La "Grosse Bertha" de Chuignes

 Originaire de Chuignes, dans la Somme, Jacqueline Jégou née Delattre, décédée en août 2014 habitait près du lavoir de Toyal. Elle avait quitté sa région natale à l'âge de 18 ans avec sa mère et sa grand-mère après la débâcle de 1940. La maison familiale avait été démolie lors de l'avancée des troupes allemandes : « À chaque conflit, ma région se trouvait sur le chemin des troupes ».

Une photo près du canon


Des ruines de sa maison, elle retirera une carte postale bien abîmée, aux bords déchiquetés, la représentant auprès d'un canon de la précédente guerre, celle de 14-18. De son enfance, Jacqueline avait conservé quelques souvenirs qu'elle nous livre: «Ce canon-là, on l'appelait la Grosse Bertha, il était à 2km de chez moi. Les Allemands l'ont fait sauter pour qu'il ne tombe pas aux mains des Français. Après la guerre, le canon de Chuignes était un but de promenade du dimanche ; il y avait des cars qui venaient de partout. Les gens montaient sur le canon ou se glissaient à l'intérieur pour se faire photographier. On avait même installé une buvette... ».


Le canon de Chuignes était un but de promenade dominicale

Les gens montaient sur le canon ou se glissaient à l'intérieur pour se faire photographier.


De Max à Bertha


Elle avait en mémoire les campagnes ravagées après la Grande Guerre: «Ce n'était pas beau, la Somme dans les années 1920 .  Tout était labouré, les arbres n'avaient plus de feuilles. Il y a toujours des obus dans le sol aujourd’hui ». Cette appellation de Grosse Bertha fut donnée abusivement par les Français à tous les canons longs. Pour les spécialistes de l'artillerie, le canon de Chuignes est surnommé « Max ». Il mesurait 17 mètres de long. « Il est plus long que ma maison » ajoute Mme Jégou. Il pesait 750 tonnes et pouvait tirer à presque 50 km ». À partir du mois de mai1918, il a « craché » sur Amiens à 32km de là, une centaine d'obus de 38cm de diamètre et pesant 500kg. Il sera capturé par les Australiens, lors de la contre-offensive alliée en août1918, trois mois après sa mise en service. En 1942, les Allemands ont récupéré ce qui restait des affûts et des canons de 14-18 pour les faire fondre à nouveau ».

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