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Chemin historique
- Soaïk Meur, un ancien du quartier nous avait affirmé il y quelques années que c’était le chemin que les prêtres de Guiscriff empruntaient au XIXe siècle pour venir manger chez leurs collègues scaërois, à pied ou en char à bancs. Il prétendait même qu'à Kergoaler il y aurait eu un relais de Poste !
- « Quand Louise mourut à sa quinzième année, fleur des bois par la pluie et le vent moissonnée, un cortège nombreux ne suivit pas son deuil... quand le fossoyeur, soulevant son beau corps, du village natal l’emporta chez les morts... par les taillis couverts, les vallons embaumés, les genêts, les blés verts, le convoi descendit, au lever de l’aurore. » Cet extrait du poème romantique de Brizeux « La Chaîne d’Or », 1837, fait aussi référence au passage du convoi mortuaire dans ce chemin qui rejoignait les bourgs de Scaër et Guiscriff .
- Une trace plus ancienne encore de ce chemin existe aux Archives notariales de Nantes et aux archives nationales où sont conservés les " Aveux" c’est-à-dire l’ensemble des déclarations de propriété des sujets du roi. L'aveu de Charles et Guillaume Le Fur, établi en 1683-84 recense de façon très détaillée leurs propriétés "aux villages de Queranflech et Kerfreincq", aujourd'hui Kerflec'h et Kerfring. Il y est question d’un champ leur appartenant bordé par "le chemin menant dudit Keranflech au bourg de Sçaer" et d'un autre "donnant devers au nord sur le chemin conduisant dudit bourg de Sçaer au village de Kergoaller".
"Le chemin conduisant dudit bourg de Scaer audit village de Kergoaler" existait bel et bien en 1678. La montage du guerndu = Miné Wern Zu. Les frostages de Keranflec'h = terres en fiches |
- Plus loin encore dans le temps, Rémy Toupin ajoute qu'au XIe siècle il y avait une route "stratégique" de Quimper au Faouët avec un franchissement de deux rivières à Pont-Mein et Kerlavarec.
Cadastre de 1828: l'axe Scaër-Guiscriff via Kerflec'h, Kergoaler était un chemin public , non cadastré. |
Privatisation rampante
Sur le cadastre napoléonien de 1828, sur la carte d’état-major du milieu du 19e siècle il est bien utilisable entre Scaër et la limite de Guiscriff passant à gauche du Grandchamp, traversant l’Isole pour remonter vers Kerflec’h où il traversait passait devant les fermes avant de rejoindre Kergoaler, Bonizac, Kerlabour. De larges dalles de pierres plates « Pont–Mein », remontant aux Gaulois selon la légende, permettaient encore vers 1960 de traverser l’Isole.
Un ancien du quartier se souvient d’avoir entendu son père parler du chemin public devant la maison à Kerflec’h et de sa suppression : « Il n’y avait plus de charrette à passer par ce chemin et sa suppression ne gênait personne car on passait par la cour de la ferme ». La voie de communication publique a donc été tronçonnée lors de l'absorption de quelques dizaines de mètres dans un jardin. Mais aucun acte municipal ne semble avoir avalisé, régularisé, cette opération ! Cette « privatisation rampante » a dû se dérouler après 1950 car on devine encore le passage devant la maison sur le site comparant les photos aériennes de 1952 et aujourd’hui ! (Une fois la page ouverte, cherchez " Kerflec'h Scaër" et cliquez sur trouver).
Éviter l’aliénation des biens publics
A l’instar de ce chemin, bon nombre de passages publics anciens ont été phagocytés dans les parcelles voisines sans bruit, sans faire de vagues, avec des régularisations a posteriori au nom du politiquement correct et du clientélisme.
« Aux élus de trouver des solutions pour éviter l’aliénation des biens publics » pouvait-on lire à la page 15 de l’enquête publique qui eut lieu en janvier 2016…
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