Du leucogranite de Guerloc’h pour le musée de Caen



Durant la première moitié du XXe siècle, de Guerloc'h à Roz Rhun, les tailleurs de pierre, les « piker mein », exploitaient de multiples carrières destinées à la construction des maisons. Le développement des parpaings et du béton a entraîné la disparition de ces entreprises. Les carrières ont été envahies par les ronces, sont devenues parfois même des dépôts d'immondices.

 La Pierre de Scaër

Mais en 1993, M. Bouarka, gérant de la société GATE , « Granit Ardoises Transformation Exploitation », basée à Berné, demandait l'autorisation d'exploiter à nouveau la carrière de Guerloc'h, sise au carrefour des routes de Bannalec et Loge Brout. Il avait été séduit par l'aspect de ce granit blanc (leucogranite), au grain très fin, que l'on appelle aussi « Pierre de Scaër ». C'est elle qui a servi à la construction de l'église en 1873. Dans son étude «  Pour une géoarchéologie du Patrimoine : pierres, carrières et constructions en Bretagne », Louis Chauris attire l’attention sur  cette roche : « Parfois, la finesse et la clarté de la roche vont même jusqu’à mimer celles du marbre blanc (carrière de La Motte)».


La carrière de la société  GATE au carrefour des routes de Bannalec et Loge-Brout



Sur un bloc de granit blanc de Scaër, issu de la carrière de Guerloc'h, une plaque immortalise le nom de 31 résistants scaërois morts pour la France
 

 

La première étape consista à rendre possible une exploitation rationnelle du granit de Guerloc'h : créer une entrée sur la route de Loge Brout, enlever immondices et pierrailles issues de l'ancienne carrière de pierres de construction, décaper la terre pour élargir le front de taille.
La société Gâte avait obtenu un premier marché de pierres de parement pour le musée de Caen ; les responsables du projet vinrent sur place pour voir la pierre dans son site d'origine. Des blocs de 2-3 tonnes furent été transportés vers Berné, pour y être sciés en dalles de 60 cm de côté et 3 cm d'épaisseur. C'est une pierre facile à polir.

Afin de bien connaître ce granit, des blocs souterrains furent extraits. Voici la foreuse préparant les trous destinés à recevoir les explosifs en janvier 1194

 Qualité irrégulière

Cet essai s'est heurté néanmoins à quelques difficultés : la qualité de cette pierre blanche n'était pas régulière. On y rencontra parfois des points noirs. Certaines parties se désagrègent en sable. Autre handicap : des micro failles qui ne permettaient pas de tailler des dalles de grandes dimensions. Pour mieux connaître la nature exacte du gisement, des foreuses percèrent la roche pour dégager, à l'explosif, des blocs dans le sous-sol car l'autorisation d'exploitation permettait d'extraire des pierres jusqu'à moins 15 mètres.  Mais  la qualité des blocs situés en sous-sol ne fut pas au rendez-vous et l’exploitation ne fut pas poursuivie.
Pour ne pas être en reste, la commune de Scaër confia à la société Gâte la réalisation de la stèle, qui fut installée sur la place de la Résistance, dans le quartier de l'ancienne gare.

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