Les premiers élèves de l'école Saint Alain


Robert Boucher, né en 1920,  fut  élève du collège Saint Alain du 26 septembre 1927 au 10 juin  1934. Voici son témoignage recueilli en 2001  :

"L'ancien externe que je suis se plaît encore aujourd'hui à regarder avec le respect du souvenir, et aussi avec une certaine nostalgie, ce bel ensemble qui ne paraît pas avoir subi l'outrage des ans.  Tout reparaît à mes yeux, exception faite d'un ajout de bâtiment côté ouest, et des tilleuls que j'ai vu planter à l'ouest de la cour et dont je n'ai pas connu l'ombre et du parfum.  En levant le nez sous le préau, je revois encore le pinson nichant sur la poutre du faitage ; par contre, je n'ai pas revu la cloche à la porte d'entrée Est du bâtiment ; cette cloche que chacun, à son tour, désirait faire tinter pour l'entrée et la sortie des classes. 


Photo des élèves de 1928-1929. Tous les élèves du premier rang sont chaussés de sabots de bois


Les élèves de 1930-1931.Tous les élèves sont coiffés d'une casquette caractéristique


Auparavant, on en avait bien sûr parlé dans les chaumières, de cette venue de l'École Chrétienne à Scaër. Attendue des uns.  Redoutée des autres, Prat Vamenn convenait au projet de l'École. Un vœu du Maire et de son Conseil émis en 1922 n'abondait pas en ce sens, mais resta vœu pieux (si l'on peut dire) et St Alain s'implanta dans le lieu.
Qui des gens de mon âge ne se souvient du chantier ouvert vers 1925, interdit au public comme il se devait et où, malgré cette interdiction, les garnements que nous savions être trop souvent, organisions imprudemment nos  jeux, hélas à notre détriment ; témoin, cet accident arrivé à Riri Ster qui, tout heureux de sa trouvaille, croyant déguster un soda, avala quelques gorgées d'acide sulfurique, l'empoisonnement mortel fut évité de justesse.

La promotion 1936-1937, photo prise au studio Burel

Messieurs... les frères de Saint Gabriel

Les gosses du bourg attendaient impatiemment l'ouverture de leur nouvelle école et chacun nourrissait secrètement l'espoir d'être le premier inscrit; on se pressait pour cela dans la cour le jour J, et c'est ainsi que les premiers inscrits furent, dans l'ordre (on en retiendra 5): Joseph Derrien, Henri Créau, Corentin Le Reste, Robert Boucher et Jean Le Reste; Jean Le Reste devenu Frère Jean Ernest, des Frères de St Gabriel, comme nos premiers instituteurs que l'on appelait messieurs aux lieu et place de Frères en raison de la réglementation d'alors, les obligeant à porter costume civil; avec sobriété ils adopteront le noir avec chapeau mou:
 - Hervé Le Berre Chargé de la Direction de l'école le 26 Septembre 1927
 - Hubert Tremblais Titulaire de la première classe
 - Joseph Cabon Titulaire de la deuxième classe
  - André Durand Titulaire de la troisième classe
  - Joseph Furic Titulaire de la quatrième classe
Auxquels s'ajoutèrent de nombreux autres au fil des ans : MM.  Cariou et Péron en septembre 1928, MM.  Caduc et Le Pape en septembre 1929 ; M. Prigent en janvier 1930, MM.  Adam et Souron en septembre 1930, M. Hénaff en décembre 1930, M.  Hélias en septembre 1932 MM.  Trouche et Daniel en septembre 1933 etc ... 

 

 Photo des premiers élèves ( 1927/28) .De gauche à droite, au premier rang : François Kersulec, Louis Donal, René André, François Quéré, René Fiche, François Even, Robert Boucher ( dans le cercle), Jean Bihan (bourg), Corentin Bras, Boulge, Jean ou Louis Carnot.
Au second rang : Alexis Bihan, Christophe Bec, Mathurin Boulic, Jean Boulic, M. Cabon l’instituteur, Henri Fiche, Joseph Ollivier Jean Bihan (Kernanec).
 Troisième rang : Guérer, Henri Hervet, Louarn, Henri Boëdec, Gabriel Grill, Louis Jégou, François Fiche, Mathieu Kersulec, Charles Le Bihan



La première page du registre matricule de l'école



L'Établissement préparait aux examens de l'enseignement primaire et de l'enseignement agricole. À la rentrée, ça sentait le neuf dans les classes ; aux récréations, les jeux étaient organisés ( balle au chasseur, balle à la raquette, appelée aussi, je n'ai jamais su pourquoi: thèque, course au drapeau etc.. L'écusson à la porte d'entrée notait les résultats des équipes adverses, en camp blanc et en camp bleu.

La clique (fanfare) de Saint Alain en 1930



Les enseignants de 1931


Rose, bleu, blanc


Le comportement des élèves, tant au travail qu'au jeu, était mensuellement sanctionné par trois billets, rose, bleu ou blanc dont nos parents connaissaient la signification. Les places obtenues étaient aussi données mensuellement à la salle d’étude ; les élèves se mettaient en rang à leur appel et en fonction de leur classement par nombre de points, le Directeur présidant la séance.  Lorsque l'avant-dernier du classement précédent était relégué à la dernière place, l'Assemblée avait droit à la coutumière observation du Président : "... a perdu une place, n'en perdra plus ! "; elle résonne encore après trois quarts de siècle à l'oreille des Anciens. 

 Lire, écrire, compter

 Monsieur Le Berre dirigeait l'école de main de maître, et, autant que je m'en souvienne, partageait son enseignement du Français entre toutes les classes.  Il dispensait aussi les cours de chants et d'agriculture. D'une sévérité toute paternelle, il nous inspirait le respect; il accompagnait certaines leçons de chant de son cornet à pistons qu'il lâchait immanquablement à la moindre dissipation dans la classe, en décidant d'une voix ferme: "Plus de biniou " A chaque fois on le ressentait comme une punition, et on ne recommençait pas...
Avec du recul, j'ai mesuré le mérite de tous ces Enseignants. Nos Maîtres, comme on les appelait alors, ont veillé avec nos parents à notre éducation, puis à notre formation; ils nous ont appris ce dont on dit aujourd'hui qu'il faudrait réapprendre, au point que les plus hautes instances pédagogiques en prennent souci: Lire, Écrire, Compter.
Qu'ils en soient chaleureusement remerciés".

Source:Site historique du collège Saint Alain

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