Kernabat. Témoignages





De nombreuses rues et places scaëroises évoquent des hommes et des lieux de la Résistance locale. Parmi eux, les combats de Kernabat qui ont été racontés par des participants et des témoins.



Paul a du sang-froid

  M. Henri Le Dez, un des responsables de la Résistance dans la région, a évoqué dans l'histoire du mouvement  Libé Nord , cette période douloureuse de notre histoire. .

M. Le Dez, militaire de carrière, est rentré d'AFN en novembre 1942. Suite au débarquement allié en AFN, II a pas rejoint son unité immédiatement. Dès 1943, il participe.à l'organisation d'un mouvement de résistance. Réfractaire au STO il se réfugie lors, région de Cléden-Poher. Puis il animera un groupe Libération Nord, avec la collaboration du lieutenant. Pézennec. A la même époque se forme à Scaër : un groupe FTP , le groupe Bob, qui aura ses quartiers dans les bois de Cascadec.

En avril 1944, la Résistance locale reçoit des armes. Plusieurs escarmouches les opposant à l'occupant. Pour des actions plus importantes, à l'issue du Débarquement de Normandie, des armes supplémentaires sont nécessaires.

Le 8 juillet, Radio-Londres. Transmet le message attendu « Paul a du sang-froid » . Trois avions largueront dans la nuit, sur un terrain balisé de Miné-Kervir, 12 tonnes de matériel dans 107 conteneurs. Trois parachutistes atterriront aussi sur ce terrain. Des tombereaux agricoles disperseront le matériel dans des cachettes. Les responsables de la Résistance savent que le manège des avions n’a pas échappé aux allemands. Une patrouille passera tout près de la zone de parachutage, sans rien remarquer cependant.

L'action salvatrice du groupe Bob

Les membres du groupe Bob qui participa aux combats de Kernabat et à la Libération de Scaër :assis, de gauche à droite:,le sergent-chef Jean Vigouroux,le sous-lieutenant " Bob", André Guégan; le sergent-chef Christophe Bouguennec. Debout: le sergent-chef Louis Le Rest, le caporal chef Louis Tanguy, le sergent Roger Miossec et le sergent Louis Nicolas.


L'émetteur radio apporté par un des parachutistes ne fonctionnant pas, on décide un autre parachutage qui devra comporter un nouveau poste, parachutage sur un nouveau site, et par un seul avion. « Mais, dans la nuit du 14 au 15 juillet, le parachutage demandé est effectué par le groupement FTP de Scaër, sur le même terrain que le premier » .Très vite, l'occupant a situé la zone, sans doute à partir de son observatoire de Roc'h Toulaeron entre Gourin et Spézet. Dès 5 heures du matin, la région est encerclée par des milliers de soldats venus de Châteauneuf et du Faouët. Les combats dureront toute la journée « des fermes seront brûlées et on dénombrera 18 tués ou fusillés ». 

D'autres sources d'information


La suite a été écrite par Jean Quénéhervé dans son livre « Combattants de l’ombre en Cornouaille ». André Guégan, dit Bob, Christophe Bouguennec, Jean Vigouroux, Louis Nicolas, Yvon Le Bris, Henri Salaün, Guy Jeannès, Joseph Fleitour, André Solliec et René Hémery, Le Reste encercleront la ferme de Meil Kergoaler qui avait été désertée par ses occupants.

De Meïl Kergoaler, ils vont remonter vers Kernabat. Ils atteignent une ferme apparemment occupée. Bob colle l'oreille à la porte et entend des voix, et demande à Jean Vigouroux «C'est du breton ? Jean Vigouroux prête l’oreille à son tour et comprend que les lieux sont occupés par les Allemands. Bob pénètre en force dans la maison, tombe nez à nez avec un lieutenant qu’il mitraille en pleine face. Dans son élan, il traverse le couloir suivi de Vigouroux, et fait irruption dans le jardin où un groupe de soldats allemands fêtaient prématurément leur victoire. Surpris, une quinzaine de soldats sont tués.

Vrai? Faux? :Les archives allemandes  font état du décès d'un seul soldat et d'un légionnaire...

Traces du combat de Kernabat dans les archives de la Wehrmacht( source Y. Mervin)


Alerté, un groupe de la Wehrmacht remonte de Quillien sur Kemabat. La fusillade reprend de plus belle. Face au nombre, Bob donne l'ordre du repli. Le groupe se retire sans pertes, et rejoint Kervon. Son action aura créé une diversion et un retrait des troupes allemandes, salvateur pour les maquisards sur le point d'être cernés .

Par la suite, les .parachutages se feront plus discrets : un seul avion par terrain, et un seul passage. Le 22 juillet, il y aura encore deux parachutages d'armes sur Scaër. Fin juillet, parachutage effectué par le groupe Bob à Kerzao. Les armes livrées seront utilisées lors de la Libération de notre commune, au début du mois d'août 1944.

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