« C'est comme si c'était hier. Et pourtant, cela fait bien, attendez donc... 60 ou 70 ans déjà. Du temps, où il y avait encore beaucoup de monde à la campagne et où le pastis et le whisky n'était pas aussi connu que maintenant... Figurez-vous que dans le quartier on fêtait le nouvel an comme il se doit. Pas Noël : Noël, c'est une fête dans la famille. Mais pour le nouvel an, on se voyait entre voisins ».
À cette période de l’année, il n'y avait pas de gros travaux à la campagne, on avait le temps. Le temps de se voir, de causer, le temps aussi de boire un café en mangeant un morceau de " kouign", de gâteau quoi. Vers les premiers jours de l'année nouvelle, on s'invitait l'un chez l'autre pour le « Kafe bloaz ne" », le café du nouvel an. On arrivait vers les 15 h. Celui qui arrivait commençait par souhaiter la bonne année à ceux qui étaient déjà assis et on embrassait tout le monde.
À cette période de l’année, il n'y avait pas de gros travaux à la campagne, on avait le temps. Le temps de se voir, de causer, le temps aussi de boire un café en mangeant un morceau de " kouign", de gâteau quoi. Vers les premiers jours de l'année nouvelle, on s'invitait l'un chez l'autre pour le « Kafe bloaz ne" », le café du nouvel an. On arrivait vers les 15 h. Celui qui arrivait commençait par souhaiter la bonne année à ceux qui étaient déjà assis et on embrassait tout le monde.
L’heure de rentrer les vaches
Quand tous les invités étaient réunis, le maître ou la maîtresse de maison servait le vin blanc, plutôt moelleux à l'époque, du Monbazillac, que l'on buvait en mangeant déjà un morceau de gâteau breton. Après venaient le café et les crêpes, à nouveau un morceau de gâteau breton et une « longadeg lagout » pour finir. Les gens parlaient entre eux du temps, souvent mauvais temps, des récoltes de l'année,d'après les souvenirs des conversations que je garde ; on parlait encore des gens du quartier morts dans l'année, des mariages annoncés... Oui, je me souviens comme si c'était hier.
Les enfants s'amusaient sur les bancs près du feu, dans le « Korn toull » de Len et Maï-Ann. C'étaient les grandes cheminées des "penty" du début du 20e siècle que l'on cachait alors derrière des portes en bois mais que l'on met en valeur aujourd'hui.
Les hommes parlaient entre eux, les femmes entre elles. Et le temps passait jusqu'à ce que quelqu'un lançait « Poent eo despunt zaout » (il est temps de rentrer les vaches). La cérémonie d'au revoir durait bien encore cinq minutes, le temps de se donner rendez-vous dans une autre maison le lendemain ou un autre jour. Le cœur bien au chaud et l'estomac bien lesté, chacun s'en retournait chez lui, heureux d'appartenir à une communauté villageoise sur laquelle il pourrait compter l'été prochain pour une entraide lors du battage . Cela fait déjà bien longtemps et pourtant c'est tout proche dans mon esprit. Ce sont des souvenirs qui donnent chauds au cœur dans le mauvais temps d'aujourd'hui ».
Un " Kafe Bloaz Ne" en janvier 2011 à la pâtisserie Bridel. Une rencontre conviviale dans le cadre de Taol-Kurun pour partager histoires et chansons |
Ainsi s'exprimait Fañch lorsque nous lui avions souhaité la bonne année. La nostalgie est toujours ce qu'elle était. Dans combien de quartiers se fait-elle encore cette « troménie du nouvel an » si simple mais si riche en rapports humains ?