La Forêt de Coat-Loc'h avant la Révolution

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"Coat-Loc’h ancienne Réserve de Chasse de la Duchesse Anne, est entourée de murs épais dont on aperçoit /es ruines, on y découvre aussi les débris d'un antique château envahi par les ronces" Cambry (Voyages dans le Finistère, 1794) .

La Gruerie de Quimperlé   

Quelques dates dans l'histoire de la forêt recueillis dans les ouvrages de Jean Savina et René Durand.

Les domaines forestiers de Carnoët, Coat-Loc’h, Pleuven, Elliant et Moëlan ont d’abord été soumis à la juridiction unique du nouveau siège royal d'Eaux et Forêts établi au Huelgoat. Puis le pouvoir royal a retiré de la barre du Huelgoat, la garde de certains massifs dont Coat-Loc’h qui a été placé sous la garde des Officiers de Quimperlé.                         
Des sergents féodés exerçaient leurs fonctions sous le contrôle des anciennes barres ducales qui demeuraient entre les mains des petits nobles terriens, charges rendues par ceux-ci quasi héréditaires. Dès 1642 les sergents féodés n'accomplissaient que plus ou moins leurs contrôles, et exploitaient les forêts pour payer leurs gages.
Au lendemain de la Fronde, vers 1655, des huttes sont construites à la périphérie du bois puis viennent les sabotiers et les charbonniers.
En 1665 les gages du Conservateur de la forêt de Coat-Loc’h plus Carnoët et Ploeven sont de 200 livres.


"Plan géométrique de la Forest de Coaloch futaye contenant cinq cents  quatre vingt dix huit arpents soixante et sept perches à la mesure royale y compris 193 arpents exploités sans renaissance.
 A et B: deux pièces de terres prétendues par all ???
 Le forestier de cette garde a 60  livres à prendre sur les amendes de la gruerie.  C : vestige du château de CoaLoch" Document daté de 1727, Archives Nationales

Ainsi en 1729, Jérôme Le Beuz et  Jacques Derrien étaient les « garde forestiers établis pour la garde des forêts du Roy »  en charge de  Coat-Loch.
"Ces forestiers ont 60 livres de gages désignés à prendre sur /es amendes encourues par ladite Gruerie, desquelles ont ne reçoit rien estant prononcés contre des gens gueux et à supposer qu'elles les reçoivent, c'est une très modeste somme pour garder cette forêt. Il faudrait encore absolument établir un ou deux forestiers pour la garde de cette forêt, auxdits gages convenables pour leur subsistance. II est absolument nécessaire pour engager lesdits verdiers à veiller soigneusement à la garde desdites forêts de leur donner des gages convenables pour leurs peines et travaux."

En 1730 le ré arpentage des forêts de la gruerie note que les ventes de bois portent sur 4 arpents à Coat-Loc’h. La forêt compte 598 arpents en 1730. Bien qu'en 1764 les gages des gardes de Coat-Loc’h soient fixés à 60 livres annuels, ils ne percevaient aucun traitement régulier et exploitaient plus ou moins quelques pièces de terre de proximité.

En 1785,  « La forêt de Coat-Loch (598 arpents et  67 perches), à ¾ de lieue de Scaër, une lieue de Rosporden et cinq de Quimperlé, était un bois de haute futaie avec des hêtres, quelques châtaigniers et peu de chênes. Il y avait des vagues (lieu sans bois) et des parties de renaissance (repousse). »
En 1786 les peuplements ne couvrent que 76 % de la superficie du domaine. Les vagues (150 arpents - 75 ha environ) sont envahis de fougères... le hêtre est fort apprécié. Les houppiers(partie supérieure des arbres pour les charbonniers) et menus bois sont charbonnés sur place et les beaux pieds expédiés à Quimperlé. La futaie groupée, supérieure à 100 ans à 700 arpents (350 hectares environ), ils sont utilisés par la Marine. 

En 1788 le Grand maître des Eaux et Forêts de Bretagne avait des accointances avec Scaër pudique cette charge était occupée par Thomas-Louis de Couëdic, seigneur de Kergoaler Il avait la charge de neuf circonscriptions :7 maitrises particulières et deux moins importantes dont la gruerie (*) de Quimperlé annexée à la maitrise particulière de Carhaix. 

Les vestiges visibles du temps de Cambry avaient été  signalés  en 1786 par le Comte d'Essuiles .L'exploitation a été interrompue à la Révolution pour reprendre vers 1796 pour les besoins des Arsenaux de la République

Les gardes forestiers se payaient sur les amendes


René Durand  a développé le fonctionnement du système « Chaque maîtrise a à sa tête un maître-particulier assisté d'un procureur du Roi, d'un greffier, d'un garde-marteau, de sergents ou gardes forestiers, et parfois d'un arpenteur; dans les grueries le maître-particulier est remplacé par le juge- gruyer. Par une confusion des pouvoirs exécutif et judiciaire très fréquente dans les institutions de l'Ancien Régime, la circonscription forestière en même temps qu'une unité administrative constitue un petit tribunal compétent pour les délits forestiers et dont les appels se portent devant le siège royal de la Table de Marbre, chambre spéciale du Parlement de Bretagne. Maîtres-particuliers, juges-gruyers, procureurs, greffiers, garde-marteau, sergents sont des « officiers », au sens où l'Ancien Régime prenait le mol, c'est-à-dire propriétaires de leurs charges, tout comme le Grand-Maître ; toutefois en Bretagne l'usage prévaut en beaucoup d'endroits de ne pas leur donner de « gages », nous dirions, de traitement. Le revenu de ces charges est constitué essentiellement par le produit des amendes infligées aux contrevenants ; en outre, les officiers jouissaient à proximité de ces forêts de certaines portions de terre cultivables du domaine concédées à titre d'afféagement et même de lambeaux de forêt proprement dite : ces dernières concessions étaient désignées sous le nom technique de « délaissements ». Quant aux fonctions de gardes forestiers elles sont souvent remplies, dans un but d'économie, non par des sergents proprement dits mais par de simples paysans riverains désignés d'office. »

 

Borne de la forêt ducale à Pen-Coat-Loch
La maison forestière a été construite en 1838 et habitée par un garde-forestier et sa famille jusqu''en 1950. Ils vivaient en autarcie sur une surface de 1 hectare: maraichage, poules, lapins, vache..


(*) Une Gruerie est une ancienne juridiction féodale où les officiers forestiers jugeaient les délits

 Sources : Les forêt royales en Cornouaille sous l'ancien régime-Jean Savina -1921. Forêts royales en Bretagne avant 1789 - René Durand -1917


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