Citroënniste historique Philippe Bouguennec restaure les véhicules mythiques de la marque aux chevrons, en plus des travaux classiques sur les véhicules contemporains. Traction avant, DS, SM et 2CV occupent intégralement la cour et l'atelier de la rue Lancien. Sa réputation a franchi les frontières et les demandes de restauration viennent de la France entière.
Une traction avant originale
En juillet 2006 il a reçu un modèle rare pour la remettre en état : un cabriolet traction avant de 1935. « Les premiers modèles de la traction sont sortis en 1934, c’est donc une pièce de collection ! Le véhicule, 7 cv fiscaux, immatriculé dans la Seine, affiche 93.000 km au compteur. Elle vient de la région parisienne où elle dormait dans un tas de foin. Dans les années 50, pour la rajeunir, on lui a monté une calandre d'inspiration américaine Foucher-Créteau. Le moteur de 46 CV a été modernisé à la même époque : elle a trois vitesses et peut rouler encore à 100 km/h ». Ce spider-cabriolet pouvait accueillir deux passagers supplémentaires : deux marches fixées sur le parechoc et l'aile arrière permettent l'accès à une malle arrière équipée de sièges. Curiosité : il y a un orifice sur chaque aile pour remplir deux réservoirs. « C'est pratique pour faire le plein, que la pompe soit à gauche ou à droite ». Ce coupé-cabriolet disposait d'une capote : « Pour la remonter, il va falloir refaire le cadre bois au-dessus du pare-brise. Par contre, le bois des rebords des portières est en bon état
Signes particuliers de ce véhicule : la présence sur le capot et sur les portières des initiales FFI et d’une croix de Lorraine sommairement peinte. On peut penser que cette traction s’est illustrée lors de la Libération de Paris».
Son garage hébergeait aussi à l’époque un cabriolet DS Citroen de 1966 dont la carte grise en cours de validité est … californienne. Ce modèle « exportation » présente quelques particularités quant à la disposition des feux, les ailes arrière.
| La traction avant de 1935
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| | Elle a peut-être servi à transporter des combattants FFI
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« Deudeuchemania»
Les 2CV n’ont plus de secret pour Philippe. « C'est quand même plus facile de refaire une 2CV qu'une DS, pour laquelle il faut plus de temps et plus d’investissement », explique le passionné. Philippe Bouguennec connaît bien les maladies de la carrosserie. «Je commande les pièces de tôlerie, plancher, portières, pare-brise et des châssis galvanisés, garantis trente ans. On trouve sans problème des pièces neuves, explique-t-il. On part d'une 2CV qui a bien vécu et on essaie d'en faire une belle auto. Cela va de la 2CV classique à la voiture de raid, en passant par la Méhari et la fourgonnette. Je pense que la plus ancienne à laquelle j'ai redonné vie est sortie en 1956. La plus originale : mon cabriolet bien sûr...».
La Tissier
le véhicule le plus original du garage est un plateau porte-voitures dont l'avant est constitué d'une Citroën CX Turbo-Diesel de 1985. Quant à l’arrière… il ne ressemble à rien d'existant dans la région : c'est un plateau porte-voitures avec trois essieux. " M. Tissier, de Villeneuve Le Roi, qui a adapté des Citroën pour en faire des ambulances, des limousines, a fabriqué 16 porte-voitures entre 1975 et 1998. Celui-ci est le dernier de la série. En 2005, Il en resterait deux en service en France et un en Suisse, tous les autres attendent d'être remis en état".
| Seconde jeunesse pour cette 2CV
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| | La Tissier " mille-pattes"
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Sur un châssis poutre, on a donc gardé l'avant de la CX , l'arrière est constitué de trois trains arrière de CX break. Longueur totale de ce véhicule surnommé " mille-pattes" : 9, 20 mètres. Ce véhicule homologué, quatre places, sert au garage Bouguennec pour transporter des voitures jusqu'à 1,8 tonne : " La suspension est hydraulique à l'avant comme à l'arrière. Le principe pour charger les véhicules sur le plateau est de lever l'avant et de baisser l'arrière. L'avant, c'est le bouton d'origine, l'arrière, c'est un levier supplémentaire. C'est beaucoup plus rapide que de charger sur un plateau classique. Sur route, aucune particularité quand on roule , chargé ou pas chargé". Pour le fun, Philippe Bouguennec a monté deux tuyaux d'échappement verticaux, chromés semblables à ceux des camions américains.
Les tubes food truck
| 2016: plusieurs fourgons HY ont été transformés en food-truck
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| Philippe Bouguennec dans sa DS décapotable
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En 2016, Philippe a rénové plusieurs fourgons HY. Produit de 1948 à 1981, ce fourgon est au transport utilitaire ce qu'est le 2CV pour les passagers. Mu par un moteur de traction avant ou celui des premières DS, ce véhicule simple et rustique, avec un plancher très bas pouvant charger 1.600 kg, a été le favori des artisans et des commerçants ambulants qui sillonnaient nos campagnes dans les années 50. « À tort, on l'appelle "tube" : c'était le nom du fourgon qui précédait le HY. Ce fourgon avait trois vitesses, la première n'était pas synchronisée : impossible de rétrograder en première. Il roulait à 90 km/h. C'était bruyant car le moteur était entre les deux sièges ».
Philippe Bouguennec et son équipe ont révisé la mécanique et la tôlerie de 20 « tubes »destinés à devenir des « Food trucks » pour vendre glaces, gaufres... sur des sites fréquentés à la mode.. Il faut revoir moteur, frein, boîte de vitesse, embrayage... pour que le véhicule soit accepté au contrôle technique : « On fait venir les pièces d'Allemagne, où elles ont été reproduites. Pas d'électronique, bien sûr, mais il y a une partie très complexe : sur les roues avant il y a deux cylindres pour actionner les mâchoires de frein. Refaire les freins, c'est ce qui coûte d'ailleurs le plus cher ».
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