Le puits du village




La plupart des puits qui émaillent la campagne datent du XIXe siècle :les « colons » bretons bâtissaient leur ferme non pas par hasard comme on pourrait le penser en constatant la dispersion des hameaux, mais en fonction de la présence d’une veine d’eau souterraine. Un sourcier ressentant les ondes telluriques indiquait l’endroit précis où il fallait creuser et la profondeur supposée de l’eau . Les puisatiers extrayaient à la pelle et à la pioche des mètres cubes de terre et de tuffeau jusqu’à ce que l’eau manifeste sa présence .Parfois , l’eau sourdait à 3-4 mètres, mais il arrivait que l’on dépasse les 20 mètres de profondeur avant de « trouver de l’eau ». Selon la résistance du sous-sol,le puits était consolidé par un murs de moellons. Extérieurement, une petite construction en pierres de taille,de forme carrée ou circulaire, marquait le puits, source de vie pour la ferme. Selon la richesse du propriétaire, on tirait l’eau à l’aide d’un seau accroché à une corde ou on utilisait une manivelle pour diminuer les efforts à fournir.

Le puits à margelle ouvragée de Penker Navellou possède encore son treuil et sa manivelle


Abandon ou renouveau ...


Le puits du hameau était un lieu de rencontre parfois conviviale, parfois source de conflit : les jeunes gens y contaient fleurette comme sur les cartes postales,on s’y disputait aussi pour d’obscures histoires de droits d’eau...

La première « modernisation » consista à adapter une pompe à bras sur ces puits: la maçonnerie extérieure fut ramenée au ras du sol et une dalle de béton sur laquelle on fixa la pompe, recouvrit l’orifice du puits. Seconde étape: l’électrification des campagnes et l’arrivée des pompes à moteur qui fournissaient de l’eau « sous pression ». Ces installations autonomes fonctionnent encore aujourd’hui.

Troisième étape: l’abandon de certains puits et ce pour diverses raisons. D’abord parce que le réseau public d’adduction d’eau a tissé sa toile d’araignée dans les campagnes dans les années 60: les propriétés ne disposant ni de puits ni d’une source ont pu bénéficier de l’eau courante! 



Dans les fermes, on a parfois continué d’utiliser le puits en alternance avec l’eau « de la ville », quand le puits ne débitait pas assez en été ! Quelques puits ne servent plus aujourd’hui que pour l’arrosage du potager car la qualité de l’eau ne permet plus son utilisation pour les hommes ou pour les animaux, soit que l’eau présente un trop fort taux de nitrates, soit que des suintements de fosses à lisier ou à purin aient atteint le puits. A Kerninon, il y a encore l’exemple d’un puits dont l’eau est utilisée pour le chauffage central par l’intermédiaire d’une pompe à chaleur eau-eau. 

Le puits de la maison forestière de Coat-Loc'h


Un puits à balancier  à Tréouzal ( 1943-enquête MNATP)

Le puits de Kerzéré ( 1943- enquête MNATP)

 

De nos jours, le renouveau des puits est caractérisé par un forage plus profond d’un ancien puits, quand la qualité de l’eau le justifie.D’importants élevages ont préféré forer un puits atteignant la nappe phréatique en permanence, au-delà de 50 mètres de profondeur. Ils profitent ,à moindre frais, d’une eau abondante, de qualité suffisante . « Elle a bon goût l’eau de mon puits! Meilleure que l’eau du robinet qui sent l’eau de javel ». Certes, mais une analyse de cette eau peut parfois réserver des surprises quant  à la teneur en nitrates.

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