Reconstruite en 1913, la maison forestière de Coat-Loch, propriété de l'ONF, a servi de logement au garde-forestier jusque dans les années 60. Puis, elle a été louée à des particuliers, avant d'être réutilisée par les services forestiers quand ils venaient travailler en forêt. Aujourd’hui, la maison forestière est devenue un refuge pour les chauve-souris. Elle aurait pu avoir un autre destin et s’intégrer dans un tissu d'actions qui avaient pour objectif le développement tourisme vert via un accueil de qualité en toutes saisons.
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Mon école dans la forêt
L'ONF a eu d’abord pour projet d'en faire un centre de vacances. Il a été question un moment, de raser l'immeuble. En 1997, le comité de gestion de la forêt avait rencontré les responsables de l'ONF pour étudier une autre solution possible : en faire un centre d'accueil pour scolaires et autres groupes.
Les deux organismes souhaitaient coordonner leurs efforts pour que le projet aboutisse à l'aube du 3e millénaire. Par une convention de 30 ans, l'ONF mettrait cette maison à la disposition du comité de gestion qui piloterait le montage financier. 1,2 million de francs seraient nécessaires pour rénover l'édifice et le rendre fonctionnel pour sa nouvelle affectation : des aides furent demandées à la Région, au Département, et à des organismes comme le Pays des Portes de Cornouaille, les communautés de communes. On comptait aussi sur des fonds européens et des participations des communes membres du comité de gestion
Éducation et loisirs
Ce projet prévoyait au rez-de-chaussée une grande salle pouvant servir pour le travail des scolaires, les expositions (On y aurait présenté sans nul doute le scarabée doré, un insecte que l'on rencontre presque exclusivement à Coat-Loc’h), les repas. Elle serait chauffée au bois, cela va de soi, et accompagnée d'un office pour réchauffer les plats. À l'étage : un bureau, une salle d'exposition sur les cours d'eau et, dans le grenier, une autre expo sur la faune et la flore de la forêt. Une estimation fait état d'une fréquentation de 2.000 enfants, uniquement pour les écoles primaires par an !
Extrait du cahier des charges : " Pour demeurer dans une structure légère, l'hébergement nocturne fut volontairement écarté au profit de sites déjà existant dans les communes voisines. La prise des repas est également limitée aux aliments froids ou éventuellement prépares à l'extérieur et conservés dans des conditions d'hygiène conformes aux règlements en vigueur. Compte tenu de l'isolement de la maison et pour ne pas tenter tes vandales, aucun équipement audiovisuel n'est prévu. La priorité des supports internes sera donnée à l’image et à l'écrit avec la possibilité de visionner des diaporamas ou vidéos ou CD ROM sur des matériels apportés sur place pendant la durée du séjour uniquement
Les travaux de réhabilitation envisageaient le changement des ouvertures, le ravalement des murs, l’isolation, un insert dans la cheminée Les planchers en sapin de l'étage seront conservés. Isolée au cœur de la forêt, cette maison n’était pas reliée au réseau de distribution d'eau. On envisageait une tranchée creusée à partir de Coataner pour la conduite d'eau ainsi que les réseaux électrique et téléphonique, en suivant la trouée de la ligne électrique aérienne existante.
L’ONF et l’Éducation nationale auraient été partenaires dans cette école de la Nature : « Des contacts fréquents avec l'Éducation Nationale permettront d'ajuster au mieux la prestation de l’ONF avec les demandes des programmes et des personnels …La découverte du milieu impose de pénétrer au cœur de la forêt, et en petits groupes (de demi classes maximum). Pendant que l’animateur guide une partie des élèves, le reste de la classe peut travailler avec l’enseignant dans une salle aménagée à cet effet "
Sentiers des curiosités
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La Maison Forestière aurait pu également des publics variés et de tous âges pour étendre son activité pendant les vacances scolaires et assurer le plein emploi de l'animateur. Dans cette optique était envisagé un circuit de découverte était envisagé sur les thèmes de la flore, de la faune, de l'histoire de la forêt et de sa gestion ainsi que des anciens métiers (sabotiers, charbonniers, scieurs de long, etc). Voici le descriptif proposé par le Pays des Portes de Cornouaille.
THEME 1 : Maison forestière
Construite après un ouragan en 1838, la maison accueillit à l'origine deux gardes forestiers des « eaux et forêts ». Au début du XXème siècle seule une famille l'habite. Établie dans une clairière la famille vivait en autarcie (potager, basse-cour, ...) sur une surface d'un hectare. Elle est aujourd'hui inoccupée depuis les années 50.
THEME 2 : Forêt des Ducs de Bretagne - Le « château » du parc ducal
On trouve encore des traces de ce château, bosses, talus et pierres éparses, sur un versant en pente douce orientée vers le nord. Des monticules et des alignements pierreux dessinent encore un rectangle d'une quarantaine de mètres de côté, supposé être les fondations d'un bâtiment du « château ».
