A la fin du Moyen-âge, plusieurs ateliers de «piker-mein » , de tailleurs de pierre, étaient localisés sur la commune de Scaër.
|
Des ouvriers carriers à Loge-Brout avant la guerre 14
|
On leur attribue notamment les sculptures du calvaire de Tronoen en Saint Jean Trolimon vers 1450 . Ce calvaire taillé dans un granit argenté serait sorti d’un atelier de Scaër, sauf quelques scènes qui sont en pierre de Kersanton. "La structure et la majorité des sculptures sont en granite de Scaër, à l’exception de trois scènes (Visitation, Nativité et les rois mages) taillées dans du Kersanton qui ont mieux résisté aux intempéries" ( source Wikipédia Tronoen et 7 calvaires).
| Le calvaire de Tronoen(Manfred Escherig — Wikipédia)
|
| | Les carrières de la commune (ouvrage de Louis Lauris)
|
|
| Un article paru en 1930 dans la Revue de l'art ancien et moderne. Kerbreudeur est à Saint Hernin
|
|
Corniches et corbelets
Vers
1400 a été sculpté le calvaire de la chapelle Saint Michel de Loge-Gaor
qui occupe aujourd’hui le centre du cimetière actuel, le sommet du
calvaire-reposoir de la place de l’église qui était autrefois dans
l’ancien cimetière en face de l’actuelle maison de la Presse, les
sculptures du porche de la chapelle de Saint Adrien. Les tailleurs de
pierre de Scaër et d’ailleurs sans doute, ont également travaillé à la
construction et la décoration de l’ancienne église romane ( onglet l'église puis ancienne église) , des autres édifices
religieux de la commune du XVe ( Saint Paul, Penvern) au XIXe siècle (
Plascaër).
A partir du XVIIIe siècle, sont construites des maisons
bourgeoises Rue Brizeux en face de l’église, le manoir et la Longère de
la rue Pasteur. Les linteaux de portes et fenêtres sont datés des années
1700. D’autres suivront au XIXe siècle rue J Jaurès : levez les yeux
vers la façade l’office notarial et du salon de coiffure en face pour
repérer leur date de construction. La partie supérieure des façades et pignons se
distingue par une corniche. Les plus anciennes sont des moulures
linéaires concaves ou convexes. D'une maison à l'autre il y a des variantes car chaque tailleur de pierre avait ses
modèles.
Au début du XXe siècle, surtout entre les deux guerres, ces
corniches sont complétées par des corbelets (*) décoratifs dont le motif
varient aussi d’un édifice à l’autre. La quasi-totalité de ces maisons ont
été édifiés entre rue de Kerjégu et la rue Laennec en passant par les
rues Jaurès, Le Hamp, Coré.
La corniche à corbelets de l'église ( 1875)
| | La mairie ( 1902)
|
| |
Au moins 17 carrières.
Pour édifier ces maisons où les pierres taillées furent mises en évidence, de nombreuses carrières au granit différent avaient été ouvertes sur la commune.
Les carrières à Stang-Blanc (à gauche de la déchetterie et plus haut que la zone de dépôts des déchets verts) ont servi pour construire la maison de l’ingénieur des Pont et Chaussées rue Laennec, en face de la station-service.
Il y avait d’autres carrières routes de Bannalec plus bas que Loge-Gaor. A la Grande Motte au carrefour de la route de Bannalec et de la route menant à la forêt (Il y a 30 ans de gros blocs ont été extraits et auraient servi à restaurer la cathédrale d’Amsterdam). A Loge-Brout, la carrière de Jean-Louis Le Cras entre le carrefour précédent et le Gainsbar fournissait une pierre facile à tailler qui a servi pour faire des cheminées. Route de Saint Guénolé avant Pen Coat Loc’h, la carrière de Charles Le Fur débitait une pierre de bonne qualité intéressante pour sculpter les corniches et tailler les blocs encadrant portes et fenêtres. Il y avait encore les carrières de Tin Monfort à Pont-Lédan et route de Cascadec (elles ont fourni les pierres pour la cité des Castors en 1953-56).
Quelques exemples de corniches scaëroises
| La corniche des haras
|
|
| Corniches disparues au carrefour des rues Jaurès et Capitaine
|
|
| Rue Renan
|
| | Rue Capitaine
| |
| Rue Le Hamp
|
|
| Rue J Jaurès
|
|
Louis Chauris dans un ouvrage publié en 2016 (Pour une géo-archéologie du Patrimoine : pierres, carrières et constructions en Bretagne) précise que "Le Répertoire des Carrières de 1935 ne cite que deux exploitants : Le Bris à Kerancalvez et Le Guillou à Pencoatloc’h, tous deux livrant un « granit pour constructions et monuments ». En fait, nos explorations sur le terrain, au sud de Scaër, nous ont permis de mettre en évidence dix-sept carrières (fig. 8) et il est probable que quelques sites nous aient échappé, d’autant plus qu’à présent toutes les carrières sont délaissées ; elles sont alors transformées en décharges ou envahies par une végétation exubérante, voire noyées » . Il ajoute qu’il y avait 175 ouvriers carriers en 1906 sur le bassin de Scaër ".
Ouest-Eclair du 23 avril 1906 :"Les ouvriers tailleurs de pierres demandent l'application de la journée de 10 heures sans diminution de salaires et la paie fixée au 1" samedi du mois, ce qui leur permettrait de s'approvisionner au bourg".
Pierre Le Cras, habitant le quartier des "piker-mein", témoigne d’un passé moins lointain :« Pierre Goapper travaillait dans la carrière Le Fur avant d’être engagé par les carrières Joncour à Quimper. J’ai également connu Moysan à Loge-Gaor, Jean-Louis Cras à Loge Brout, Bertrand Massé dit « caporal » à Guerloc’h. Pour dégager un bloc, on faisait une crevasse avec un burin. Puis on y insérait des coins coupés. Une heure plus tard la pierre avait travaillé et s’ouvrait »
Les anciens du quartier de Coat-Loc’h se souviennent aussi que tailleurs de pierre repéraient de grosses pierres en surface dans la forêt de Coat-Loch : « Ils demandaient au garde l’autorisation de les tailler et en contrepartie ils faisaient 10 jours de travail en forêt. Il arrive que l’on trouve encore en forêt des blocs dont la taille a été ébauchée et qui ont été abandonnés parce que la pierre s’est fendue. ». Une de ces pierres abandonnées est répertoriée sur le chemin du patrimoine de la forêt
(*) pièce de bois ou de pierre saillante, encastrée perpendiculairement.
Retour