Roger Floc'h a été sous-directeur du collège public de Scaër de 1970 à 1980. Il a terminé sa carrière en 1998 en tant que proviseur du lycée Amiral Ronarc'h à Brest A cette époque il a rédigé un mémoire de maîtrise sur la démographie de Scaër au XVIIIe siècle. Cette étude est le fruit d'un long travail de consultation des registres paroissiaux qui, avant 1752, tenaient lieu de registres d'état civil.
A la fin du XVIIIe siècle, Scaër comptait 4500 habitants |
Un taux de natalité de 4 %
Entre 1740 et 1789, naissent en moyenne 174 enfants par an à Scaër (contre40/45 par an actuellement). Le taux de natalité était de 4 %. C'est en février, mars et avril que les naissances étaient les plus nombreuses. On peut estimer qu'il naissait cinq enfants par famille en moyenne à Scaër à cette époque. Notons que près de la moitié des enfants étaient baptisés le jour même de leur naissance.
Pas de mariages pendant le Carême
Il y avait peu de mariage pendant le Carême ou pendant le temps de l'Avent. Par contre, beaucoup de mariages en février (23 %) et en janvier (20 %). Le choix du jour du mariage ne constituait pas un hasard : peu de mariages le samedi, mais de 1740 à 1789, 53 % des mariages ont été célébrés le lundi. Sans doute parce que le dimanche permettait de préparer les festivités. 82 % des hommes ont au moins 30 ans au moment de se marier et 60 % des femmes plus de 25 ans. Cet âge élevé tient au fait qu'il fallait savoir comment on nourrirait sa famille avant de s'installer. La plupart des conjoints (65 %) sont originaires de la paroisse même et seuls 2,3 % sont issus de paroisses distantes de plus de 10 km. Comme on mourrait souvent jeune, les remariages étaient fréquents. À Scaër, sur 1.813 mariages de la seconde moitié du XVIIIe siècle, 245 sont des unions de veuf avec une jeune fille et 125 entre une veuve et un garçon, et 103 sont des mariages entre veufs.
Des épidémies de dysenterie
L'étude de la mortalité nous montre la précarité des conditions d'existence de nos ancêtres. Entre 1740 et 1789, le nombre des décès est très souvent voisin du nombre de baptêmes, le taux de mortalité pour cette période est aussi voisin de 4 %. La mortalité infantile est élevée : 30 % des enfants scaërois meurent avant leur première année. Chez les adultes, on constate aussi un nombre important de décès de femmes entre 20 et 40 ans, ceci est dû à l'importante mortalité des femmes au moment de l'accouchement. On note trois périodes de mortalité importantes : de septembre 1742 à juin 1743, 233 décès surtout causés par des maladies pulmonaires. Octobre, novembre et décembre 1756 : 117 décès, surtout des jeunes, dus à la dysenterie. En 1779, du 20 juillet au 16 septembre, on dénombre 353 décès, dont 257 en août seul. 199 concernent des jeunes de 1 à 20 ans. Le nombre quotidien de morts dépasse fréquemment la dizaine et culmine à 21 le 29 août. Le dixième de la population locale disparaît durant cet été.
Pour comparaison: naissances et décès de 1900 à 2000 |
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