Le boulanger du quartier



Il n’y a plus qu’un seul boulanger à exercer en zone rurale sur la commune, au Bel-Air, route de Bannalec. Au milieu du XXe siècle, on faisait le pain à Saint Guénolé, Miné Tréouzal, Coadry et Kerédec  où nous avions rencontré le boulanger en 1978.
La boulangerie de Félix Le Fur était une affaire familiale. Le four datait de 1921 et avait été refait en 53. C'était l'un des derniers fours de la commune qui ne soit pas à la vapeur. Ce four a d'abord cuit le pain au feu de bois : « II nous fallait 5.000 fagots par an et des cordes de bois, puis on a chauffé le four au charbon et maintenant c'est par le mazout ».

Les clients apportaient leur pâte

 

 C’est après la première guerre que les boulangers se sont installés et que la cuisson du pain au four du village a disparu peu à peu. Mais une partie de la tradition s'est longtemps maintenue : « Les clients amenaient la pâte qu'ils avaient faite à la maison pour la cuire. Chacun avait son jour pour cuire son morceau ».

L'âge d'or des boulangeries de campagne : après la seconde guerre, surtout l'été, quand la saison des petits pois, des haricots battait son plein. Les saisonniers prenaient leur pain  «  barenn pevar lur » avant de se rendre au champ, en passant devant la boulangerie, ou bien le soir en rentrant à la maison.
C'est à partir de 1965 que la baisse des ventes s'est fait sentir et a occasionné la fermeture de quelques boulangeries de campagne : « Dans telle ferme, en 1950, il y avait sept commis et deux bonnes, dans telle autre deux commis et une bonne.  Il y une centaine de personnes de moins à nourrir aujourd’hui »
Outre la diminution de la population rurale, le développement des voitures, les livraisons à domicile ont précipité le déclin des boulangers de campagne. Des dépôts de pain fabriqués au bourg ont vu le jour dans différents quartiers. Les camions magasins distribuant l'épicerie dans les fermes  livraient aussi le pain. Il y avait  même un camion magasin d'aliments du bétail qui livrait du pain dans les villages...


Derrière Félix Le Fur, le brûleur à mazout qui servait à chauffer le four
Pains de 2 et pain de 3...

   Une clientèle d’habitués

 « Les gens ne viennent pas chercher le pain de bonne heure, il faut d'abord s'occuper des bêtes à la ferme. Ils viennent quand ils le peuvent, l'après-midi et même le soir. L'été, il y a en plus les touristes de passage pour qui il est parfois plus facile de repérer une boulangerie à la campagne qu'au bourg. »

Ce qui se vend le plus, c’est le pain de 2 livres, et ensuite le pain de 3 livres et  la baguette : «  On ne fait plus de pains de 6 ou 4 livres. Par contre, sur demande, on fait le pain de ménage, en forme de boule ».
Les boulangeries de campagne ont presque toujours été associées à un autre commerce : épicerie, débit de boisson, boucherie... En prenant son pain, on choisit des fruits, des conserves ou bien on trinque avec un autre client que l'on connaît. Cela permet au boulanger d'arrondir ses fins de mois. Déjà à cette époque , le boulanger rural se sentait mal apprécié, comme une sorte de « maison de dépannage » où l'on vient quand il manque quelque chose au dernier moment, car les gens ont pris l'habitude de faire leurs achats au bourg.

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