge, puis la porcherie et,
sur les autres côtés de l'aire à battre, un ou plusieurs hangars,
parfois d'autres étables ou écuries. Le fumier est entreposé contre le
mur des crèches et de l'écurie.
Les hangars, dont le nom breton est
karrdi ( maison à voiture), sont faits de branches d’arbres et couverts
en genêt. L'un sert à abriter charrettes, brabants et autres instruments
aratoires, à entreposer les récoltes. Au fond d'un karrdi, un pressoir
attend la récolte des pommes. Adossé au pignon d'une remise qui contient
le bois de chauffage, on remarque une petite construction circulaire :
c'est le four.
A Kergroac'h, J. Bruchet a encore écrit quelques notes sur le « Karr-di leur », le hangar avec sol dallé :il servait auparavant à abriter blé noir, seigle avoine, d’hiver, charrues, petits outils. « Actuellement (1943)M . Croissant s’en sert pour abriter ses semences de pommes de terre ». Il conclut : "L’ancienne ferme comportait de nombreux pennti aujourd’hui démoli".
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