Selon la légende, la duchesse Anne de Bretagne, surnommé la duchesse en sabots, aurait entièrement fait planter cette forêt. Elle surveillait elle-même la plantation. Un jour elle découvrit une pie morte à la lisière du bois vers Roz ar Bic (peut-on le situer sur la carte? Oui 500 m à l'est). On lui conseilla alors de fixer les limites de la forêt à cet endroit sous peine de connaître le même sort. Elle y aurait fait construire un château. Ceinturé de 2 talus parallèles de 3m de hauteur, le parc constituait une réserve de chasse.
Le parc ducal d'une superficie bien supérieure à celle de la forêt actuelle comptait de nombreux loups. Le dernier fut tué en 1913. Au début du XlXè les femmes des hameaux du sud de la forêt devaient être accompagnées d'un homme armé lorsqu'elles se rendaient au lavoir (jour de la « buée »). La « fontaine aux biches » autrefois « fontaine de la vallée froide » faisait partie de ces sites.
THEME 3 : Les charbonniers
La meule de 4 à 6 m de diamètre servait de cheminée. L'ensemble était fait de piquets, de bûches placées en rond comme un coffrage et recouvert de feuilles, d'herbes et de gazon empêchant le prise d'air. Le charbonnier perçait des trous pour contrôler la cuisson car une meule qui cuit trop vite brûle beaucoup de bois et donne peu de charbon. 4 jours de cuisson étaient nécessaires pour récupérer le charbon.
On peut trouver au cœur de la forêt l'empreinte de ces meules. Espaces plats et circulaires ou le sol recuit recèle quelques traces de charbon. Métier des « petites gens », l'activité s'est éteinte avant la seconde guerre mondiale.
THEME 4: Le Dourdu. Et au milieu coule un beau ruisseau ...
Le Dourdu, « eau noire » est un affluent du Ster Goz « vieille rivière » qui borde la forêt à l'ouest. Le Ster goz traversait le parc ducal. Plusieurs moulins y étaient établis.
La rivière comporte de nombreuses zones de frayères où viennent se reproduire quelques poissons « rosés ». Déjà au Moyen âge les ducs avaient fait édifier une digue (vestiges près du moulin des salles) pour créer une retenue d'eau. Cet étang qui a laissé place à une zone humide était vraisemblablement une réserve de pêche. Il a donné son nom à la forêt (bois de l'étang).
THEME 5 : Un Espace Naturel Préservé -
La forêt domaniale de Coat Loc'h est un domaine privé de l'Etat géré par l'Office National de forêts (ONF). Elle est située sur la commune de Scaër et couvre plus de 310 hectares.
Coat Loc'h est une relique de l'antique forêt armoricaine. En 1987, un ouragan a dévasté un quart de la forêt. A partir de 1992, l'ensemble a été replanté avec une majorité d'essences feuillues (chênes, hêtres, merisiers, aulnes glutineux dans les parties humides) et des résineux (pins sylvestre et laricio).
Au sud de cette zone la parcelle 11 présente une plantation plus ancienne de chênes rouvres et d'Amérique qui date des années 20. Pans cette parcelle on constate que la gestion forestière favorise la diversité biologique (présence de fruitiers sauvages). Elle préserve également les vestiges historiques recensés (reliques de talus, roches taillées).
Une fois passée la route goudronnée, la parcelle 21 présente une vielle (arbres de plus de 100 ans) futaie de hêtres et chênes. Dans les clairières ouvertes par l'ouragan on découvre des semis naturels issus de ces vieux arbres.
THEME 6 : Domaine des Sabotiers
Autrefois les plus beaux bois de la forêt étaient destinés à la construction navale (du chêne pour les arsenaux de Lorient). Le hêtre, cousin moins noble était le plus souvent destiné au chauffage ou à la confection de sabots. À l'origine les sabotiers vivaient et travaillaient en famille dans des huttes au cœur de la forêt. Certains se spécialisaient dans la taille ou le creusement des pièces de bois. D'autres (souvent femmes et enfants) aidaient à la décoration et la finition des sabots. Les coupes de bois (généralement une parcelle) étaient « adjugées » pour une durée minimale de 2 ans. Une fois la parcelle exploitée, ils se déplaçaient pour une autre coupe. L'extrême précarité de ces installations en bois et branches n'a pas laissé de trace en forêt. Les outils du sabotier : la hache : pour dégrossir la forme ; l'herminette : servait à dégager le talon ; le paroir : donnait la forme extérieure définitive ; la vrille et la cuillère : pour le creusage ; le boutoir ou roanne : pour la finition du fond.
Des réflexions furent même engagées en vue de remettre en eau une partie de l'ancien lac ! Coat-Loc’h, le bois du lac, aurait alors justifié son étymologie. Mais depuis beaucoup d'eau ont coulé dans le Dourdu... Le coût du projet(1,2 millions de francs , 183.000 euros) a freiné les ardeurs des uns et des autres car le financement n'a pas suivi.
L’ONF a alors constaté que cette maison abandonnée hébergeait plusieurs espèces de chauve-souris :grands rhinolophes, pipistrelles, oreillards, murins... Le couteux projet d’école de la Nature fut remplacé à moindre frais par un refuge pour chiroptères . Point positif de cette étude: le sentier des curiosités a inspiré le Comité d'Animation et de défense des usagers de la forêt de Coatloc'h qui a ouvert en 2014 en inspirant le chemin du patrimoine .