Henri Le Bec, ancien meunier

Entre Kerandréau et Lanveur serpente un ruisseau qui mène à un ancien moulin à eau. En mars 1977, le dernier meunier, Henri Le Bec, 75 ans à l'époque, nous a raconté ses souvenirs.


" Les sacs de 100 kg ne me faisaient pas peur "
Le moulin de Kerandreau a  été transformé en gite après le départ de Henri Le Bec

Du moulin de Kerry au Canada


1914 : Louis Le Bec, meunier à Kerry, part pour le front. A 12 ans, son fils Henri s'occupera des meules et des vannes. C'était l'époque où les garçons meuniers allaient de ferme en ferme chercher le grain pour le faire moudre au moulin, puis retournaient la farine à l'aire à l'aide d'une charrette aux roues cerclées de fer. Dans une charrette, on chargeait une bonne douzaine de sacs. Plusieurs fois dans les chemins creux, l'attelage s'embourbait. Certains meuniers cherchent du renfort. Henri Le Bec se contentait de porter un à un les sacs un peu plus loin et de les recharger une fois
1929 : jeune marié, notre meunier part pour le Canada mais conserve son métier. Cependant, ce qu'il voit là-bas c'est autre chose que le moulin à eau familial : « Nous étions sur les bords du lac Erié, non loin des chutes du Niagara, et je chargeais des sacs de farine dans les wagons. Les sacs de cent kilos ne me faisaient pas peur ».
Après un passage dans une fonderie, puis comme employé d'une maison bourgeoise, M. Le Bec et son épouse rentrent au pays et s'installent à Quérou.

Meunier à Kérandreau

 

En 1935, M. Le Bec fait tourner le moulin de Kérandreau. Il va chercher des sacs de grains à moudre dans toute la commune et même à Leuhan.
Une innovation en 1949 : restructuration du moulin avec un changement dans la production de l'énergie nécessaire au broyage du grain : il s'agit de l'installation d'une turbine sur les plans  de   M.  Dehayes, ingénieur   à   Cascadec.
Cette turbine est d'un rendement supérieur aux anciennes roues des moulins. On peut moudre plus de dix sacs en une heure. Plus qu'on ne le fera plus tard avec le moteur électrique. Mais, signale M. Le Bec : « II n'y avait pas toujours assez d'eau l'été ».
Le moulin connaîtra ses heures de gloire vers le milieu de la décennie 50 : « Avant midi, il y avait 80 à 90 sacs de grains à moudre d'arrivés ».
 On croirait entendre maître Cornille, le meunier de Daudet. « À cette époque, poursuit notre meunier, je vendais aussi de la farine provenant du grain acheté en Beauce et transporté par M. Jeoffroy, de Châteauneuf. J'ai eu jusqu'à 800 sacs de cent kilos dans mon grenier ». Sur le plan technique, le moulin était bien équipé, puisqu'un élévateur, toujours mû par la turbine, remontait la farine après le passage entre les meules.

Les moulins électriques

 

Les beaux jours dureront jusqu'en 1962. Avec l'électrification des campagnes , de nombreuses fermes s'équipent en moulin à farine individuel. Les clients se font rares et il faut courir les quatre directions pour « donner à manger au moulin ». M. Le Bec ne moudra plus que le grain de quelques voisins.

Aujourd'hui le moulin ne bruit plus des grincements des meules, seule l'eau du canal qui chute dans le puits de la turbine est perceptible. Les moulins ont disparu mais leurs noms  restent attachés aux lieudits : Meil Vest, Meil Kergoaler, Meil Kerry, Meil Nabat, Meil Né, Meil Rosos...

Le moulin de Kerandreau   a été transformé en gite touristique gérée par une SARLentre 1992 et 2010




Retour