Les cinq variétés de granit de l'église Sainte Candide

Le chantier de construction de l’église actuelle, dédiée à Ste Candide et St Alain, dura de juillet 1873 à septembre 1874 sur le site de l’ancienne église du XIe -XIIe siècle. Une partie des pierres de cette première église romane fut utilisée pour les fondations. D’autres moellons, les plus beaux, furent réutilisés pour l’édification des murs du nouveau bâtiment.
On les retrouve associés à de nouvelles pierres de taille extraites des carrières locale au XIXe siècle : la pierre neuve à gros grain étant employée conjointement avec les pierres analogues de l’ancienne église.




Les murs extérieurs des élévations présentent l’alternance régulière de deux assises en granite fin avec deux assises en granite grossier


 L'aplite a été utilisée pour les portails

La pierre dure de Scaër

Le devis de l’architecte Bigot établi en 1872 prévoyait «  d’employer 756 m3 de pierres de taille, dont 216 m3 en granite de Trégunc et 540 m3 en pierres du pays. Toutefois, pour les chapiteaux, appel doit être fait au granite de Quimper. À l’issue d’une première adjudication restée sans résultat, le devis préparé pour une deuxième tentative substitue « la pierre dure de Scaër » à celle de Trégunc dont le transport est estimé presque impossible. L’entrepreneur Gassis a trouvé près de Scaër une carrière de pierre aussi dure que celle de Trégunc, mais la mise en œuvre des pierres locales – le granite très fin et le granite grossier – pose problème. À M. de Kerjégu – propriétaire d’une carrière de granite à grain très fin – considérant qu’il serait absurde de mélanger  les deux roches, l’entrepreneur fait remarquer que telle n’est pas son intention : la pierre très fine est prévue pour tous les piliers, demi-piliers, porte principale… ; la pierre à gros grain pour tous les éperons en élévation, les fenêtres des bas-côtés de la nef »

Alternance de granit à grain fin( A) et de granit plus grossier ( B) sur la façade sud . Ce dernier fut aussi utilisé par les contreforts et l'encadrement des baies


Les aplites des rangs du haut ont été bouchardées . Une ciselure périphérique de 2 à 3 cm de large fut exécutée au ciseau droit pour protéger l'arête.


L’aplite

 Ce granit à grain très fin, cité par James de Kerjégu, est une aplite, une roche de teinte claire ( leucogranite) caractérisée par des cristaux de petite taille et que se trouve en filons associé à d’autres granits. Issu des carrières du sud de la commune, il  est nettement visible sur les murs de l’église.  Louis Chauris (*) : « Le granite à gros grain est essentiellement mis en œuvre dans les contreforts, les encadrements des baies de la nef… ; le granite à grain très fin (l’aplite), d’une blancheur éclatante, dans les piliers, les demi-piliers, les portails… Les murs extérieurs des élévations présentent l’alternance régulière de deux assises en granite fin avec deux assises en granite grossier, ce qui leur confère un cachet original ; localement (absidiole près de la sacristie), le granite à grain moyen occupe la place du granite grossier ; dans le transept nord, l’alternance est marquée par l’association granite fin-granite moyen d’une part, granite grossier d’autre part. Le granite de Quimper, de nuance plus sombre, réputé pour la sculpture, a été recherché pour les chapiteaux. Le granite de Trégunc qui devait être réservé  à l'origine  pour les marches, a été remplacé par le kersanton (accès à l’église et escaliers de la tourelle vers le clocher) ». 


Transept nord : le granit moyen (A) alterne avec le granit à gros grains ( B)



Absidiole près de la sacristie : Alternance de rangs de granit moyen (A) de granit fin (B) et de granit grossier (C)


 

Granit de Quimper pour le chapiteau et aplite de Scaër pour le pilier


Granit de Kersanton ( kersantite) pour les marches de la sacristie

 
 Lors de sa visite à Scaër, il avait aussi constaté que « L’aplite de Scaër a été également recherchée pour l’habitat. L’ancienne demeure du poète Brizeux,(**) près de l’église de Scaër, porte le millésime 1730 ; le sombre micaschiste y alterne avec la claire aplite ; la qualité de l’inscription sur le linteau confirme l’aptitude de cette dernière à la sculpture (son aspect marmoréen a déjà été évoqué). Peut-être faut-il attribuer à ce matériau exceptionnel le développement de l’atelier des sculpteurs de Scaër».

 

La carrière de M. de Kerjégu  est sans doute celle de Kerjames



(*) Louis Chauris :Géologue, docteur en sciences naturelles  Directeur de recherche au CNRS en retraite Chercheur associé au Centre de Recherche Bretonne et Celtique (CRBC). Ouvrage source: « Pour une géoarchéologie du Patrimoine : pierres, carrières et constructions », PUF , 2016.

 (**) : aujourd'hui:  le cabinet dentaire, rue Brizeux.

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