Paille et laine de mouton
Hervé Le Gall est charpentier de profession. C'est donc presque naturellement, qu'il a choisi de construire sa maison sur une ossature bois, route de Plascaër en 2009. Plus originale est la démarche qui a consisté à utiliser la paille pour les murs, ainsi que de la laine de mouton et de la ouate de cellulose pour l'isolation. «Cette construction bioclimatique, associée à des isolants naturels contribue aux économies d'énergie et à la reconquête d'un meilleur environnement».
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S'inspirant des demeures de Franche-Comté, il a choisi d'abriter sous le même toit les espaces d'habitation, les pièces de service, le garage, le stockage du bois de chauffage d'où cet aspect «hangar» qu'avait à l'origine le bâtiment. Pour une première tranche, il a utilisé pour les murs un «béton de paille», mélange de paille et de chaux, coulé entre des banches. Pour la seconde partie de la construction, des bottes de paille ont été utilisées pour réaliser les murs. «On a recouvert ensuite la paille par des enduits à la chaux, mis à la machine. Mais toute la maison n'est pas faite comme cela: il y aussi des murs à ossature bois avec de la ouate de cellulose.
Pour mener à bien ce chantier, le charpentier s'était assuré la collaboration d'amis qui avaient déjà construit des maisons en paille: «Ce n'est pas compliqué à faire, mais il faut que ce soit précis pour qu'il n'y ait pas de soucis lors de la pose de l'enduit. Une fois que la paille est mise, si c'est bien soigné, on ne craint pas non plus les rongeurs». Pour les combles, deux principes ont été adoptés: la laine de mouton sur 8 cm dans la partie la plus ancienne et la paille sur 30cm dans les combles, sous la toiture en bac acier, pour la partie la plus récente: «Pour être bien, il faudrait 20 cm de laine de mouton».
Paille et shou-sugi-ban
Denis Fongue et sa compagne Violenn Simon ont élu domicile à Kergoz, entre Ty Gloanec et Saint Guénolé en 2013. Ils conçoivent des sites Internet et pratiquent le télétravail. Ils ont profité des beaux jours de l’été 2018 pour rehausser une maisonnette en pierre ayant appartenu à la famille Pendu par des murs à ossature bois avec une isolation en paille. « Nous avons fait appel des professionnels pour des parties plus techniques : un maçon- tailleur de pierre pour rajeunir les murs de pierre, un charpentier car cela n'était pas de notre compétence mais le reste se fera essentiellement en autoconstruction»
La paille servant à l'isolation provient d'une ferme de Bannalec. 1450 bottes parallélépipédiques (85cm X 60 X 45) ont été compressées par une ancienne botteleuse moyenne densité le lendemain de la moisson: " C'est un isolant efficace et bon marché mais il a fallu beaucoup de main d'œuvre pour monter la paille à l'étage. Par deux fois, nous avons réuni quinze personnes pour ce travail".
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Denis et Violaine devant le stock de paille destiné à isoler leur maison |
Ces bottes de paille sont logées entre une double ossature bois selon la technique d'origine québécoise du Groupe de Recherches Écologiques de la Baie (GREB): " L'espace entre les deux ossatures est calculée pour recevoir la botte de paille entière. Il suffit de bourrer les interstices avec de la paille en vrac afin qu'il y ait le moins d'air possible à circuler. La finition intérieure pour varier en fonction des pièces : " Ce sera du mortier sable-ciment-chaux-sciure de bois ou du placo selon l'usage de la pièce".
Les parois extérieures en fibre de bois seront recouvertes d'un bardage en bois brulé ou shou-sugi-ban, une technique japonaise bois brulé qui permet de protéger naturellement le bois.
Le toit sera également isolé en paille et étanchéifié par un professionnel avec une membrane EPDM qui sera recouverte d'une toiture végétalisée. A l'heure des finitions, au rez de chaussée, le mur extérieur recevra une isolation en laine de bois de 15 cm d'épaisseur.
Un poêle à bois de 3 kw et un chauffe-eau solaire aideront cette écoconstruction à tendre vers le concept d'habitat passif avec une consommation énergétique très faible .
Concilier économie et écologie
Ces deux démarches associent des objectifs écologiques et économiques et une démarche intellectuelle axée sur l’autonomie .Hervé Le Gall : «Il est inutile de gaspiller de l'énergie pour fabriquer des parpaings alors que l'on a sous la main une matière première pas chère».
Denis Fongue : "Notre objectif est de construire une maison bien isolée au moindre coût, faire le maximum en auto construction avec des techniques à notre portée".
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