Bolloré a préféré Ergué-Gabéric à Scaër


C’est à Cascadec que l’entreprise Bolloré avait débuté la métallisation du film plastique via une  machine à bulle. Cette unité de fabrication disposait de matériel de haute technologie fabriquant du film plastifié brillant, utilisé dans les emballages extérieurs de produits variés. En 1993, il fut question de transférer cette activité sur un autre site. La commune proposa dès 1994 un terrain à Miné Rulan pour accueillir une nouvelle unité de métallisation Holopak . Ce projet n’aboutit pas.


Début janvier 1995 : Michel Pinart, le directeur des usines bretonnes du groupe demanda à la commune de constituer un dossier reprenant l'ancien dossier Holopak, qui n'avait pas abouti l'année précédente . La commune mettait à la disposition de Bolloré un terrain de 46.500 m2 à Miné-Rulan n° 2, entre les Ets Corler et la rue De Gaulle. La commune s'engageait à prendre en charge le terrassement et l'empierrement d'une superficie de 10.000 m2. Les discussions portèrent aussi sur les aides que pourraient accorder l'État, la Région, le Département, la CEE.
Mais, toutes ces démarches n’aboutirent pas : Bolloré Technologies choisit implanter son nouveau site à Ergué-Gabéric près de Quimper où est située son siège car une installation à Ergué-Gabéric aurait coûté   4 Millions de francs ( 610.000 euros) de moins qu'à Scaër.

La " Métal" de Cascadec est resté en l'état de prototype

Faire jeu égal avec Ergué-Gabéric

 D'où la volonté de la municipalité scaëroise conduite par François Bleuzen  de relancer  le dossier en proposant à Bolloré de prendre en charge 3 Millions de francs de travaux, à Miné-Rulan, s'il décidait de s'y installer (terrassements, empierrements, remblaiements, voirie, réseaux d'eaux pluviale et potable, clôture, espaces verts). En y ajoutant le million de francs des fonds structurels européens,Scaër arrivait à la parité avec Ergué-Gabéric. en avril 1995 Les élus scaërois, à la quasi-unanimité, adoptèrent la proposition du maire .

La commune de Scaër proposait d'aménager ce terrain à Miné Rulan (actuellement les Z.A 2 et 3) pour accueillir la nouvelle usine Bolloré


François Bleuzen et Vincent Bolloré ( photo V. Mouchel, Ouest-France)

Pour ces travaux, la commune envisageait un emprunt sur 15 ans. M. Liziard, adjoint aux finances, et ancien cadre chez Bolloré, estimait que, d'après les calculs du percepteur, la commune pouvait supporter cette charge supplémentaire. La commune aurait eu à souffrir quelques années, mais aurait été gagnante après cinq ans, grâce à l'apport de la taxe professionnelle. C'est le prix à payer pour faire venir, sur le territoire communal, une entreprise qui aurait créé de 50 à 80 emplois . Le maire reprit son bâton de pèlerin,avec ces nouvelles propositions espérant que Bolloré révise sa position. En aparté, des élus pensaient qu'il s'agissait, hélas, d'un dernier baroud d'honneur, et que les jeux étaient déjà faits.

La nouvelle usine à Ergué-Gabéric

Déception: au mois de mai, M. Pinart annonça au maire de Scaër que, finalement, c’est  à Pen-Carn  sur la commune d'Ergué-Gabéric, que s'installerait la nouvelle unité de fabrication de  films   thermorétractables. Le groupe Bolloré a choisi la banlieue quimpéroise pour « des raisons économiques ». C'est une usine toute neuve fut construite en bordure de la route de Coray, à un kilomètre de l'usine d'Odet, berceau du groupe, où le même type de films était déjà produit.  Ajoutons que la nouvelle usine se situe à une encablure de la voie express!.
Bolloré Technologies investit 42 millions de francs dans cette opération. L'unité fonctionne depuis 1996  avec des machines dites « à bulle » pour produire des films thermorétractables.Vendus sous la marque Bolphane, ils servent à emballer nombre de produits, alimentaires ou non.

Depuis cette époque , le groupe s'est développé sur ce site( Blue solutions, blue car, blue bus...) et à Scaër il ne possède plus qu'un entrepôt.

 Si, pour Vincent Bolloré, c'était " un choix industriel qui profite à tout le sud-Finistère", à l'époque, les propos du maire illustrait aussi la difficulté de faire venir des investisseurs créateurs d’emploi en Bretagne intérieure, loin de la voie express.« Force est de constater que les discours d'aménagement du territoire prononcés par tous les décideurs politiques se traduisent, pour les grands projets, de la même manière : le développement ou le déclin d'une localité comme Scaër les laisse indifférents... » 

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