Agriculture. Silo-tour et maïsoduc

Après la récolte de maïs ensilage destiné aux bovins sous forme de plante entière, les agriculteurs moissonnent actuellement cette céréale pour en conserver uniquement le grain. Vendus autrefois aux coopératives, ces grains rejoignent de plus en plus souvent les silos-couloir ou silo-tour des élevages porcins où il sera stocké en condition anaérobie. Il constituera l’alimentation des porcs charcutiers contribuant à améliorer la rentabilité en évitant d’importer des aliments.

 Moisson de novembre 

À Kerbrézellec et Kergroac’h, Philippe Bourhis élève 11.000 porcs charcutiers par an. Jusqu'en 2012, les 450 truies et les porcs à l'engrais à Kerbrézellec étaient nourris avec des aliments fabriqués à la ferme, tandis que ceux de Kergroac'h recevaient de l'aliment complet importé qui revient à 30 € supplémentaires la tonne. Afin que les porcs, présents sur les deux sites distants de 1,5 km, aient la même nourriture de base, l'éleveur s'est équipé d'un silo tour en acier et verre de 1.900 m³ et 30 m de haut, comme dans les plaines du Middle-West américain destiné à stocker le maïs grain humide. Propos recueillis en novembre 2012 : « Il contiendra la récolte personnelle, celle d’autres agriculteurs à 10 km à la ronde. Cette année, on fait 10 tonnes/ hectare : le silo contiendra donc la récolte de 180 hectares pour atteindre 1800 tonnes. Le grain est récolté entre 28 et 38% d’humidité. Un prélèvement est fait à l’arrivée pour mesurer ce taux ». Il n’est donc pas indispensable d’attendre un hypothétique soleil torride au mois de novembre pour sécher le grain. On peut même moissonner sous le crachin.


Un silo-tour encore peu répandu dans la région

Les grains sont déversés dans une trémie et soufflés au sommet de la tour hermétique de 30 mètres de haut, après être dépoussiérés.

 

 A l’abri de l’air

 L’entreprise dispose d’un pont-bascule où les remorques sont pesées, chargées en entrant, à vide en repartant. Les grains sont déversés dans une trémie et soufflés au sommet de la tour hermétique de 30 mètres de haut, après être dépoussiérés. L’oxygène qui était entre les grains est transformé en gaz carbonique qui permettra leur conservation. Ce gaz carbonique se dilate et se contracte en fonction des conditions atmosphériques : il faut donc des « poumons » en matériau souple d’une capacité de 200 M3 pour le recevoir. Cette méthode de conservation dénommée « maïs grain inerté » est moins répandue que cette du maïs grain humide broyé dès la récolte ; « J’ai deux collègues qui font comme moi à Guiscriff et Querrien. Cette méthode correspond mieux aux gros stockage, entraîne moins de perte et nécessite moins d’énergie pour le broyage ». 

Maïsoduc 

Lors de la préparation, le grain descendra par gravité dans une mélangeuse qui associera 50% de maïs préalablement broyé, 10% de soja, 10% de colza, des tourteaux de tournesol et des minéraux. Le broyeur actionné par un moteur de 18 kwh traite 5 tonnes de maïs par jour : Une partie sera mélangée à de l’eau pour être acheminé dans une canalisation  de 50 mm de dimaètre  jusqu'à 6 bars de presson vers d’autres porcheries à Kergroac’h, à 1, 5 km du silo.Un câble informatique reliant les automates du départ et de l'arrivée et un câble téléphone sont aussi logés dans la même tranchée. Ce maïsoduc utilisait à l'époque une technique inédite en France.

 Renforcer l'autonomie

  La matière première est produite localement , en circuit court.  « Je recherche avant tout l'autonomie. Pas de transport pour amener les céréales chez les fabricants d'aliment et ramener ce dernier sur l'exploitation. J'estime à 4.000 € les économies réalisées sur le coût de l'aliment. Je n'utilise pas de fuel pour sécher le maïs ou le broyer : ce sont encore 10.000 € de gagnés »,  dit Philippe Bourhis, le propriétaire de l'élevage.


 

Le fonds de développement local Ideca 29 du Crédit agricole, qui soutient l'économie réelle en finançant des projets innovants, a remis, vendredi, un chèque de 6.000 EUR à Philippe Bourhis, éleveur de porcs à Kerbrézellec, pour son « maïsoduc » entre le site principal de Kerbrézellec, siège de l'exploitation et un atelier d'engraissement de 1.000 porcs situé à Kergroac'h, qu'il avait acquis en 2006.


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