Trois anciens arbitres scaërois témoignent



Trois arbitres scaërois ayant exercé au milieu du siècle passé nous livrent leur témoignage.

 

Pierre Morvan, l'arbitre à vélo

Pierre Morvan, arbitre de district

 Pierre Morvan, âgé de 62 ans  en 1983 à officié sur les stades de la région pendant 28 ans.
« Je jouais en équipe première aux Gournerien Skaer qui étaient alors en seconde division, durant la guerre. Il fallait un arbitre pour le club. On me l'a demandé, je ne me doutais pas que j'exercerais pendant 28 ans. J'ai arrêté à 50 ans pour raison de santé...
« II y avait un examen à passer : l'écrit d'abord sur les règles du jeu, puis la pratique sur le terrain. Je suis devenu ainsi arbitre de district et ai suivi l'ascension des Gourns jusqu'en D.S.R.Durant les dernières années, je ne faisais plus cependant que la touche ».
Des souvenirs, on en accumule certainement durant une si longue carrière, souvenirs d'amitié entre collègues : « A l'A.S.S., il y avait comme arbitre, Jo Le Meur, Burel puis Nabat et Floch »; souvenirs des stades de la région : « On allait à Pont-Croix, Plomodiern, Douarnenez, Landeleau ».
Il n'était pas toujours évident de rejoindre le stade à l'heure du match. « Pour aller sur Pont-Croix, Douarnenez, il y avait des cars, donc moins de problèmes. Par contre, je me souviens du manque de communication avec Carhaix. Je mettais mon vélo dans le train car il n'y avait plus de correspondance pour revenir. Une fois, je suis parti de Scaër, à 10 h du matin, pour arbitrer, à Carhaix toujours. Je suis rentré à 10 h du soir. Au total, 74 km ».
Ensuite, M. Morvan a utilisé un cyclomoteur et une voiture pour atteindre les stades de la région.
Des derbies houleux
« II y avait moins de contestation envers les décisions de l'arbitre que maintenant. Les cartons jaunes et rouges n'existaient pas. Après un avertissement, en cas de récidive, le joueur rejoignait le vestiaire. Si le joueur n'obéissait pas, l'arbitre arrêtait le match et dressait son rapport ».
M. Morvan se souvient encore des derbies locaux à une époque où les chauvinismes étaient plus virulents que maintenant : « II y avait un public nombreux  pour les rencontres Gournerien Skaer-AS scaëroise. Mais tout n'était pas sans problème. J'ai vu trois arbitres, une fois sur le terrain ».


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Armand Le Floc’h Le volant et le sifflet

