Louis Tanguy : " J'ai pêché des truites de 1 kg"

Louis Tanguy exerçait la profession de  tailleur, rue de Kerjégu. C'était aussi un pêcheur réputé .Depuis l’âge de 12 ans, il fréquentait les bords de l'Isole. Nous l’avions rencontré en 1984 avant l’ouverture de la pêche afin de recueillir ses souvenirs

Au bord du canal

« Je me souviens avoir pris deux truites dans le canal, dans le pré à Jean-Louis Payaou. Quand on était gosse, il n'y avait que la canne en bambou, quelques plombs, du crin et un hameçon... Avant la guerre, le meilleur coin c'était le canal qui va jusqu'à Meil-Pont : on y trouvait des truites jusqu'à un kilo. Il n'y avait pas le tout-à-l'égout, alors que tous les détritus du bas du bourg rejoignaient l'Isole ou ce canal par de nombreux ruisseaux. C'est ce qui explique le poids de ces truites ».


Les pêcheurs appâtaient au ver, mais aussi à la sauterelle, au hanneton, plus nombreux que maintenant. « J'allais le soir après 7 h, au mois de juillet, on venait de couper le foin, j'ai pris plus d'une truite de 1 kg ». Les histoires de pêcheurs sont comme les histoires de chasseurs : les vrais amateurs sont intarissables.  Ils se souviennent des détails comme si c'était hier.

L'art de la mouche

Les fines gaules rusent avec le poisson et leur préparent la mouche artificielle qui le trompera. « On fait les mouches avec les plumes du cou des coqs nains. Il y a des races spéciales. Il faut si possible des plumes de la même teinte. Les plumes des coqs normaux sont trop larges pour faire des mouches ... Ces mouches varient selon le moment de l'année, les pêcheurs un peu vifs attrapent au vol les mouches et moustiques au bord de l'eau pour voir leurs ailes. Ensuite, ils choisissent la mouche artificielle dont la teinte correspond à celle qu'ils ont vue. Maintenant, on va pêcher à la mouche noyée. Puis, il y aura la mouche de mai..., la mouche sèche. Avec 3 ou 4 plumes, on arrive à imiter une vraie mouche.
 Certains pêcheurs élèvent des coqs nains spécialement à cet effet, pour avoir un éventail aussi large que possible de plumes pouvant servir à confectionner les leurres
».
Selon Louis Tanguy « dans le temps, les truites semblaient plus voraces, elles venaient mordre même si la mouche était mal faite. Maintenant il faut chercher le poisson et il est plus rare qu'avant. Il m'est arrivé récemment de prendre 16 truites dans un ruisseau et il m'a fallu les relâcher toutes car elles étaient trop petites ».
Louis Tanguy s'est aussi intéressé aux anguilles : « Elles ont disparu, mangées par les visons libérés des élevages. Par contre, le rat musqué est en baisse ».
Ce pêcheur regrettaient l'état des bords de la rivière. « II est difficile d'approcher maintenant de la rivière au bas du Grandchamp. Les chevaux ont tout piétiné. On ne peut plus traverser puisque le pont de pierre s'est effondré ».
 Louis Tanguy conservait toujours à 72 ans  les qualités indispensables au bon pêcheur : la patience, la connaissance des lieux et du moment propice, « le coup du soir ». Mais il comptait aussi sur la chance qui fait que l'on rentrera bredouille ou avec dans le panier, la friture qui sera appréciée par toute la famille. Mais il arrivait rarement que, comme dans sa jeunesse, Louis Tanguy  donne des truites aux voisins pour en avoir trop capturé!

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