L'épidémie de dysenterie de 1856



Une épidémie de dysenterie frappa Scaër et les communes environnantes en 1856 . Brizeux en fit dans une lettre adressée à son ami Bertrand Rodallec, aubergiste, le  27 septembre 1856 : «  Mon cher Bertrand, je sais qu’une cruelle épidémie sévit dans la paroisse et même dans le bourg, qu’ainsi Navelou fils et sa femme sont morts. Je dois donc craindre pour mes amis de Scaër, pour toi et ta famille, et pour M. Le Bec à qui j’ai écrit, il y a dix jours, et qui ne me répond pas. Toi, mon cher ami, sois plus obligeant et tâche, par le prochain courrier, de m’envoyer quelques lignes. Dis-moi si le mal augmente ou s’il touche à sa fin. À Lorient, il y a aussi des malades mais pas de morts, que je sache. Mon projet est d’aller prochainement à Quimper en passant par Scaër. À présent que tu es chef de maison, pourrais-tu me recevoir ? ».

Il y a 234 décès  sur le registre d'état civil de 1856 dont une centaine sur les 4 derniers mois de l'année.Les jeunes générations furent les plus touchées ( 1854 : 130 décès, 1855 : 103, 1857 : 191; 1858: 105,1859: 85).

âge de décès 1856 : 2 ans, 9 ans,45 ans,7 ans
âge de décès 1856 : 2 ans, 5 mois, 14 mois, 6 ans


Les filles de la Charité

En octobre, afin de soigner les malades, à la demande du maire de Bannalec, le préfet sollicite de l’évêque de Saint Brieuc supérieur ecclésiastique de la Congrégation des Filles du Saint-Esprit, l’envoi de deux sœurs sur sa commune. « Monsieur le curé offre le logement et la table aux deux sœurs pendant leur séjour à Bannalec ».
Elles séjourneront à Bannalec jusqu’au début du mois de décembre. Le 7 décembre 1856, dans un courrier adressé à l’évêque de Saint Brieuc et à la supérieure des Religieuses, que les Sœurs ont soigné « beaucoup de malades des paroisses voisines … Ces excellentes sœurs ont rempli leur mission de charité avec le plus louable dévouement. Chacun des jours qu’elles ont passés ici a été entièrement consacré à la distribution de remèdes et aux soins…Il me serait difficile de préciser le nombre de maladies arrêtées à leur début et de personnes évidemment arrachées à la tombe ».
 Le 24 décembre, le sous-préfet de Quimperlé note que l’épidémie touche à son terme. « Le nombre de victimes dépasse probablement de beaucoup 400 ; mais si ce nombre n’a pas été bien plus grand encore il faut en rendre grâce au dévouement des sœurs qui ont été envoyés à Scaër et Bannalec. Ce courrier cite encore notre commune : « Ainsi, , sur une surface de 12000 hectares, deux sœurs ont eu à Scaër, jusqu’à 1200 malades à la fois… A Peine les sœurs ont-elles parcouru cette immense commune que l’épidémie se calme, la mortalité diminue et bientôt cesse »
L’épidémie dysentérique reprit l’année suivante  et deux autres « filles de la charité » logées à Bannalec soigneront à nouveau les malades.


Lettre adressée par le Préfet du Finistère à Mgr Le Mée, évêque de St Brieuc : le Préfet fait référence aux deux Sœurs envoyées sur sa demande à Scaër et à Bannalec

Lettre  adressée par le Cabinet du Sous-préfet de Quimperlé au Préfet du Finistère. Il signale l’action de « deux Sœurs » sur les deux communes de Scaër et de Bannalec


Plainte des médecins

Il y eut par la suite d’autres religieuses à tenir un cabinet d’infirmières. Elles prodiguaient des soins gratuits ou très peu coûteux ». Ce qui leur valut d’être poursuivies par l’ordre des médecins, rappelle Annick le Douget dans son livre Guérisseurs et sorciers bretons au banc des accusés ». Elle a recensé vingt procès retentissants concernant ces bonnes sœurs.  « Deux Sœurs du Saint-Esprit, arrivées à Scaër pour soigner les malades indigents ("Sœurs de charité") furent poursuivies en 1884 à la demande d'un médecin venant de s'installer dans la commune, le docteur Jules Nau, pour exercice illégal de la médecine. Soutenues par la population, la plainte fut finalement classée sans suite par le procureur de Quimperlé".

Les religieuses cessèrent vraisemblablement ce service de soin au début du XXe siècle lorsque les congrégations furent déclarées illégales par la loi Combes. D’après les archives de la congrégation des Filles du Saint Esprit de 1916, la Visiteuse conseille de reprendre la visite des malades « avec prudence cependant ». Ces archives ne font ensuite mention d’une «  sœur infirmière » qu’en 1952.

Sources: Archives des Filles du saint Esprit, Tiercelin " Brizeux à Scaër", extrait de Wikipédia 

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