Armand Le Floc'h

En 1978, Armand Le Floc'h, 46 ans , exerçait la profession de. chauffeur-routier : « Je suis rentré aujourd'hui à 14 h et ce soir je dois arbitrer une rencontre à Carhaix, à 20 h 30 ».
M. Le Floc'h était l'arbitre de l'Association sportive scaëroise ( ASS) depuis une douzaine d'années : « J'ai succédé à Jo Le Meur. Je suis arbitre de Ligue, c'est-à-dire que je peux arbitrer des rencontres de D.H. et même de troisième division, mais à la touche dans ce cas ».
Comment devient-on arbitre ? « J'ai toujours aimé le foot. J'ai joué à Rostrenen, à l’A.S.S. et j'ai terminé à l'Avenir de Guiscriff. Pour devenir arbitre, il faut d'abord s'intéresser au règlement de très près, puis on commence à arbitrer des matches amicaux, des rencontres de jeunes ». Pour devenir arbitre de district, comme l'est M. Hélias depuis un an, il y a des épreuves théoriques et deux épreuves pratiques. Mais ensuite il y a encore les contrôles de la commission des arbitres ». Les arbitres de touche ont la même formation que l'arbitre du terrain.
C'est la faute à l'arbitre
Durant sa carrière d'arbitre, M. Le Floc’h a connu des matches  serrés. Mme Le Floc'h : « II a la réputation d'être ferme, alors on l'envoie arbitrer des rencontres qui promettent d'être houleuses ou tendues. Comme le match pour la montée en D.H.R. entre Coray et Léchiagat ». L'arbitre ne peut se permettre de tricher avec sa condition physique : « A propos du match précédent, les copains me disait  C'est pas toi ,qui va arbitrer même ce match-là ! L'arbitre court 90 minutes sur le terrain, tandis que les joueurs peuvent souffler quand même de   temps à autre.  L’arbitre, lui, doit  être  sur  toutes les  actions ».
Les arbitres constataient encore que, si la technique avait évolué, la correction des joueurs  aussi :   la contestation de mai 68 a déteint sur le fair-play de rigueur sur la pelouse. La brutalité fait son apparition : « Aux yeux des spectateurs et parfois des dirigeants, un  joueur a le droit de commettre une faute au moins. Mais l'arbitre n'a pas le droit de se tromper, C’est possible que  l'on  se  trompe, nul n’est  infaillible. Il y des dimanches où cela marche mieux que d'autres... ».
Ce n'est pas une sinécure que de vouloir modérer deux équipes qui veulent   en   découdre : « L'idéal, c'est de  rencontrer  deux  équipes correctes,  qui jouent sans  brutalité
Hélas, ce n'est pas toujours le cas : l'arbitre est pris à partie. Les supporters qualifiés de « chauvins » réussissent à prouver que si équipe a perdu, c'est de la  faute  au vent ou à l'arbitre, ce galeux, l'on dit trop payé, que l'on croit acheté   par   l'adversaire.   M.   Le Floc'h : « Les arbitres sont les bénévoles. On a une indemnité kilométrique et une prime de 30 Francs pour équipement. On ne perd rien, on ne gagne pas d'argent non plus. »
La vie de famille compromise
Selon le métier qu'il exerce, l'arbitre a une vie de famille compromise. Mme Le Floc'h : « Les femmes de joueurs se retrouvent sur le terrain. Mais moi qu'est-ce que j'irais faire sur la touche quand il arbitre à Brest. Le dimanche je reste à la maison devant la T.V. ». Mme Le Floc'h acceptait cependant que son mari s'en aille sur les stades : « C'est un défoulement pour lui comme d'autres ont la chasse ou font du vélo ». M. Le Floc'h : « Je fais cela par amour du foot. Je continuerai si possible jusqu'à la limite : 50 ans sur le terrain et 55 à la touche. »

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André Nabat, arbitre de ligue

Assis Au centre Dédé Nabat,  à droite : Pierre Morvan et derrière lui Armand Le Floch; à  droite : Jean Yves Burel

André Nabat a clos sa carrière d’arbitre en 1983 à l’âge de 45 ans en  1983  . M. Nabat a joué au football en première division de district à Saint-Thurien avant de devenir arbitre. Il a été l'arbitre de l'A.S. scaëroise pendant une année. Mais c'est au club de Querrien qu'il a effectué la plus grande partie de ses 20 années d'arbitrage. M. Nabat travaillait à l'abattoir Bigard de Quimperlé :après la fin de sa carrière d’arbitre officiel, il se rendit  plus disponible pour arbitrer les matches corpos de son entreprise. Il devint  contrôleur du club de Querrien afin de conseiller  deux jeunes arbitres querriennois : Daniel Sinou et Joseph Landuren. Son action en faveur du football consista encore à expliquer aux jeunes joueurs « les lois et l'esprit du jeu ».
Arbitre A de ligue (D.S.R. et P.H.), André Nabat se souvient de quelques matches importants/notamment un certain Paimpol-Guingamp en D.S.R., le dimanche suivant l'élimination par Guingamp de l'équipe de Lorient de la Coupe de France.
Il se souvient aussi d'un match heurté Brest-Châteauroux en C.F.A., où il était arbitre de touche. Une fin houleuse avec (presque) une évacuation des arbitres sous la protection de la police en panier à salade.
L'ancien arbitre parle encore des joueurs : « Ils sont moins méchants qu'autrefois mais plus contestataires »; de la foule : « L'arbitre doit rester insensible aux réactions du public. Cela rentre par une oreille et ressort par l'autre ».

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