La tempête qui a traversé la région dans la nuit du 23 au 24 décembre 2013 a rappelé aux riverains de Pont-Lédan et Cascadec des souvenirs de l'an 2000. "Il est tombé 77 mm de pluie en 24 h", précise Jean-François Quéré de Kergaouen. Le cumul dépasse les 200 mm sur la dernière décade: les ruisseaux et rivières ne pouvaient que sortir de leur lit.
Le 12 décembre
2000, la hauteur maximale observée à la station Vigicrues de la Boissière à 21h17 fut de 325 mm pour un débit
estimé de 81,99 m³/seconde. Le mardi 24 décembre 2013, le nilomètre a relevé 3,11 m à
4h puis 7h du matin. Le 16 février 2000, le niveau était à 2, 67 m et le 31 décembre 2022, 2.85 m à 14 h 30. Le 3 avril 2024 :2,66 m à 4 h.
Pont-Lédan, zone inondable
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La crue du 24 décembre 2013 à Pont-Lédan |
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A l'entrée de Cascadec |
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Le cadastre de Pont-Lédan en 1818. La rue Guillemot qui passe derrière les maisons au premier plan de la photo ci-dessus était en pointillé: la chaussée n'était pas stabilisée car en zone inondable. Depuis cette époque, elle a été rehaussée mais le quartier est toujours en zone inondable |
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L'eau monte de plus en plus vite |
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"A Pont-Lédan, les routes menant à Saint Thurien et Créménet ont été coupés quelques heures mardi matin en raison des crues de l'Isole. Une famille de trois personnes a dû être évacuée, impasse des Prés, leur domicile étant menacée par la montée rapide des eaux. Les grands arbres à proximité du pont ont été déracinés sous la violence du vent.
A la papeterie Glafelter de Cascadec, il a fallu arrêter la production avant l'heure prévue en raison de Noël. Suite au précédent sinistre de l'an 2000, le lit de la rivière qui traverse l'usine avait été recalibré et des moteurs surélevés sur des socles. Un muret devait canaliser la rivière en face de la chaufferie. Mais à partir de 3 heures du matin, la rivière a quand même débordée pour investir les sous-sols. " On a eu les mêmes effets qu'en l'an 2000, s'il n'y avait pas eu ce muret, cela aurait été pire que la première fois, relève M. Phelep, responsable de la maintenance. L'outil de travail a été préservé en grande partie, il n'empêche que quelques moteurs qui ne peuvent pas être déplacés ont souffert. Il y a eu 40 cm d'eau dans l'atelier de la maintenance sous lequel passe la rivière. L'entreprise continue son activité mais quelques services devraient être impactés par ce sinistre. Les pompiers de Scaër, Saint-Thurien, Coray sont intervenus au cours de la nuit pour pomper l'eau des locaux inondés". ( Compte-rendu de l'inondation de 2013)
L'eau monte et descend très rapidement
Sans être alarmiste, les riverains de l'Isole et les promeneurs ont observé que l'eau montait de plus en plus vite après les épisodes pluvieux, mais redescendait aussi illico lors des accalmies. Des éléments vérifiables sur le site Vigicrues pour la station de Stang-Boudilin (La Boissière) premier poste d'observation sur ce cours d'eau en amont de Quimperlé. Le lendemain de Noël, l'eau est montée de 36 cm en six heures, 73 cm en 17 heures le 30 décembre, 89 cm en quinze heures le 4 janvier, culminant à 2, 10 m. La décrue est aussi rapide : 66 cm de moins en 20 heures, le 5 janvier. Dimanche 7 janvier, il n'y avait plus un mètre d'eau à la station. Plusieurs hypothèses peuvent expliquer la montée de plus en plus rapide de l'eau. Il y a évidemment la disparition des talus et fossés qui retenaient l'eau autrefois, l'absence de couverts végétaux sur certaines parcelles agricoles et le développement des surfaces peu perméables (routes, cours, bâtiments).
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L'Isole à la papeterie en 2013 . En l'an 2000, avant les travaux, elle atteignait un mètre à cet endroit |
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Les branches et troncs charriés par la rivière créent parfois des barrages derrière lesquels l'eau s'accumule et provoque des dégâts |
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Inondations. Témoignage d’un ancien papetier
Roger Douget, papetier retraité, fils et petit-fils de papetier, demeurant à Kervégant-Cascadec, connaissait bien l’usine de Cascadec pour y avoir travaillé durant 38 années. Il a vécu plusieurs épisodes stressants lors des crues de l’Isole.
« La pire des situations que j'ai vue à l'usine c'était en février 74, où il y avait 80cm d'eau dans le sous-sol de la chaufferie, l'eau dévalait la cour de l'usine, et plusieurs voitures avaient subi des dégâts, quand l'eau a baissé on a constaté que des pans de bitume avaient disparu, le mur de la menuiserie avait aussi disparu, avec certaines machines. On avait la passerelle entre les machines 3 et 4, et la machine 5 nous permettait de passer d'un bord à l'autre de la rivière, sinon pas de passage possible, pas de courant non plus. Le canal débordait aussi, l'apocalypse, on n'avait que des piles électriques pour nous éclairer. Les deux premières personnes que j'ai croisées en arrivant à l'usine le matin à 4 h 30 étaient Jean Mazé père, pieds nus et pantalon retroussé jusqu'aux genoux, et Jacques Tymen en bottes. C'est avec une nuit d'orage où on était tous regroupés au raffinage dans la peur panique, et la tempête de 87, un des mauvais souvenirs de mes 38 ans passés là. »
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Le 31 décembre 2022, Vigicrues a enregistré 2,85 mètres à 14 h 30. C'est désormais la 3e crue historique (cliquez pour agrandir)
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