Les monuments aux morts érigés au lendemain de la première guerre mondiale pour honorer les combattants de la commune décédés ne sont pas exempts d’erreurs et d’oubli. Parfois, il y a des erreurs orthographiques, parfois sont ajoutés des noms de poilus originaires d’autres communes, parfois certains d’entre eux ont leur nom gravé sur plusieurs monuments. Parfois encore il y a des oublis: des combattants ne sont inscrits ni sur le monument de leur commune de naissance , ni celui de leur commune de résidence…
Prémonition ou hasard, il y avait un emplacement vide au bas de la plaque de granit du monument aux morts scaërois. Un siècle après son inauguration, ce vide a été comblé jeudi 11 novembre 2021 par l’ajout du nom de Christophe Guermeur, suite aux recherches d'une arrière-petite-nièce.
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Sa famille n’était pas originaire de la commune. Son père ,Hervé, était natif de Logonna-Daoulas et sa mère Marie Marguerite, de Spézet. Le couple vivait à Scaër dix ans après son mariage, dans le quartier de Loge-Gaor puis à Ty-Gloanec: Hervé était tailleur de pierre-carrier, une profession répandue dans le quartier. Plus tard ils furent domiciliés à Rosporden. Ils eurent 8 enfants : les deux derniers Christophe , née en 1887 et Armand né en 1893 font partie des premiers natifs de Scaër décédés au combat le 22 août 1914. Trois semaines après la déclaration de guerre, à Maissin dans les Ardennes Belges. Christophe faisait partie du 118e RI de Quimper et Armand du 19e RI de Brest.
La bataille des frontières
C’est dans le village de Maissin, carrefour stratégique situé au milieu d’une clairière de la forêt des Ardennes que ces régiments Bretons rencontrent pour la première fois l’ennemi. Après sept heures de combat Maissin est provisoirement aux mains des Français le 22 août. Les Allemands reçoivent des renforts dans la nuit et reprennent le village le lendemain. Les pertes sont quasi équivalentes dans les deux camps. L’armée française perd presque 4200 hommes.
Le registre matricule des deux Scaërois « morts pour la France » signalent qu’ils sont portés disparus le 22 août 1914. Aucune précision sur leur sépulture: peut-être à la nécropole franco-allemande mémorial de Maissin ?
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Le décès d’Armand est officialisé le 13 juillet 1916 et son nom est gravé sur le monument aux morts de Lorient et non de Scaër. Explication plausible ( à vérifier): l'ainée des filles Guermeur était mariée à un gardien de la paix de Lorient. Le décès de Christophe est officialisé le 25 août 1920 et la commune de Scaër avisé le 23 mars 1921, alors que le monument aux morts de Scaër ne sera inauguré que le 14 août 1921.
Trois ajouts tardifs
Nous ignorons si la commune avait pris en compte cette information. A l’époque, les plaques devaient en cours de gravure et la place avait été calculé pour les noms déjà référencés . La plaque côté nord fut rallongée plus tard pour rajouter les noms de Joseph Goallou mort de pneumonie en captivité en juillet 1918 et de P. Goallou (en réalité François Goallou), soldat du 48e RI de Guingamp décédé aussi le 22 août 1914 à Auvalis en Belgique avec un avis officiel le 6 mars 1920 transmis à la mairie de Scaër. Il restait une place sur cet ajout : elle porte le nom de Guermeur C.
Pourquoi Christophe Guermeur n’a-t-il pas été pris en compte plutôt ? Il apparait d’après son registre matricule qu’il avait quitté la région. Il était mineur dans le Pas de Calais quand il avait 20 ans. Il résidait " chez Leroy"à Saint Chéron ( Essonne) jusqu'à la déclaration de la guerre d'après son registre matricule. C'était peut-être son employeur? Une hypothèse : son nom n'est pas gravé sur le monument aux morts de sa dernière commune de résidence parce qu'il n'y avait pas de liens familiaux.
D'après nos recherches, en 1920, les parents de Christophe étaient décédés et il n'y avait plus aucun membre de la fratrie vivant à Scaër et susceptible d'intervenir pur que le nom de Christophe Guermeur soit ajouté.
Et s’il y avait encore d’autres Poilus scaërois dont la famille est en attente de reconnaissance...
Sources: Généanet, Mémoires des Hommes