Coadry : un ancien site religieux celtique ?


Les édifices religieux chrétiens ont été construits parfois sur de précédents sites religieux eux-mêmes issus d’une implantation géobiologique où l'homme peut capter de bonnes vibrations émanant à la fois de la terre (énergie tellurique) et de l'espace (énergie cosmique) : Il est vraisemblable que cette observation concerne la chapelle de Coadry. D'autant plus que Coadry-Kerhuel ( le haut village) est situé à 242 mètres d'altitude, point culminant d'une vaste région. Le site était visible à plusieurs dizaines de kilomètres à la ronde dès la préhistoire et sera représentée sur la plus vieille carte d'Europe .
  Lisons ou relisons d’abord la légende locale sur l’origine de la chapelle de Coadry.

Trévalot et Coat-Forn

Le géant de la légende pourrait rappeler une divinité gauloise
 

Un temple païen se dressait à Coadry lorsqu'arrivèrent dans la région le Père Ratian  et sainte Candide, patronne de Scaër (*) . Il fut bien vite délaissé, tomba en ruines, et n'eut désormais pour ornement que des ronces et des épines, pour hôtes que les vipères et d'autres bêtes malfaisantes.
Le comte de Trévalot, seigneur du pays, est un jour attaqué par son ennemi, le seigneur de Coatforn, village situé à 6 kilomètres au Sud de Coadry. Celui-ci a une réputation de terrible cruauté. Malheur à celui qui pénètre dans son domaine ! Il est aussitôt roué de coups, scié, égorgé, et son cadavre est jeté en pâture aux chiens du seigneur. Ce seigneur a eu 12 femmes qu'il a fait périr l'une après l'autre dans un gouffre avoisinant le donjon de son château.
Le seigneur de Coatforn assiège le comte de Trévalot dans son propre manoir. Pour celui-ci, humainement parlant, tout est perdu. Que faire ! Le vieux comte est chrétien. Si le Christ lui donne la victoire, sur ses terres il fera bâtir une chapelle en son honneur.
L'ennemi est vaincu. Où construire la chapelle ? Le comte convoque son conseil. Les avis sont partagés. On finit cependant par tomber d'accord. Un char, attelé de bœufs, sera rempli de pierres. Les bœufs seront chassés de la cour du château et laissés à eux-mêmes. À l'endroit où il leur plaira de s'arrêter, on bâtira la chapelle du Christ.
Or il advint que les bœufs firent station près des ruines du temple païen de Coadry. On alla aussitôt quérir des ouvriers. Ceux-ci arrivent, le lendemain, sur le lieu "choisi par Dieu lui-même" pour l'érection de la chapelle. Mais, ô prodige ! les ronces et les épines qui, la veille encore, couvraient les ruines de l'ancien temple, ont complètement disparu, et voici que les pierres qui gisaient en désordre sur le sol se trouvent alignées le long des fondations. De plus, un jardin apparaît, émaillé des fleurs les plus variées, et arrosé par une source abondante dont les eaux miraculeuses guériront les pèlerins malades qui se rendront à Coadry.
La chapelle bientôt surgit, et son clocher, le plus haut des alentours, est construit par un géant sans le secours d'aucun échafaudage. Ce géant aurait encore aujourd'hui sa tombe à Coadry. Deux croix le surmontent, séparées par une distance de 25 mètres ; l'une est placée sur la tête du géant, l'autre sur ses pieds.

Carte postale Gaby du début du XXe siècle
 

Décryptage de la légende

Cette légende comporte sans doute un fond de vérité concernant un ancien temple celtique ou gaulois.Relevons quelques-uns des multiples symboles qui se rattachent à la chapelle de Coadry  et à la récupération d'éléments antérieurs à la christianisation de la région.
-    L’histoire des chars à bœufs est récurrente dans les récits relatifs au choix de l’emplacement des premiers édifices chrétiens. La symbolique mystique du bœuf marque la force et la puissance. La divinité gauloise, directement issue du celtisme, nommée "Damona", protectrice des eaux thermales, et dont le nom contient le terme celtique "Dam" qui désignait généralement les bovidés. Faut-il y voir une relation occulte entre les bœufs de Coadry et sa source magique ? Le bœuf a été également le symbole du prêtre chrétien La tradition populaire de Coadry nous raconte surtout la fin du celtisme d'où la religion primitive chrétienne tire son premier substrat
-Outre les symboles qui viennent d'être mis en évidence, retenons également le "miracle" de l'alignement des pierres en ruines qui rappelle irrésistiblement les fameux alignements de Carnac attribués aux Celtes.
-Quant au géant, il serait une allusion au dieux gaulois Géant "Hok bras". C’est un autre nom d'Ogmios,dieu de la mythologie celtique gauloise, que l'on retrouve aussi dans la mythologie celtique irlandaise sous le nom d'Ogme . Il a la particularité d’avoir une grande force physique. Les deux croix marquant sa prétendue tombes sont plantées en biais au sud de l'enclos de la chapelle. Elles sont taillées dans un monolithe plat et leur fût trapézoïdal ainsi que leur croisillon court suggèrent qu'elles ont pu être découpées dans les piliers d'une allée couverte néolithique.

 (*) Dans le Barzaz-Breiz, Hersart de la Villemarqué  fait allusion au Père Ratian et à Sainte Candide qui évangélisèrent la région de Tourc'h-Scaër au Ve siècle. D’autres écrits rattachent ce moine à l’abbaye de Landévennec au VIe siècle.


Sources consultées :ourslithos.  et microtourisme en Bretagne

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