Gouren. A chaque époque ses trophées

En 2010, en organisant un tournoi de Gouren lors des fêtes patronales, Scaër renouait avec une tradition séculaire qui lui a valu d’être considérée comme le « Bro  ar Gournerien », le pays des lutteurs,  en raison de la réputation de ses combattants.


Le bélier noir



Vers 1830, le poète Brizeux les rappelle ainsi : " À Scaër, le lendemain de la fête du bourg, au bruit de la bombarde, au rappel du tambour, on vit, comme la mer quand elle monte et boule, dans un immense pré courir toute une foule, Et là, jeunes et vieux, hommes et femmes, tous en cercle sur le pré rangés à deux genoux, d'autres pendus aux troncs des ormes et des frênes, attendre les lutteurs sur ces vertes arènes." . Brizeux a noté que les prix en jeu étaient : "deux chapeaux avec leurs lacets jaunes, une ceinture en Iaine et longue de quatre aunes, des bagues, des couteaux, enfin un bélier noir que tous les concurrents venaient peser et voir". A la fin du combat, les vainqueurs étaient portés en triomphe : « Scaer, l'emportait partout !  Scaer, le pays des luttes et des joyeux chanteurs aux savantes disputes »


Le bélier sur le blason de la commune rappelle les tournois de lutte bretonne
1910 : Accrochés au mat, les prix que les lutteurs se disputaient



1889 : le chanoine Martin, natif de Guiscriff, dans son ouvrage « Mouez Kerné » retient que le lundi après-midi était consacré aux luttes . Les prix en jeu étaient accrochés à un cerceau au sommet d’une perche : des paquets de tabac, des mouchoirs, des chapeaux. Le bélier, lot principal, était attaché au pied de ce mat


1913. La société des luttes bretonnes de Scaër annonce que le lundi après-midi, au Pré de la Source, site actuel du collège Saint Alain, on retrouvait les luttes bretonnes avec deux catégories : avant et après le service militaire. Des billets de banque remplaçaient les lots en Nature :300 Francs de l’époque soit l’équivalent 1000 euros environ.


2010. Une coupe, un vase, un chapeau, des reproductions photographiques des Lutteurs de Loïez Rest : voilà quelques-uns des prix en jeu pour le tournoi de Gouren du Pardon.

Comme autrefois, les lutteurs s’affrontaient suite à un défi. Un volontaire saisissait un lot en jeu, faisait le tour de la lice. Celui qui voulait lui disputer ce prix annonçaient « Arrête-toi, je suis ton homme ».
Le tournoi se déroulait sur un pré comme autrefois. Pas de tapis mousse : uniquement de la sciure de bois pour délimiter la zone de combat. Toujours selon la tradition, les athlètes ont prêté serment en début d'après-midi de lutter " sans traitrise ni brutalité" et en témoignage de leur sincérité, ils se sont serré la main et donné l'accolade.



2010 : le serment des lutteurs
La relève est-elle assurée ?


Le serment des lutteurs



 Les lutteurs sont disposés en deux colonnes qui se font face. Ils ont le bras droit fléchi à hauteur de l’épaule pendant que le serment est prononcé, d’abord en breton puis en français. A la fin de celui ci, ils font l’accolade au lutteur situé en face d’eux.



M’hen tou da c’houren gant lealded
Hep trubarderez na taol fall ebet
Evit ma enor ha hini ma bro
E testeni eus ma gwiriegez
Hag evit heul kiz vad ma zud koz
Kinnig a ran d’am c’henvreur ma dorn ha ma jod.


Sa traduction en français


Je jure de lutter en toute loyauté
Sans traîtrise et sans brutalité
Pour mon honneur et celui de mon pays
En témoignage de ma sincérité
Et pour suivre la coutume de mes ancêtres
Je tends à mon adversaire ma main et ma joue.

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