Les comices agricoles d’hier à aujourd’hui


Un comice agricole (ou de préférence au pluriel comices agricoles) est une assemblée formée par les propriétaires et les fermiers d'une région pour échanger les expériences de chacun afin d'améliorer les procédés agricoles et, à l'occasion de cette manifestation ouverte au public, de la rendre festive par différentes animations ( Wikipédia).  Vitrines des activités agricoles du canton,  ils se sont développés au cours de la seconde moitié du XIXe siècle. 

Concours de vaches laitières Prim'Holstein à Locunduff en 2013

Dessin original intitulé : "Comice de Scaër - 5 octobre 1874". Dessin du baron de Wismes - à partir de la fenêtre de la mairie de Scaër (1er étage actuel du pôle des services). On peut reconnaitre à  droite l'amorce de la rue Voltaire

Yann Lagadec, maître de conférences en histoire moderne à l'université Rennes 2  en explique la genèse :« Le comice agricole cantonal, par la proximité sociale et géographique qu’il permet, rend l’innovation accessible à tous ou presque y compris les modestes exploitants. Il permet, selon Charles Chevallier de la Teillais, professeur d’agriculture en Ille-et-Vilaine sous le Second Empire, « de réunir les cultivateurs afin qu’ils échangent leurs idées, les observations, les essais que chacun a pu faire … Le cultivateur, naturellement méfiant, croira ce qu’il entendra dire par ses voisins, et ce qu’il pourra voir dans leur ferme ». Le comice offre ainsi la possibilité d’une pédagogie par l’exemple : celui d’un voisin proche, géographiquement et socialement.


James de Kerjégu fut l'un des initiateurs du herd-book de la race bretonne Pie Noir



Les comices agricoles créaient une émulation entre agriculteurs les incitant à améliorer leurs terres



  La distance séparant les cultivateurs du lieu du concours annuel est souvent réduite à quelques kilomètres, la cotisation pour adhérer au comice est limitée à quelques francs. :c'est ainsi par dizaines que l’on compte les concurrents dans les différentes catégories lors des fêtes des comices bretons chaque automne, par centaines les spectateurs qui pourront observer l’araire Dombasle en action, les résultats de nouvelles cultures, l’aspect de nouvelles races.


Les résultats du comice agricole de Scaër parus  le 27/09/1935 dans l'Union agricole du Finistère. Outre les  bovins, porcs et volailles, le jury notait également cidre, beurre, les produits agricoles. Plus insolite: le classement des serviteurs ruraux et des familles nombreuses.

Les comices tendaient à favoriser les réunions des agriculteurs, à multiplier leurs relations, l’échange de leurs idées, à mettre en commun les connaissances spéciales de chacun. Les primes distribuées  provoquaient une émulation au sein du monde paysan pour qu’il se décide à abandonner les systèmes routiniers et entrer dans la voie du progrès.
Mais ce n’est pas seulement la prime en argent qui flattait l’agriculteur ; c’était surtout l’honneur d’être cité parmi ses concitoyens comme un homme intelligent et de progrès; c’était le  plaisir  qu’il  éprouvait de voir ses produits et son travail, connus et appréciés. Ils introduisent de nombreux et utiles perfectionnements dans le mode de culture . Ces concours propageaient de nouveaux instruments agraires; amélioraient les races chevalines et bovines.

Ces comices se déroulaient le plus souvent au chef-lieu de canton. A Scaër, François de Kerjégu puis son fils James présidèrent le comice agricole . Ce dernier s’investit dans le développement de la race bretonne pie noir et présidera le Herd-book breton.
Les concours réunissant les chevaux de trait ont perduré à Scaër jusque vers 1980 sous l'égide des haras d'Hennebont .

En haut : Agricom en aout 1994 à l'ancienne gare. En bas: concours de chevaux place V. Hugo



Une araire Dombasle utilisée au début du XXe siècle sur la commune de Scaër


Dans les années 1990, les éleveurs scaërois organisaient « Agricom », un comice agricole associé à la braderie des commerçants locaux. En juillet 2013, des éleveurs de Cornouaille (Rosporden, Fouesnant, Ergué-Gabéric Saint-Evarzec, et Scaër) organisèrent la Fête de l'élevage chez Philippe Sinquin, à Locunduff.  Chaque année, cette fête se déroule dans une commune différente et permet aux agriculteurs de faire connaître leur travail tout en proposant des animations. En 2013, il y avait un concours de vaches laitières prim'holstein (une soixantaine d'inscriptions) et de chevaux de trait bretons (45 inscrits). Il s’agissait des plus beaux représentants de la Cornouaille. Plusieurs d'entre eux concouraient également au Festival de l'élevage à Quimper, au Space à Rennes ou au Salon de l'agriculture à Paris. 

Sources: Y. Lagadec;  Les comices agricoles ( archives de l'Orne)

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