Albert Yaouanc. Un inventeur-bricoleur aux mille idées


Albert Yaouanc, décédé en 2017 à l’âge de 92 ans, fut  l'un des premiers «hélicoptériens» dans l'Aéronavale française. A l’heure de la retraite, il avait restauré le moulin de Kergoaler et créé une pisciculture. Albert Yaouanc consacra aussi sa retraite à peindre des scènes de la vie rurale d'autrefois (lire ici), à inventer et fabriquer de nombreux objets. Voici deux exemples de réalisations de ce " Géo Trouvetou" scaërois.

Les conseils de Franck Cammas

Il avait appris à travailler l'inox: après avoir fabriqué le poêle à bois qui chauffe son atelier, il s’est lancé à 85 ans dans la fabrication d’un bateau de 6m de long sur 2m de large environ. La matière première : « L’inox de la coque (4mm) provient de deux cuves de camion-citerne de collecte de lait qui ont été accidentées. Pour le pont supérieur, j'utilise de l'inox d'anciennes cheminées de l'usine Bolloré, épais de 2mm ».
Il avait découpé les tôles des cuves à la meuleuse avant de les aplanir à la masse puis au marteau pour les finitions. Il avait inventé une cintreuse pour donner leur forme exacte aux pièces courbes. Les plaques d'inox furent soudées extérieurement et intérieurement avec une lame de renfort. « Je vérifie qu'il n'y a pas de trou dans ces tôles de récupération en plaçant une lampe sous la coque. À l'avant, j'ai ajouté un éperon étanche afin de la préserver contre les entrées d'eau en cas de choc frontal ».
Quand il en avait le temps, Albert ajoutait une pièce à son bateau. « J'essaie actuellement de fondre des feuilles de plomb qui avaient servi sur ma maison pour lester la quille. J'en aurai pour 700kg environ. J'ai essayé de fabriquer un petit haut-fourneau chauffé au bois pour faire cela, mais ce n'est pas au point». Le « capitaine» Albert accueillait toute suggestion pour l'aider à poursuivre son chantier : il avait montré le bateau à son voisin de Kermabel, le navigateur Franck Cammas (Groupama): «Je lui ai dit que je trouvais la bordée un peu trop haute. Il m'a répondu qu'au contraire c'était mieux pour la sécurité».

A 85 ans, le " capitaine" Albert rêvait de prendre la mer et fabriquait son bateau en inox

Un garde-corps simple et efficace





 

A. Yaouanc, à gauche, fut l'un des premiers mécaniciens d'hélicoptère français

Albert présente le logo des hélicoptères Bell sur lesquels il a travaillé dans les années 50


Digne du Concours Lépine

En 2012. Il avait inventé un garde-corps mobile pour son échelle : il y grimpait encore à un âge avancé pour élaguer les arbres de sa propriété. Son prototype de 1,20 m de long s'emboîtait de part et d'autre dans le carré évidé de cinq barreaux. Sur chaque barreau, il avait ajouté une sécurité réalisée par de petits crochets pivotants. Une fois monté, une barre rejoignait les deux parties à l'arrière du grimpeur pour éviter une chute. L'ensemble formait une cage sécurisante.

« Pour éviter que l'échelle ne glisse, je vais élargir la base par une barre perpendiculaire à l'échelle. On peut adapter en plus un petit plateau entre deux barreaux pour avoir les pieds à plat. J'ai montré cette échelle à des agents ERDF qui travaillaient entre Kernabat et le moulin de Kergoaler, ils ont été surpris par cette réalisation bien simple et m'ont dit que cela méritait un brevet. Un ingénieur m'a dit encore que ce prototype était digne d'être présenté du concours Lépine ».

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